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Web3, Bitcoin... Rencontre avec la "crypto-députée" argentine

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Web3, Bitcoin... Rencontre avec la "crypto-députée" argentineWeb3, Bitcoin... Rencontre avec la "crypto-députée" argentine

La députée argentine d'opposition (droite) Camila crescimbeni veut se servir des cryptos pour favoriser l'inclusion financière.

The Big Whale : L’Argentine est l’un des pays où l’écosystème crypto est le plus dynamique. Comment l’expliquez-vous ?

Camila Crescimbeni : Nous avons des développeurs très réputés, donc il y a beaucoup de projets cryptos qui se créent en Argentine. L’écosystème est dynamique. Mais il faut bien avoir en tête que le “succès” des cryptos est aussi fortement lié à la situation économique catastrophique du pays. Les Argentins n’ont aucune confiance dans leur monnaie. Ils veulent à tout prix se débarrasser du peso ce qui fait des cryptomonnaies une alternative idéale, notamment à Buenos Aires (notre reportage sur place). Et j’insiste sur Buenos Aires, parce que c’est surtout ici que l’on parle des cryptos. Si on va dans des régions plus reculées, beaucoup d’Argentins n’ont jamais entendu parler des cryptomonnaies. Peut-être du bitcoin, mais la majorité ne sait pas comment ça marche, ni à quoi cela sert. C’est encore très flou.

Et vous, comment vous êtes-vous intéressée aux cryptomonnaies ?

J’ai 32 ans, donc je suis une sorte d'enfant d’Internet. Pour moi, les cryptos sont quelque chose d’assez naturel et évident. Je vois d’ailleurs à quel point la différence d’âge peut jouer avec certains de mes collègues au Parlement qui négligent totalement ces sujets. Mais je m’y suis surtout intéressée car je travaille sur les sujets d’inclusion sociale et financière. En Argentine, une partie considérable de la population n’a pas de compte bancaire, ni de carte de crédit. Les banques sont trop chères, elles ne veulent pas des clients qui rapportent peu. Aussi, le pays est tellement grand que même si elles le voulaient, elles ne pourraient pas être présentes partout. Les principales victimes de cette situation sont les femmes, qui gagnent moins que les hommes. Il faut donc miser sur les cryptomonnaies pour les aider.

En quoi les cryptomonnaies peuvent-elles aider concrètement ?

Aujourd’hui quasiment tous les Argentins ont un smartphone, alors qu’on estime que seuls 65% de la population a un compte bancaire. Avec un smartphone, vous pouvez télécharger un portefeuille numérique ou une application. C’est gratuit et vous pouvez acheter, stocker vos cryptomonnaies et même emprunter de l’argent grâce à la finance décentralisée. Vous avez accès à des services financiers sans intermédiaire bancaire, c’est d’ailleurs pour cette raison que des applications d’achat et de vente de cryptomonnaies comme Lemon, Belo ou Ripio connaissent un tel succès.

Que pouvez-vous faire pour améliorer l’intégration financière des populations ?

Nous travaillons sur des projets de loi pour faciliter la bancarisation, mais nous ne pouvons pas tout changer d’un coup de baguette magique en forçant les banques. Le problème est beaucoup plus profond. Cela fait plus de 20 ans que ce pays va de crise en crise avec une monnaie qui perd sans cesse de sa valeur. Depuis 2002, le peso s’est effondré de 99%. Travailler avec les banques est donc une priorité, mais ce n’est pas le seul levier. Ce qu’il faut faire, c’est éduquer les gens. Nous avons une très mauvaise culture économique et financière en Argentine. Les gens savent que le peso ne vaut rien, mais ils ne comprennent pas pourquoi. Ils ne savent pas ce qu’est l’épargne, l’investissement. Il faut éduquer dès le plus jeune âge, dès le collège. Il faut que les jeunes Argentins comprennent le fonctionnement de l’économie et il faut aussi que le pays prenne le virage du Web3. Nous allons en débattre prochainement au Congrès.

"Prendre le virage du Web3 ?" Vous pensez que dans un pays où il y a 40% de pauvres, c’est la priorité ?

Oui parce que tout est connecté. Quand on parle du Web3, ce ne sont pas seulement des jeux en ligne ou des univers virtuels, ce sont aussi des nouveaux moyens de paiement et une nouvelle architecture financière. L’Argentine doit profiter de ces nouvelles technologies, des cryptomonnaies, pour remettre à plat son système. Cela fait des décennies qu’on essaye de régler les problèmes financiers avec les mêmes solutions. Imprimer de l’argent ne marche pas, contrôler les capitaux non plus. Il est temps d’essayer autre chose.

Récemment la plus grande banque argentine, Banco Galicia, a annoncé qu’elle voulait permettre à ses clients d’acheter et de vendre des cryptos. Comment interprétez-vous ce mouvement ?

C’est assez logique que les banques souhaitent autoriser l’investissement dans les cryptomonnaies, mais là nous parlons juste d’investissement et de placement, ce qui est important, mais pas suffisant. Les cryptos sont une nouvelle infrastructure. Bitcoin est un réseau et une monnaie. Les banques ont un rôle à jouer, mais elles ne sont pas la seule solution. Les Argentins doivent pouvoir tous avoir accès aux services financiers.

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