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Jean-Marc Stenger (SG-Forge) : “Aucun stablecoin dans le monde n’offre un tel niveau de garantie”

Jean-Marc Stenger (SG-Forge) : “Aucun stablecoin dans le monde n’offre un tel niveau de garantie”

Jean-Marc Stenger (SG-Forge) : “Aucun stablecoin dans le monde n’offre un tel niveau de garantie”Jean-Marc Stenger (SG-Forge) : “Aucun stablecoin dans le monde n’offre un tel niveau de garantie”

Disponible depuis mercredi sur une grande plateforme d'échange (Bitstamp), le stablecoin euro de SG-Forge (groupe Société Générale) se prépare à changer de dimension. Son patron, Jean-Marc Stenger, nous présente la vision du projet le plus solide du marché.

The Big Whale : L’Euro CoinVertible (EURCV) avait été initialement conçu pour les acteurs institutionnels, pourquoi le proposer sur une plateforme “grand public” ?

Jean-Marc Stenger : Les exchanges sont un passage obligé car ils représentent la porte d’entrée naturelle de l’écosystème crypto. C’était aussi un moyen de faire connaître notre projet auprès d’une cible plus large et d’accéder à la liquidité.

Qu’est-ce qui vous a poussé à travailler avec Bitstamp ?

C’est l’aboutissement de discussions démarrées l’été dernier avec plusieurs exchanges. Tout s’est accéléré avec ce partenaire car leur manière de travailler correspond aux exigences du groupe Société Générale (enregistrements réglementaires, agréments, procédures internes, etc.). C’était assez naturel de débuter avec eux.

Prévoyez-vous de lister le EURCV sur d’autres exchanges ?

Oui, bien sûr, Bitstamp ne sera pas la seule plateforme à lister l’Euro CoinVertible. Il n’y en aura pas 10, mais quelques-unes en plus, c’est très probable. Nous ferons des annonces dans les mois à venir.

Quelles conditions les exchanges qui souhaitent lister le EURCV doivent-ils remplir ?

Premièrement, elles doivent faire leur KYC auprès de Société Générale. Cela n’est pas pour tout le monde car beaucoup de plateformes crypto ne répondent pas aux standards requis par notre groupe. Par exemple, on réclame un niveau d’enregistrement réglementaire minimum en Europe. Cela élimine toutes les structures offshores. Ensuite, nous avons des demandes exigeantes en matière de dispositifs internes de KYC-AML.

Des plateformes d’échange au cœur d’affaires judiciaires seront-elles automatiquement exclues ?

Il y a quelques plateformes en discussion avec des autorités judiciaires en France et à l’étranger, mais ce n’est pas un élément qui nous empêche de discuter. Néanmoins, cela fait partie des choses que nous analysons avant de choisir un partenaire. Après, je ne serai jamais décisionnaire sur cet aspect : ce sont les services de conformité qui décident des KYC et ils sont indépendants des fonctions business. Ce sont eux qui décident si le niveau est jugé acceptable pour le groupe.

Votre stablecoin dispose de nombreuses restrictions dans son utilisation. Prévoyez-vous d’assouplir le dispositif ?

Nous avons une politique de petits pas depuis notre lancement en avril. On a vu comment le projet a été accueilli, nous avons écouté les retours d’expérience, etc. Tout cela nous permet d’améliorer le smart contract. Nous l’avons d’ailleurs modifié il y a quelques semaines pour supprimer la validation systématique de SG-Forge lors des transferts. Désormais, toutes les entités préalablement autorisées peuvent échanger de l’EURCV sans notre intervention. En fonction du déroulement du listing, du montant des encours et des besoins du marché, on étudiera la possibilité de relâcher à nouveau les contraintes.

Sera-t-il possible de retirer de l’EURCV depuis Bitstamp ?

Pour l’instant, non. L’EURCV sera accessible aux clients de Bitstamp pour leurs opérations de trading, mais ils ne pourront pas en retirer sur des wallets externes. Notre ligne actuelle est claire : aucun acteur qui n’a pas été validé par SG-Forge ne peut utiliser de l’EURCV sur son wallet personnel. Mais en fonction des besoins du marché, on se réserve le droit d’évoluer à ce sujet dans les prochains mois.

Quelle est sa capitalisation ?

Environ 10 millions d’euros à ce jour. Même si beaucoup me demandent si je m’attends à une explosion en 2024, je préfère rester froid. Nous n’en savons rien pour le moment. Mais ce que je peux vous dire, c’est que nous ne développons pas ce projet pour lever quelques millions d’euros. Ce projet est conçu, comme tous nos produits bancaires, pour supporter des milliards.

Qu’est-ce qui fait que votre stablecoin est plus solide que les autres ?

SG-Forge est une filiale régulée et pleinement intégrée au groupe Société Générale. Au sens juridique, le EURCV est un actif numérique mais nous l’avons structuré comme un instrument financier traditionnel. Ainsi, les porteurs des tokens ont un recours direct sur le collatéral et ne sont pas exposés à SG-Forge ou Société Générale. La réserve est transparente, composée à 100% de cash et détenue sur un compte Société Générale. S’il devait y avoir un problème, n’importe quel porteur de tokens pourrait aller voir l’agent fiduciaire (un trust indépendant de Société Générale) pour récupérer des euros. À notre connaissance, aucun stablecoin dans le monde n’offre un tel niveau de garantie.

Quel est le modèle économique de l’EURCV ? Comment gagnez-vous de l’argent avec ?

Il n’y a rien de très mystérieux, car comme les autres stablecoins nous nous rémunérons sur les intérêts générés par la réserve. Cette dernière peut être laissée en cash ou investie dans des actifs plus risqués comme des obligations d’État. Naturellement, le rendement n’est pas le même en fonction de l’option choisie. De notre côté, nous avons pris la décision de rester uniquement en cash pour le moment. Le taux d’intérêt tourne donc autour de celui de la Banque centrale européenne.

Quelles sont les utilisations principales du EURCV ?

Nous le promouvons comme actif de règlement dans nos activités bancaires traditionnelles. Nous avons par exemple lancé un green bond en début de semaine et l’EURCV était l’un des moyens les plus efficaces pour y souscrire. Plus globalement, beaucoup d’acteurs sont en train de numériser les activités de marché et nous travaillons pour que l’EURCV soit l'actif de règlement de référence. Mais nous ne délaissons pas l’écosystème crypto, loin de là. Je pense que ce dernier a besoin de propositions plus régulées, fiables et robustes. C’est l’une des conditions pour l’institutionnalisation de ce secteur.

A-t-il d’autres fonctions ?

Le règlement est la première, mais nous nous présentons également comme une alternative aux stablecoins existants et une solution plus efficiente pour les paiements transfrontaliers.

À ce jour, qui peut vous demander de créer des EURCV ?

Pour le moment, il n’y a que Bitstamp et Flowdesk (que nous avons choisi comme market maker). Ils peuvent venir nous voir pour créer de nouveaux tokens (mint) et faire de la rédemption. D’autres seront progressivement ajoutés, mais nous n’avons pas vocation à en avoir énormément.

Vous avez choisi Flowdesk comme market maker. Pour quelle raison ?

Premièrement, car cet acteur a répondu à nos exigences de conformité. Ensuite, le niveau de prestation était très bon, les performances financières aussi. Tout est allé très vite avec le juridique, ce qui nous a permis de conclure rapidement. Mais nous ajouterons bientôt un deuxième market maker à notre dispositif et il ne sera pas issu de l’écosystème français.

Pourriez-vous lancer des stablecoins sur d’autres blockchains (actuellement Ethereum) et d’autres devises, comme le dollar ?

En effet, cela fait partie des discussions que nous avons. C’est prévu depuis le début, mais cela dépendra des demandes de nos clients. Nous n’allons pas lancer de nouveaux produits sans un signe du marché. Lancer un stablecoin dollar est une possibilité et nous pensons qu’il y a un marché pour un produit disposant d’un niveau de conformité bancaire.

D’ici le 30 juin 2024, les émetteurs de stablecoins euro devront présenter une licence de monnaie électronique ou d’établissement de crédit pour continuer à opérer. Avez-vous l’un des deux ?

Tout a été fait pour que le EURCV soit conforme avec la réglementation européenne MICA qui entrera en vigueur l’an prochain. À ce jour, SG-Forge n’a aucune de ces deux licences, mais Société Générale les a en France et dans d’autres juridictions en Europe. Étant dans un groupe bancaire, nous pouvons facilement faire évoluer le token pour qu’il corresponde aux exigences réglementaires. Plusieurs options sont sur la table, mais nous n’avons aucun doute sur le fait d’être prêts dans six mois.

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