Malgré son aspect prévisible, le halving du bitcoin nécessite une gestion d'orfèvre de la part des mineurs pour s'adapter à la réduction monétaire du protocole. D'autant que celui de 2024 devrait être très différent des précédents.

Réglé comme une horloge suisse, le Bitcoin va connaître le 4ème halving de son histoire le 19 avril, un événement qui survient tous les 210.000 blocs, c'est-à-dire environ tous les quatre ans (vous pouvez suivre le compte à rebours en direct ici).

Lorsqu'il aura lieu, l'émission de nouveaux bitcoins sera divisée par deux, faisant passer la récompense des mineurs de 6,25 à 3,125 bitcoins par bloc miné (environ toutes les dix minutes).

Forcément, cet événement est scruté de près par les mineurs car il va nécessiter une adaptation économique de la part de ces acteurs au cœur de l'infrastructure.

👉 Une multiplication des coûts par 2 pour les mineurs

"La division par deux de la récompense signifie que les coûts des mineurs vont mécaniquement doubler", explique Romain Nouzareth, cofondateur de SATO Technologies, une entreprise de minage basée au Canada et cotée sur la Bourse de Toronto. "Ce bouleversement est généralement absorbé par la hausse du cours qui a toujours accompagné le halving, mais comme celle-ci n'est jamais garantie, il faut être capable d'anticiper toutes les situations", prévient-il.

En effet, chaque halving (2012, 2016 et 2020) a toujours été suivi par une importante envolée des cours quelques mois plus tard, mais celle-ci est impossible à prévoir car cela dépend de l'appétit des investisseurs.

Pour de nombreux mineurs, l'objectif est donc d'améliorer leur compétitivité via l'acquisition de nouvelles machines dernier cri, capables de miner plus de bitcoins que leurs concurrents. Cela explique en partie la progression du hashrate lors des mois précédant le halving, signe que la compétition entre les mineurs augmente avant celui-ci.

Le hashrate désigne la puissance de calcul déployée par l'ensemble des mineurs sur le réseau.

"Ce renouvellement du parc de machines envoie un bon signal au marché pour des entreprises cotées comme Marathon et contribue à rassurer les investisseurs", analyse Saimi Barragan, patron de Startmining, une société de minage basée en France.

👉 Les mineurs connectés à des sources d’énergie renouvelable boostent leur compétitivité

Le marché secondaire voit alors affluer un nombre important de machines d'occasion. Une aubaine pour les mineurs qui disposent d'un tarif de l'électricité attractif (comme lorsqu'elle est issue de sources renouvelables comme celles des barrages hydroélectriques). Ces derniers peuvent ainsi continuer à miner tout en restant rentables, même s'ils n'ont pas les machines les plus performantes.

"Bien entretenu, un asic (les machines spécialement conçues pour miner des bitcoins, ndlr) peut durer jusqu'à 8 ans, voire plus avec les méthodes de recyclage qui se perfectionnent", explique Sébastien Gouspillou, PDG de BigBlock Green Services, une entreprise qui mine exclusivement à partir d'énergies renouvelables.

👉 Une baisse du hashrate généralement observée

Pour les mineurs qui ne parviennent pas à suivre la cadence, faute de capacité d'investissement pour acquérir de nouveaux asics et ne disposant pas d'une électricité abordable, c'est souvent le moment de quitter la compétition.

Cela a pour conséquence d'entraîner une chute momentanée du hashrate après le halving. Ces baisses ont respectivement été de 25% en 2012, de 11% en 2016 et de 25% en 2020, faisant le jeu des mineurs les plus compétitifs qui ont bien planifié le halving.

"Certains mineurs choisissent sciemment de débrancher leurs machines pour ne pas miner à perte pendant quelques mois. D'autres, souvent de nouveaux arrivants, sont obligés de fermer boutique car ils ont mal anticipé les effets du halving", insiste Romain Nouzareth. "Le halving peut également achever ceux qui sont déjà mal en point financièrement", ajoute-t-il.

👉 Un halving 2024 pas comme les autres

Mais le halving 2024 ne s'annonce pas comme les autres. En cause, l'approbation le 11 janvier des ETF Spot Bitcoin aux États-Unis qui a provoqué une importante demande pour cet actif et une hausse importante de son cours (+42% depuis cet événement).

"C'est la première fois que l'on observe une telle hausse avant le halving", remarque Sébastien Gouspillou. Ainsi, il est tout à fait possible que les nouvelles liquidités aient déjà été injectées dans le marché via les ETF, limitant l'impact haussier dans les prochains mois.

"Cette hausse précoce a permis de gagner du temps, mais il sera intéressant de voir comment le marché se comportera après ce halving qui ne sera de toute façon pas comme les autres", conclut Romain Nouzareth.

Cette analyse n'est pas un conseil en investissement. Elle a été rédigée sans prendre en compte votre situation personnelle et notamment votre situation financière, votre profil de risque et vos objectifs d’investissement.

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