Arbitrum (ARB) : Analyse du leader des L2 Ethereum
Présentation, forces, faiblesses, opportunités, etc. L'étude indépendante du projet Arbitrum et son token ARB par notre équipe d'analystes.
Ce qu'il faut savoir 🐳
Arbitrum est le leader de la finance décentralisée sur les couches 2.
Cette position attire de nombreux utilisateurs et de nouvelles applications, créant ainsi une forme de cercle vertueux.
Arbitrum fait face à une multiplication de la concurrence, notamment Base qui est largement soutenue par Coinbase.
Le projet se décentralise progressivement et prépare de nombreuses mises à jour ambitieuses.
Présentation générale 🧬
Arbitrum est un rollup d'Ethereum lancé fin août 2021.
Il s'agit donc de l'un des premiers rollups.
Un rollup est un type de layer 2 qui, dans sa version finale, hérite entièrement de la sécurité de son layer 1, tout en permettant d'augmenter le débit des transactions et de réduire drastiquement leur coût.
Arbitrum est actuellement le premier layer 2 en termes de valeur verrouillée et d'activité. Il est fortement marqué par la finance décentralisée (DeFi) puisque la plupart des applications DeFi de l'écosystème Ethereum sont également déployées sur Arbitrum, d'autant plus qu'Arbitrum possède de nombreuses applications qui lui sont propres.
En mars 2023, Arbitrum a réalisé un airdrop de son token ARB aux premiers utilisateurs de son réseau.
Même après l'airdrop, l'activité sur le réseau a continué à augmenter, indiquant un écosystème réellement attractif, non envahi par des utilisateurs mercenaires.
Financement 💰
Offchain Labs, la société américaine qui développe Arbitrum, a été fondée en 2018 et a levé un total de 123,7 millions de dollars.
Elle a levé 3,7 millions de dollars lors d'un financement initial ("seed") le 3 avril 2019, auprès de Pantera Capital et Compound VC.
En 2021, ils ont levé 20 millions de dollars lors d'une série A et 100 millions de dollars lors d'une série B. Ces dernières ont été réalisées avec la participation de Lightspeed Ventures, Pantera Capital et Polychain Capital.
Ainsi, le projet a reçu le financement de la plupart des fonds de premier plan de l'écosystème.
Équipe 👾
La majeure partie de l'équipe est basée aux États-Unis.
Steven Goldfeder est le PDG d'Offchain Labs. Avant cela, il travaillait sur son doctorat en informatique à l'université de Princeton tout en effectuant des stages d'ingénieur chez Microsoft et Google.
Harry Kalodner est le directeur technique d'Offchain Labs. Lui aussi a obtenu son doctorat en informatique à l'université de Princeton et a travaillé en parallèle comme ingénieur chez Apple.
Ed Felten est le directeur scientifique d'Offchain Labs. Il est professeur d'informatique à l'université de Princeton depuis 1993 et a également occupé le poste de Directeur adjoint de la technologie à la Maison Blanche.
Fonctionnement ⚙️
Les transactions d'un rollup sont exécutées en dehors du réseau Ethereum pour contourner ses limites, permettant ainsi un débit plus élevé et des coûts réduits. Les données de ces transactions sont ensuite compressées et publiées sur Ethereum.
Un layer 2 "optimiste", comme Arbitrum, suppose par défaut que toutes les transactions effectuées sur son réseau sont correctes, sans chercher à prouver leur validité.
Toutefois, il y a une période de sept jours pendant laquelle une preuve de fraude peut être soumise pour annuler une transaction malhonnête. Par conséquent, il faut attendre la fin de ce délai pour considérer qu'une transaction est officiellement finalisée.
Il faut noter que ce système n'est pas encore entièrement opérationnel sur Arbitrum. Actuellement, seul un nombre limité d'acteurs peuvent soumettre une preuve de fraude, mais l'objectif final est de permettre à tout le monde de le faire.
Chaque rollup a un séquenceur qui ordonne, exécute et publie les transactions sur Ethereum. Le séquenceur recueille tous les frais de transaction payés par les utilisateurs et utilise une partie pour couvrir les frais d'Ethereum.
Ainsi, les frais collectés par le séquenceur dépassent ses dépenses, ce qui permet à Arbitrum de générer des profits grâce à l'activité sur son réseau.
Contrairement à la plupart des autres layers 2, les profits générés par le réseau Arbitrum sont envoyés à la trésorerie de la DAO. Actuellement, il y a 44,5 millions de dollars en ETH dans la trésorerie.
Le token ARB 🪙
Il y a un total de 10 milliards d'ARB, dont 2,9 milliards sont en circulation.
Actuellement, le ARB est uniquement un token de gouvernance.
Les détenteurs de ARB votent pour les propositions liées aux mises à jour d'Arbitrum et à la gestion de la trésorerie de la DAO. Il est également possible de déléguer ses ARB à des représentants.
Comme la plupart des tokens de layers 2, le ARB ne capte pas la valeur générée par le réseau. Toutefois, cela pourrait changer dans les mois ou années à venir lorsque le séquenceur sera décentralisé.
La distribution des tokens de l'équipe d'Offchain Labs (27% des ARB) et des investisseurs privés (17,5% des ARB) a commencé en mars 2024, créant une forte augmentation de la quantité de tokens en circulation. Cette distribution continuera jusqu'en mars 2027.
La DAO possède 3,16 milliards d'ARB, soit environ 31% des tokens, ce qui équivaut actuellement à 2,78 milliards de dollars. En plus, il y a 44,5 millions de dollars d'ETH, qui représentent les bénéfices générés par le réseau.
La DAO finance des opérations pour promouvoir l'activité on-chain, notamment en offrant des ARB aux protocoles sélectionnés du réseau Arbitrum.
Récemment, la DAO a voté pour le lancement du Gaming Catalyst Program, un programme qui vise à investir 225 millions d'ARB pour dynamiser le secteur du jeu sur le réseau. Ce vote a été vivement critiqué par une partie de la communauté, car il représente une dépense considérable pour développer un secteur qui a connu de nombreux échecs jusqu'à présent.
Contrairement à la plupart des autres layers 2, la gouvernance d'Arbitrum est réalisée on-chain. Cela signifie qu'une décision votée par la DAO n'a pas besoin d'être validée et mise en œuvre par une entité extérieure.
Il y a un Conseil de sécurité composé de 12 membres, divisé en deux groupes de 6 membres. Des élections ont lieu tous les six mois, où les membres de l'un des deux groupes sont remplacés par un vote des détenteurs d'ARB. Ainsi, chaque groupe reste en place pendant un an. Voici la liste actuelle.
Le Conseil de sécurité peut mettre à jour le protocole sans délai en cas d'urgence si 9 des 12 membres approuvent cette décision.
Ainsi, Arbitrum se distingue actuellement comme l'un des layers 2 dont la gouvernance est la plus décentralisée, voire la plus avancée dans ce domaine. Bien sûr, Offchain Labs joue encore un rôle très important dans le développement d'Arbitrum.
Roadmap et route vers la décentralisation 🏁
Arbitrum collabore avec Espresso, un marché de séquençage partagé et sécurisé par Eigen Layer, pour décentraliser son séquenceur. Cela permet d'améliorer sa résistance à la censure tout en préservant la faible latence et le haut débit de transaction https://research.arbitrum.io/t/the-power-of-faster-blocks/9609.
Arbitrum travaille également à l'implémentation de BoLD. Cela permettra à quiconque de soumettre des preuves de fraude.
De plus, Arbitrum développe Stylus, qui permettra au réseau de supporter différents langages de programmation tels que Rust, C, C++ en plus de Solidity. Ceci offre plus de choix aux développeurs d'applications, d'autant plus que ces langages pourraient être jusqu'à 10 fois plus performants.
Ecosystème 💪
Le succès d'Arbitrum est principalement attribué au développement de la finance décentralisée, en particulier le trading de produits dérivés.
GMX, un DEX de produits dérivés lancé sur Arbitrum en 2021, a largement contribué au développement de la DeFi. Il a offert une résilience considérable pendant le marché baissier de 2022 et 2023.
Vertex est également un DEX de produits dérivés avec une activité importante.
Pendle (lire notre analyse), un protocole qui permet le trading des rendements de cryptos, joue également un rôle crucial dans la DeFi sur Arbitrum.
AAVE est le protocole de prêt le plus important sur Arbitrum.
Offchain Labs a également développé Arbitrum Nova, une autre couche 2 dont l'architecture privilégie la performance plutôt que la sécurité, dans le but de développer des applications liées au gaming.
Enfin, Arbitrum comprend plusieurs couches 3 qui se concentrent principalement sur les NFT et le gaming, comme MXC, Sanko et Rarichain. Ces projets sont pour la plupart encore très récents, il est donc recommandé de bien se renseigner avant d'y investir des fonds.
Concurrence ⚔️
Arbitrum, Optimism et Polygon ont développé des outils de développement qui, couplés avec des fournisseurs de "rollups-as-a-service" comme Conduit, ont grandement facilité le lancement de layers 2 et 3.
La multiplication de ces blockchains conçues pour alléger Ethereum crée une compétition de plus en plus féroce. Il y a assez peu de différences fondamentales entre elles, si ce n'est les applications qu'elles possèdent et la liquidité qui y est déposée.
Le rival historique d’Arbitrum est Optimism. Pendant longtemps, Optimism n'avait pas implémenté les preuves de fraude qui sont censées sécuriser sa chaîne, mais cela a récemment changé puisque le système est enfin en place et n'importe quel acteur peut en soumettre.
Les deux semblent s’orienter vers des stratégies différentes. En effet, Arbitrum ne pousse pas vraiment l’idée d’un écosystème multichain tandis qu'Optimism insiste sur sa Superchain, grandement aidée par la participation de Base qui possède une très forte traction depuis quelques mois. Base a même dépassé Optimism en terme de valeur verrouillée (TVL).
Base bénéficie d’une très forte exposition grâce à Coinbase. Le réseau attire de plus en plus d’utilisateurs et d’applications et une forte activité autour des memecoins se développe en parallèle. Base est actuellement le layer 2 avec le plus de transactions par seconde.
Arbitrum arrive en seconde position en terme de transactions par seconde, mais est de loin le layer 2 avec la plus faible latence, ce qui est une caractéristique très importante en DeFi.
Blast opte pour une stratégie plus agressive avec un système d’airdrop à points, des rendements natifs sur la plupart des cryptos de la chaîne et un écosystème d’applications qui partagent cette image.
Polygon (lire notre analyse) et zkSync (lire notre analyse) semblent s’orienter vers des directions similaires : créer un écosystème de layers 2 basés sur la technologie ZK avec un bridge unique couplé à un système d’agrégation de preuves afin de créer une interopérabilité grandement améliorée et résoudre la fragmentation de la liquidité entre les chaînes. Cette vision semble plus prometteuse sur le long terme, mais prend du temps avant de se déployer pleinement.
Ci-dessous une comparaison de l’évolution de la valeur bloquée sur ces projets.
Réglementation ⚖️
Le cadre européen des crypto-actifs ne pose pas de problèmes particuliers pour Arbitrum. Cependant, il existe encore des incertitudes aux États-Unis, car le projet a levé des fonds en échange de son token auprès de fonds de capital-risque américains.
Cela pourrait requalifier le projet en émission illégale de titres financiers, d'autant plus que sa start-up, Offchain Labs, joue encore un rôle important dans le développement.
Pour éviter d'éventuelles poursuites aux États-Unis, Arbitrum a tout intérêt à accélérer sa décentralisation.
L'analyse marché de Chadi El Adnani, Head of Content & Research de SUN ZU Lab 📈
Le prix du ARB a chuté de 40% depuis le début de l'année, se négociant actuellement autour de 0,8 dollar. Les volumes quotidiens ont également diminué de moitié par rapport aux niveaux des trois premiers mois de l'année, dépassant rarement les 200 millions de dollars depuis avril.
Comparativement, OP (Optimism) a chuté de 52% depuis le début de l'année, tandis que BTC et ETH ont augmenté de 60% sur la même période. Les deux leaders des Layer 2 n'ont pas profité de l'augmentation liée aux annonces de la validation des ETFs spot ETH fin mai. Cependant, la TVL sur Arbitrum a augmenté de 25% depuis le début de l'année, selon les données de DefiLlama.
Il est important de noter qu'Arbitrum a mis en circulation l'équivalent de 2,32 milliards de dollars en tokens ARB le 16 mars 2024, et la capitalisation boursière a augmenté du même montant avant de presque entièrement disparaître depuis. La communauté craignait alors l'impact que cette distribution massive pourrait avoir sur le prix de l'ARB. En effet, les 1,1 milliard de tokens représentaient 76% de l'offre en circulation.
Où peut-on acheter le token ARB ? 🛒
Le jeton ARB est disponible sur la plupart des grandes plateformes d'échange centralisées réglementées en Europe, telles que Binance ou Coinbase. Il est également disponible sur les protocoles d'échange décentralisés, comme Uniswap.
L'avis de The Big Whale 🐳
Arbitrum est un des pionniers parmi les couches 2 (layers 2) et demeure le leader en termes de valeur verrouillée et d'innovations en DeFi. Cette position profite à Arbitrum, qui se retrouve dans un cercle vertueux attirant toujours plus de liquidités et d'applications.
Actuellement, le modèle des couches 2 optimistes est le plus attractif et devrait le rester pendant un certain temps. Cependant, les avancées rapides de la technologie zero-knowledge finiront par renverser cette tendance, permettant une meilleure interopérabilité entre les couches 2.
A terme, Arbitrum devra évaluer sa capacité à migrer vers la technologie ZK lorsqu'elle sera plus mature.
Jusqu'à présent, les tokens de gouvernance des couches 2 ont affiché des performances médiocres car ils ont peu d'utilité réelle et ont été lancés à des valorisations très élevées. De plus, les tokens des investisseurs privés se débloquent progressivement, ajoutant une pression vendeuse importante.
Petit à petit, les couches 2 d'Ethereum progressent vers la décentralisation et attirent toujours plus de liquidité. Parallèlement, leurs tokens gagneront progressivement en utilité et capteront tôt ou tard une partie de la valeur générée par le réseau.
Il n'est donc pas impossible que la dynamique des tokens de couches 2 finisse par s'inverser, ce qui profiterait aux tokens des couches 2 de premier plan tels que ARB.
Avant d’investir dans un produit, l’investisseur doit comprendre entièrement les risques et consulter ses propres conseillers juridiques, fiscaux, financiers et comptables.