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Bear Market : ces entreprises crypto qui défient les lois de la gravité

Bear Market : ces entreprises crypto qui défient les lois de la gravité

Bear Market : ces entreprises crypto qui défient les lois de la gravitéBear Market : ces entreprises crypto qui défient les lois de la gravité

Alors que la plupart des entreprises crypto sont pénalisées par le contexte économique, certaines, comme Cross The Ages, Flowdesk ou Kiln, continuent de se développer. Nous avons cherché à comprendre comment elles ont réussi à le faire. Dix témoignages à ne surtout pas manquer 🔥.

Si vous parlez avec un entrepreneur de l’univers crypto, il vous dira sûrement que la période est difficile, et il a totalement raison.

Depuis un an et la chute de FTX, tous les voyants de l’industrie sont au rouge : les cours, les investissements, l’intérêt du grand public... Tout a baissé 🙃.

Tandis que certains “petits” acteurs - comme Kanji - ont mis la clé sous porte, d’autres ont réduit la voilure pour s’adapter. C’est le cas de Coinhouse, Ledger, OpenSea et tant d’autres.

Mais dans ce contexte, certains arrivent quand même à surnager, et même à se développer (oui oui c’est possible). Nous avons interrogé leurs patrons pour comprendre pourquoi et surtout comment ils avaient réussi à faire cela.

Petit spoiler : toutes les entreprises que nous avons interrogés ont au moins 2 points commun. Saurez-vous deviner lesquels ? 😏

👉 Bitstack (application d’investissement dans le bitcoin lancée en 2022)

Alexandre Roubaud (CEO) : “Il y a plusieurs éléments qui expliquent que nous allons bien, mais je pense que le plus important c’est le fait d’avoir développé une solution grand public qui permet à une cible non-experte de rentrer dans la crypto.

Nous avons une proposition de valeur très claire avec un compte épargne en bitcoin. Cette stratégie nous a permis d’aller toucher un public plus traditionnel et bancarisé qui peut s’y exposer de manière simple, quelle que soit la situation sur les marchés. L’arrivée d’investisseurs néophytes qui cherchaient une sorte de Livret A crypto, a d’ailleurs fortement compensé la perte d’utilisateurs plus crypto-natifs.

Nous avons un panier moyen de 100 euros par mois par utilisateur, et ça ne cesse de progresser. Nous avons une vraie récurrence, ce qui n’est pas le cas des Exchanges qui ont vu leur volume fortement baisser à cause de la volatilité et de la baisse des cours. Nous faisons en moyenne 15% de croissance par mois sur notre nombre d’utilisateurs actifs ; idem sur les volumes. Nous avons aujourd’hui plus de 50.000 comptes actifs.

Se lancer pendant le Bear Market a presque été une chance parce que nous avons appris à faire plus avec moins pour conserver le cash. Nous n’avons jamais été dans l’euphorie. Nous sommes neuf dans l’entreprise, et nous recrutons vraiment lorsque c’est absolument nécessaire. Même si nous avons levé deux fois 1 million d’euros, nous sommes très attentifs sur les dépenses, notamment sur ce que nous investissons dans l’acquisition clients."

👉 Cross The Ages (jeu de cartes lancé en 2023)

Sami Chlagou, (CEO) : “Notre succès n’est pas vraiment un hasard. Nous avons créé la société en 2020 avec l’ambition de bâtir un véritable univers. Ce n’est pas simple parce qu’il faut réussir à réunir les meilleurs auteurs et dessinateurs, et c’est ce que nous avons fait avec des génies de la science-fiction comme Pablo Servigne et Alain Damasio. Nous venons même de signer avec Hachette la sortie d’un livre en 14 langues, et il y a une énorme attente.

Le jeu Cross The Ages a été lancé cette année, en plein Bear Market, et pourtant nous avons déjà vendu 21 millions de cartes, et leur valeur ne cesse de progresser. Le jeu a un succès fou, nous sommes déjà rentables avec une société de 80 personnes, dont 70 en France. Nous avons embauché un peu plus de 20 personnes rien que cette année.

L’une de nos autres forces, c’est que nous ne sommes pas un jeu “Web3” ou “crypto”, nous ne sommes pas corrélés au marché. Nous utilisons les technologies blockchain, mais c’est secondaire par rapport à l’histoire et au gameplay. Nous avons 60.000 joueurs mensuels. Notre objectif est de multiplier ce chiffre par 10 dans les mois qui viennent.

👉 Taurus (plateforme de services cryptos pour les institutions financières lancée en 2018)

Lamine Brahimi (CEO) : “Nous sommes 4 co-fondateurs, dont 3 avec une solide expérience dans le secteur financier traditionnel. Dès notre lancement en 2018, nous avions la conviction que le développement de l’industrie crypto passerait en grande partie par la tokenisation des actifs non cotés.

Nous avons anticipé les besoins spécifiques du marché en construisant et en faisant évoluer constamment notre produit. Si la tokenisation des actifs est aujourd’hui une évidence, nous sommes partis de loin : il y a deux ans, seulement 10% de nos clients utilisaient notre plateforme pour tokeniser des actifs. Aujourd’hui, 80% le font 🚀.

Le fait de s'être positionné très tôt nous a aussi permis de construire une réputation solide sur le long terme en ne dépensant pas trop d’argent en marketing. Au-delà de cela, nous ne faisons pas partie de ces start-up qui dépensent leur argent sans compter. Nous sommes très prudents, ce qui fait qu’en période plus difficile, nous avons les moyens pour investir.

Actuellement, notre chiffre d'affaires affiche une croissance à deux chiffres. L’année dernière, nous avions trois bureaux uniquement en Suisse. Aujourd’hui, nous en avons sept dont un en Allemagne, en France, au Royaume-Uni et aux Emirats Arabes Unis. Il y a deux ans, nous étions une trentaine dans l’entreprise. Aujourd’hui, nous sommes plus de 80."

👉 Meria (plateforme d'investissements cryptos lancée en 2017)

Thibault Boutrou (COO) : “Meria (ex-Just Mining) va bien, nous sommes à l’équilibre, et je vois plusieurs explications à cela : la première, c’est évidemment l’expérience. Nous sommes là depuis 2017, donc nous savons comment gérer à la fois opérationnellement et psychologiquement ce genre de phase compliquée.

Nous savions que le Bull Market n’allait pas durer éternellement, donc nous n’avons pas embauché de manière trop massive. Nous connaissons notre marché, et ce n’est pas parce qu’il y a une hausse des marchés (2020-2021, ndlr) qu’il faut dépenser sans compter. C’est aussi une histoire de gestion des ressources.

La deuxième explication, c’est que nous avons une double activité. En façade, nous sommes une société d’investissement, mais derrière nous sommes surtout une entreprise technologique, et même en Bear market il se passe des choses, les protocoles évoluent, donc on continue de travailler, notamment sur les infrastructures.

La troisième explication est liée à notre modèle de croissance. En six ans, nous n’avons jamais levé des fonds. Nous avons fait un petit tour cet été, mais sinon nous avons toujours eu une approche assez prudente, avec la volonté de maîtriser à la fois notre capital et notre rythme de croissance tandis que d'autres ont beaucoup de mal à le faire.

Cette année, nous avons recruté un peu moins d’une dizaine de personnes. Nous sommes 40 dans l’entreprise, et il y a encore six postes ouverts.

👉 Flowdesk (market maker crypto lancé en 2020)

Guilhem Chaumont (CEO) : “Je dirais qu’il y a deux choses. La première, c’est l’équipe. C’est très bien d’avoir le meilleur produit, mais dans un contexte macro compliqué, c’est aussi très important d’avoir la bonne équipe. C’est la loi du chaos : quand le contexte est compliqué, les gens se révèlent, et c’est là que tu vois qui est important. Il faut un alignement total sur la vision et les objectifs de chacun dans la société. C’est fondamental.

La seconde chose, c’est que nous faisons tout pour nous décorreler du marché, à la fois en termes de mindset et de business, ce qui est assez paradoxal pour des market makers qui ont les yeux rivés toute la journée sur les chiffres du marché.

Mais cet état d'esprit est super important. Je ne cesse de le répéter, nous n’avons pas de tokens, nous ne sommes pas sur Twitter, nous sommes focalisés sur un produit qui est utilisé en Bear ou en Bull Market. Les entreprises qui ont le mieux marché depuis un an sont celles qui ont été les moins opportunistes et qui se sont focalisées sur le long terme.

Notre pari c’est que l’univers crypto et la finance traditionnelle vont se rapprocher. Nous voulons devenir le JP Morgan de la crypto. La chute de FTX a beaucoup impacté nos concurrents, mais pas nous, tout simplement parce que nous faisons du market making as a service, et pas du market making en direct où nous investissons notre propre argent.

C’est moins rentable lorsque les tokens s’envolent, mais c’est beaucoup plus résiliants, et surtout nous sommes moins chers vu que nous n’apportons pas le capital. C’est intéressant en Bear et en Bull Market.

👉 Finary (application de gestion de patrimoine lancée en 2021)

Mounir Laggoune (CEO) : “Nous avons suivi l’adage selon lequel, lorsque l’argent est disponible, il faut le prendre et ensuite retourner au travail.  En 2021, nous avons enchaîné les levées de fonds. Depuis 18 mois, nous sommes très frugaux en prenant le temps de bien recruter et surtout de développer notre produit. Sur ce point, nous avons fonctionné dès le départ avec un abonnement payant, ce qui a permis de générer du revenu avec nos utilisateurs.

Nous nous sommes également efforcés de penser long terme. C’est ce que nous avons fait en décidant il y a un an et demi de lancer une offre d’investissement crypto qui est disponible pour nos clients depuis quelques semaines. L’intérêt pour nous était d’être prêt lorsque le marché repartirait. Le danger lorsque vous faites évoluer votre produit, c’est de s’éloigner trop rapidement de son cœur de métier, à savoir pour nous la gestion de patrimoine.

Pour reprendre l’exemple de la crypto, nous n’offrons que de l’investissement au comptant. Le risque est de vouloir attirer tous types d’investisseurs. En réalité, ce sont des stratégies qui peuvent rapidement s’avérer coûteuses et pas forcément rentables. Dans notre cas, nous nous adressons à un public de primo-investisseurs prêts à déposer plusieurs milliers d’euros dès le premier dépôt chez nous.

Il y a un an, nous étions 8 dans l’entreprise. Aujourd’hui, nous sommes une trentaine avec un nombre d’utilisateurs qui est passé de 30.000 à 250.000 sur la même période.”

👉 Trade Republic (plateforme d'investissement financier lancée en 2015)

Matthias Baccino (responsable des marchés européens) : "Nous ne communiquons pas sur tous nos chiffres parce que nous ne sommes pas cotés en Bourse, mais Trade Republic se porte très bien parce que nous avons fait deux choix forts. Le premier était d'adapter notre modèle au contexte économique. Dès avril 2022, c'est-à-dire il y a 18 mois, nous avons réduit les coûts, notamment sur le marketing, arrêté d'embaucher, alors même que nous avons levé 900 millions d'euros en 2021, et que Trade Republic est profitable. On ne le répète jamais assez, mais nous gagnons de l'argent avec un peu plus de 500 salariés.

Le second, c'est notre stratégie produit. Nous avons mis le paquet sur les ETF et l'investissement programmé, en actions et en crypto (Bitcoin et Ethereum), ce qui nous permet d'avoir une activité contra-cyclique. Notre activité ne dépend d'aucune hype comme les NFTs ou les Meme stocks.

Nous n'avons pas besoin que les marchés s'emballent pour que nos clients veuillent investir sur des ETF en Dollar-Cost Averaging (investissement programmé, ndlr). Cela fait vraiment partie de notre culture et de notre vision à long terme sur l'investissement. Paradoxalement, notre modèle ne nous empêche pas du tout de permettre à nos clients de faire du trading actif, bien au contraire. C'est d'ailleurs ce que nous observons depuis quelques semaines, surtout sur les cryptos."

👉 FeverTokens (plateforme de smart contract à destination des entreprises lancée en 2022)

Zakaryae Boudi (CEO) : “Chez FeverTokens, nous considérons que les infrastructures financières seront de plus en plus open-source. C’est notre conviction sur le long terme et c’est ce qui drive notre business.

Depuis notre lancement en mars 2022, nous avons refusé beaucoup de projets, notamment dans les NFT ou l’intelligence artificielle, qui ne collaient pas à cette vision. C’est compliqué de s’y tenir, parce que nous avons dû refuser de l’argent, mais c’est aussi ce qui fait notre succès.

Comme nous sommes encore une petite équipe de 7, il est essentiel de ne pas s’éparpiller en restant focaliser sur notre coeur de métier à savoir la conception de smart contracts pour les acteurs de la finance. Il ne faut pas hésiter à être très exigeant dans le choix de ses clients. Nous ne privilégions que les projets les plus complexes à réaliser techniquement.

Cette ligne de conduite a poussé des banques comme Société Générale ou Crédit Agricole à venir travailler avec nous. Lorsque vous avez un positionnement exigeant et clairement identifié, la réputation suit rapidement. Depuis la révélation des partenariats avec ces banques, nous avons beaucoup de demande. Depuis le début de l’année, nous avons une croissance trimestrielle de près de 200% du nombre de nos utilisateurs et nous allons doubler les effectifs dans les mois à venir.”

👉 Kiln (plateforme de staking lancée en 2018)

Duncan Hoffman (responsable revenus) : “Nous surfons évidemment sur la vague du staking qui connaît un succès exponentiel depuis la mise à jour d'Ethereum en 2022. En un an, nos revenus ont été multipliés par 5 et notre base de clients ne cesse de croître. Lorsque vous êtes sur un marché avec une telle croissance, le danger est de se contenter de surfer sur la vague et de ne pas chercher à se démarquer de la concurrence.

Pour continuer à être performant, nous avons deux principes. Le premier, c’est que nous nous adaptons en permanence à nos clients (entreprises) avec une approche très technologique. Le second, c’est que nous avons un niveau d’exigence particulièrement élevé, surtout d’un point de vue technique.

Faire évoluer la culture d'entreprise est également essentielle, particulièrement quand vous connaissez une croissance importante comme la nôtre. Avant le Bear Market, nous étions une petite entreprise, et aujourd'hui, nous sommes plus d'une cinquantaine. Nous avons fait évoluer l’organisation et les processus internes.

👉 Bigblock Datacenter (société de minage de bitcoin créée en 2017)

Sébastien Gouspillou (CEO) : "Globalement, nous avons deux activités dans lesquelles nous avons acquis un vrai savoir-faire : l’exploitation de minage de bitcoin et la vente de machines de minage. Aujourd’hui, nous avons une solide réputation, ce qui nous permet, chaque année, de gagner de nouveaux clients et de trouver de nouvelles installations pour nos fermes.

Le minage de Bitcoin, c’est surtout une affaire d’expérience. 2018 a été une année charnière parce que nous avons connu un Bear Market très dur. Mais cela nous a aussi appris beaucoup de choses, et notamment le fait que les mineurs de bitcoin ne maîtrisent rien, si ce n’est le prix de leur électricité. Et comment avoir l’électricité la moins chère et au prix le plus stable ? En minant à partir de surplus électrique issu d’énergie renouvelable.

C’est ce que nous faisons depuis maintenant plusieurs années, et cela nous permet de ne quasiment pas avoir besoin de nous préoccuper du cours du Bitcoin. En 2023, notre chiffre d’affaires a progressé d’environ 40 % par rapport à l’année dernière qui était déjà historique pour nous. Aujourd’hui, nous sommes une cinquantaine à travailler dans l’entreprise.

Alors, vous avez les points communs ? N’hésitez pas à nous les envoyer (notamment dans le Discord) et à partager l’info autour de vous 😎.

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