The Big Whale : En quelques jours, la SEC vient de prendre plusieurs décisions pénalisant les activités de staking et le secteur des stablecoins. Qu’en pensez-vous ?
Frank Desvignes : Ce n’est pas si étonnant. Il faut bien voir que nous sommes seulement quelques mois après le scandale de FTX qui est, faut-il le rappeler, un acteur américain. Donc le gendarme boursier américain veut durcir le ton.
Mais plus fondamentalement, ce qu’il se passe aux États-Unis montre à quel point c’est important d’avoir une régulation. Faute de règles claires, c’est le gendarme qui les définit au fur et à mesure et il n’y a aucune sécurité juridique.
Ces événements sont une opportunité énorme pour l’Europe. Beaucoup se plaignent de MiCA, et certains points posent effectivement des problèmes, mais globalement l’écosystème européen va disposer de règles claires.
D’autres régions du monde ne pourraient-elles pas aussi en profiter ? On pense notamment à l’Asie et au Moyen-Orient…
Si bien sûr. True Global Ventures est un fonds un peu spécial parce que nous sommes décentralisés. Les fondateurs (une quinzaine, ndlr.) sont répartis un peu partout sur la planète, ce qui nous donne une bonne visibilité du marché mondial, et effectivement il se passe des choses en dehors de l’Amérique du Nord et de l’Europe.
Envie de lire la suite ?
Seuls les abonnés premium ont accès à cet article !
Inscris-toi pour accéder au meilleur contenu, avoir des infos exclusives et rejoindre la communauté des baleines. 🐳
Abonnez-vous gratuitement pour lire la suite.
L’Asie est très dynamique. Il y a un appétit considérable pour les NFTs. En Corée du Sud, il y a une forte appétence pour tout ce qui est métavers. Un peu comme au Moyen-Orient. The Sandbox, dans lequel nous sommes investisseurs, vient d’ailleurs signer un partenariat avec l’Arabie Saoudite. Les choses bougent !
En parlant de TGV, comment va le fonds ? N’est-ce pas trop compliqué ces derniers mois ?
Au risque de vous choquer, nous allons bien. Pour nous, il y a beaucoup d’opportunités. Avec la chute des marchés, certains investisseurs qui ont sans doute pris trop de risques se retrouvent en difficultés et vont être contraints de céder des activités. Et je ne parle même pas de ceux qui avaient des investissements dans des entreprises comme FTX… Pour nous, c’est l’occasion de se positionner. Les dossiers ne manquent pas.
Vous pensez à quels dossiers ?
Je ne donnerais pas des bonnes idées à mes concurrents, mais il y en a ! Au-delà de ce genre de dossiers, il va aussi y avoir de la consolidation dans le secteur autour de quelques gros acteurs comme Animoca Brands (dont TGV est investisseur, ndlr.) qui sont en forme (grosses participations dans The Sandbox, Yuga Labs, etc.).
Animoca a levé avant que les marchés baissent et ils vont pouvoir déployer de l’argent. C’est l’un des grands vainqueurs de 2022.
Comment fait-on pour éviter les mauvais investissements ?
Chez TGV, nous avons une approche assez simple : nous n’investissons que sur des entrepreneurs expérimentés, sur des gens qui ont connu des crises, des périodes compliquées. Autrement dit, vous ne nous verrez pas miser sur un Sam Bankman-Fried (le fondateur de FTX, ndlr.).
L’autre point, c’est que nous investissons plutôt en “late stage” (lorsque les entreprises sont assez matures, ndlr.). Sur notre dernier fonds, nous avons fait 80% en late stage, ce qui est beaucoup moins risqué. Nous avons par exemple mis 30 millions de dollars sur Animoca Brands, et nous avons d’autres investissements dans les tuyaux.
Quelles sont les grandes tendances sur lesquelles vous misez ?
Clairement la décentralisation. Des projets comme MakerDAO (lire notre enquête) et Bitcoin vont beaucoup compter en 2023. Ce sont des projets qui seront gagnants cette année parce que la gouvernance est décentralisée et que personne ne peut mettre en prison Satoshi Nakamoto.
L’autre thématique très intéressante, c’est tout ce qui est stockage décentralisé de données.
Et la DeFi ?
Je pense que cela reste encore assez complexe en termes d’utilisation.
Quelle est la principale difficulté pour un fonds Web3 en ce moment ?
La principale difficulté, c’est de faire de l’éducation.
Les derniers mois n’ont-ils pas trop pénalisé le secteur ?
Les scandales ont eu un impact, mais ils permettent aussi de sortir les mauvais acteurs et de se poser les bonnes questions, notamment sur la sécurité et la gestion des cryptos. À court terme, c’est négatif, mais à long terme, c’est positif.