Europe : “MiCA aura un impact aussi important que le RGPD”
Dimitrios Psarrakis, qui est désormais lobbyiste à Bruxelles, a été pendant sept ans conseiller au Parlement européen et a travaillé sur le futur règlement sur les cryptos (MiCA). Pour lui, ce texte est un atout considérable pour l’UE.
Ils se trompent. Le monde entier regarde ce que l’Europe fait sur les cryptos. Cet été, un groupe de parlementaires européens est allé aux États-Unis voir des responsables de la Réserve fédérale (Fed), de la Security Exchange Commission (SEC), des élus du Congrès pour leur parler de MiCA, leur expliquer ce que l'Europe fait. Et devinez quoi ? L’un des responsables de la future législation américaine sur les cryptos nous a dit qu’il s’inspirait de… MiCA. C’est ce qu’on appelle “l’effet Bruxelles”, c’est un soft power très important.
Je pense MiCA aura le même impact que le RGPD (Règlement général sur la protection des données). En 2016, beaucoup de gens se posaient des questions sur le RGPD, sur son impact. Avec le recul, on voit bien que ce texte est devenu une référence à l’échelle mondiale avec tous les grands groupes, notamment américains, qui sont contraints de s’y plier pour rester en Europe.
Comment en être sûr ? Comment mesurer l’impact de la régulation ?
Prenez le cas d’une société américaine qui voudrait venir en Europe. Pour s’installer chez nous, elle doit respecter certains standards, certaines obligations, ce qui va la pousser à changer son fonctionnement. La législation européenne va "s’exporter" dans le monde via les entreprises étrangères.
Comment expliquez-vous que les États-Unis ou la Chine n’aient pas pris le leadership si c’est aussi important ?
Ce que l’Europe est en train de faire ce n’est pas simplement offrir de la sécurité juridique aux acteurs cryptos. Elle est en train de créer et structurer un nouveau marché. Je sais bien que MiCA n’est pas la meilleure régulation possible. Il y a des choses à améliorer, mais au moins nous avons une régulation, et donc un marché !
Les États-Unis n’ont pas de marché. Allez demander à un Américain qui travaille dans la crypto ce qu’il pense des États-Unis. Il vous dira ce que disent tous les autres : personne n’est à l’abri d’une sanction du patron de la SEC. Gary Gensler peut intervenir à tout moment.
Comment pouvez-vous dire qu’il n’y a pas de marché aux États-Unis ?
Aux États-Unis, ils sont en train d’essayer de faire rentrer tout le monde dans la régulation financière traditionnelle. En Europe, nous n’avons pas opté pour la même approche : MiCA est un cadre totalement nouveau, adapté aux cryptos et aux tokens.
Ces derniers mois la BCE a bien avancé sur le projet d’euro numérique. Qu’en pensez-vous ? N’y a-t-il pas des sujets notamment en termes de protection de la vie privée ?
MiCA ne concerne pas les monnaies numériques de banque centrale (MNBC) et la BCE est indépendante du politique, au moins directement. Je comprends très bien les préoccupations sur l'euro numérique, mais personne n’est capable de récupérer et de traiter les données de 500 millions de personnes. On joue à se faire peur. C’est comme sur le yuan numérique. Comment voulez-vous qu’ils arrivent à tracer plus de 1,2 milliard de personnes ? Ils n’y arriveront jamais.
Avant d’investir dans un produit, l’investisseur doit comprendre entièrement les risques et consulter ses propres conseillers juridiques, fiscaux, financiers et comptables.