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Marwan Alzarouni (Dubaï) : “Notre régulation se renforcera à mesure que l'écosystème se développera”

Marwan Alzarouni (Dubaï) : “Notre régulation se renforcera à mesure que l'écosystème se développera”

Marwan Alzarouni (Dubaï) :  “Notre régulation se renforcera à mesure que l'écosystème se développera”Marwan Alzarouni (Dubaï) :  “Notre régulation se renforcera à mesure que l'écosystème se développera”

Place forte en devenir, Dubaï a fait le choix d’un cadre accueillant pour les entreprises du secteur crypto. Le patron du Dubai Blockchain Center, bras armé du gouvernement, détaille la stratégie de l’émirat.

The Big Whale : Pouvez-vous vous présenter ?

Marwan Alzarouni : Je suis le PDG du Dubai Blockchain Center, le principal centre de recherche qui a pour but de coordonner et de favoriser l’innovation. Je suis également conseiller stratégique au département de l’économie et du tourisme pour le gouvernement. Mon rôle principal est de contribuer à faire émerger un écosystème de start-up crypto local et de convaincre les plus grands acteurs du secteur de venir s’installer chez nous.

Il s’est passé beaucoup de choses ces derniers mois à Dubaï. À quand remonte la stratégie pro-crypto de l’émirat ?

Quand nous avons lancé le Dubai Blockchain Center en 2018, l’objectif était de se renseigner au maximum sur les cas d’usage qui pourraient émerger dans un futur proche. C’était donc surtout dans un objectif de prospection et d’éducation. À l’époque, seuls Bitcoin et Ethereum commençaient à émerger.

C’est à partir de 2020, avec l’émergence de la finance décentralisée et de cas d’usage allant au-delà de la simple spéculation, que nous avons commencé à établir une feuille de route. Nous avons vu des signes d’adoption importants avec la création de nouveaux portefeuilles, une augmentation de l’utilisation des stablecoins, ou encore l’intérêt croissant pour les institutions financières à travers le monde. Nous observons également un transfert des talents de la finance traditionnelle vers la crypto. C’est une réalité.

Pouvez-vous détailler votre stratégie ?

À l'horizon 2033, nous voulons doubler la taille de notre économie, et la crypto peut nous aider à atteindre cet objectif. Dans cette optique, nous voulons faire de Dubaï l'un des principaux hubs technologiques pour la blockchain et la crypto. Cela passe par une sélection drastique des projets.

Pour ce faire, Dubaï a lancé la VARA (Virtual Assets Regulatory Authority) en février 2022 pour créer un cadre spécifique, car nous pensons que la réglementation du système financier traditionnel ne peut être appliquée au secteur crypto. L'idée est d'avancer pas à pas en discutant avec les acteurs qui veulent s'installer à Dubaï afin de connaître leurs besoins et de créer une régulation spécifique pour chaque type d'activité.

Selon les retours que nous avons, l’écosystème local peine encore à émerger…

Nous n’en sommes qu'au début. La première licence attribuée par la VARA n'a été délivrée qu'en juillet dernier. Mais de nombreux acteurs de premier plan ont déjà fait le choix de s'installer chez nous, comme Crypto[.]com ou encore Bybit.

L'objectif est de mettre toutes les chances de notre côté pour faire émerger un écosystème dynamique. Pour cela, nous voulons attirer un maximum de capital et les talents du monde entier en leur proposant le meilleur cadre de travail possible. Nous attendons d’eux qu’ils deviennent des résidents, pas de simples touristes.

Vu d'Europe, votre réglementation est perçue comme plus légère. Comment percevez-vous cela ?

Chacun a sa lecture des choses. Nous avons fait le choix d'une régulation dynamique qui se renforcera au fur et à mesure que l'écosystème se développera. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de contrôle, loin de là. Nous voulons établir nos propres règles, nos propres outils de contrôle, et cela prend du temps. En plus de cela, les règles de la VARA sont conçues pour être transposables à des régions avec des régulations avancées.

Le résultat de tout cela, c'est qu'aujourd'hui les plus grandes plateformes d'échange pensent sérieusement à installer leurs sièges mondiaux à Dubaï, que les développeurs sont toujours plus nombreux à nous rejoindre. Nous sommes également un lieu important pour les conférences de l'écosystème. Il est toujours préférable d'ouvrir les discussions, pas de les fermer. C'est le sens de ce que nous faisons en ce moment.

Le durcissement de la réglementation ailleurs dans le monde vous favorise-t-il ?

Nous ne voyons pas le développement de la crypto comme un jeu à somme nulle et ne considérons pas les autres juridictions comme des compétiteurs. Nous collaborons même activement avec bon nombre d'entre elles en Europe ou en Asie. La crypto a été conçue pour être globale, et il faudra de toute façon des standards communs pour que le secteur puisse se développer. À terme, l'un de nos objectifs est d'ailleurs d'aligner notre cadre réglementaire avec celui des autres juridictions.

Comment avez-vous accueilli la sanction infligée par les autorités américaines à Binance, dont la place forte est aujourd'hui Dubaï ?

Vous imaginez bien que je ne peux pas commenter une affaire en cours. De manière générale, la VARA collabore évidemment avec les autorités d'autres juridictions lorsque c'est nécessaire. Il y a souvent des affaires de ce type dans la finance. La dernière a été particulièrement médiatisée car elle concerne la plus grande plateforme d'échanges du marché. Mais ce qui se dit dans les médias n'est pas un indicateur pour nous.

Avec les différents cadres réglementaires qui émergent, certains acteurs ne pourront plus opérer dans certaines juridictions, comme Tether en Europe. Est-ce une opportunité pour Dubaï ?

Comme je l'ai dit, la crypto ne se développera pas sans des standards globaux, donc ce n'est jamais une bonne nouvelle de voir un acteur d'une telle importance ne plus pouvoir opérer quelque part.

Après, ce qui est sûr, c'est que la crypto a été conçue pour jouer un rôle important dans des régions n'ayant pas un accès suffisant à des services financiers de base. Elle aura donc un impact significatif et constitue un espoir, notamment en Afrique, où ses bénéfices sont plus facilement identifiés que dans des régions du monde où il y a des systèmes financiers déjà performants.

C'est évidemment compliqué de prédire le futur, mais ce qui est sûr, c'est que le développement des cryptos et de la blockchain a déjà un impact sur quasiment tous les pans de l'économie traditionnelle. Je pense que la crypto ne remplacera pas le système financier traditionnel mais y sera pleinement intégré dans le futur.

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