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Staking : le nouvel eldorado des entreprises ?

Staking : le nouvel eldorado des entreprises ?

Staking : le nouvel eldorado des entreprises ?Staking : le nouvel eldorado des entreprises ?

En quelques mois, le staking, qui consiste à immobiliser des cryptos pour protéger une blockchain, a décollé et séduit désormais de plus en plus les entreprises. Les offres dédiées poussent comme des champignons.

Une véritable bouffée d’air frais. "En l’espace d’un an, la quantité de cryptos immobilisées en staking sur les portefeuilles est passée de 3% à 25%", se félicite Johann Bornman, chef de produit chez Metamask Institutional, le portefeuille numérique développé par la start-up américaine Consensys pour les entreprises.

Le staking est un processus qui consiste à immobiliser des cryptos pour sécuriser une blockchain. Après une période plutôt calme, cette activité rémunérée a connu un essor sans précédent ces derniers mois avec le passage d’Ethereum à la preuve d’enjeu (proof-of-stake) à la place de la preuve de travail (proof-of-work). Ethereum est la deuxième plus importante blockchain de la planète.

Désormais, on peut immobiliser ses ethers (ETH) en échange d’un rendement annuel avoisinant les 4% (financé par la création monétaire du protocole). Pour la société d’analyses Messari 🇺🇸, le staking peut être assimilé à un “taux sans risque” d’une blockchain, que l’on pourrait comparer à des obligations souveraines américaines.

Evidemment, au même titre que les États-Unis peuvent toujours faire faillite, Ethereum pourrait tomber en panne. Néanmoins, cette hypothèse n'étant pas la plus probable, beaucoup voient le rendement du staking comme le taux plancher le plus sûr d’un écosystème.

Cela devrait donc inciter davantage d'investisseurs long terme à rechercher cette forme de rendement pour leurs actifs. En premier lieu, les entreprises qui détiennent des cryptos.

Nansen

Vue d’ensemble sur les dépôts et des retraits en staking sur Ethereum. Source : Nansen

Beaucoup de sociétés financières y ont recours

“Jusqu’à la mise à jour d’Ethereum nous stakions seulement de faibles montants”, explique le responsable d’un gestionnaire d’actifs européen. “Nous avons significativement augmenté nos positions après le succès du passage au proof-of-stake”.

Du côté de Kiln, une start-up française devenue une référence mondiale pour le staking des acteurs institutionnels, on confirme la même tendance : “de plus en plus de courtiers, firmes de trading ou gérants d’actifs se montrent intéressés par le staking afin d’obtenir du rendement sur leur trésorerie”, explique son CEO Laszlo Szabo.

Kiln a enregistré une croissance spectaculaire des volumes en 2023. “Nous avons multiplié notre chiffre d’affaires par cinq depuis le début de l’année”, souligne Laszlo Szabo. La start-up affiche actuellement 3,6% de part de marché du staking sur Ethereum, selon Rated Network.

À ses côtés, on retrouve de nombreuses plateformes d’échange qui proposent également du staking à leurs clients. L’américain Coinbase dispose de 10% de part de marché sur Ethereum et adresse également une clientèle institutionnelle. Même chose en France, où Coinhouse propose une offre de staking sur sept protocoles différents.

“Nos utilisateurs ont immobilisé ces derniers mois une dizaine de millions d’euros, dont les deux tiers via Ethereum”, déclare Nicolas Louvet, le patron du courtier français. “Nous avions une demande considérable. Le marché a tellement évolué qu’aujourd’hui ce serait une faute professionnelle pour une plateforme de ne pas proposer un tel produit”, insiste-t-il.

Selon nos informations, Coinhouse utilise les services de Coinbase et ne gère pas de nœuds en propre.

Jusqu’à 25% de frais

“L'offre de staking est une aubaine pour les plateformes d’échange qui peuvent générer des revenus en plus des frais de trading”, analyse Stanislas Barthélémi, consultant pour le cabinet KPMG.

Sur chaque récompense de staking, une plateforme récupère sa petite marge qui peut aller jusqu’à 25% pour Coinbase. Ce coût se justifie par la gestion opérationnelle (faire tourner des nœuds), mais il est possible de trouver des alternatives moins gourmandes.

Le leader incontesté du staking s’appelle Lido et affiche des frais de “seulement” 10%. À la différence de Kiln ou de Coinbase, Lido n’est pas une entreprise mais un protocole reposant sur une gouvernance décentralisée exercée par les détenteurs du token LDO.

Les détenteurs des tokens votent pour allouer la liquidité des ETH déposés dans le protocole Lido vers des opérateurs de nœuds professionnels (dont Kiln). À ce jour, il y a 29 opérateurs qui font travailler les ethers de Lido et ils représentent 32% de la part de marché du staking Ethereum.

Le problème de Lido, c’est qu'étant un protocole, il correspond mal aux besoins des acteurs institutionnels. “De nombreux acteurs professionnels préfèrent opter pour une entreprise qui a pignon sur rue”, précise Stanislas Barthélémi. Même si ce choix est plus coûteux, certains acteurs traditionnels préfèrent éviter au maximum les risques de failles dans les smart contracts.

Crédibilité de l’activité

Pour Johann Bornman de Metamask Institutional, le passage d’Ethereum à la preuve d’enjeu a crédibilisé le protocole aux yeux de nombreux gestionnaires d’actifs classiques : “Ils voient une application concrète de la crypto en participant à la sécurisation d’un réseau.”

Cet argument commence d’ailleurs a bien fonctionné chez les gestionnaires d’actifs qui veulent proposer des produits à leur clients. Le 3 septembre, WisdomTree, qui totalise 87 milliards de dollars sous gestion, a annoncé pour la première fois avoir intégré des récompenses de staking pour les clients de son ETP WisdomTree Physical Ethereum (ETHW).

Franklin Templeton, qui gère de son côté 1400 milliards de dollars 🤯, s’est également engagé dans le staking en proposant l’accès à six réseaux dont Ethereum ou encore Polygon.

Le monde traditionnel encore frileux

“Il faut toutefois tempérer toutes ces initiatives, soulève Stanislas Barthélémi de KMPG, car très peu d’entreprises traditionnelles se lancent dans le staking pour faire fructifier leur trésorerie”.

Même si l’activité progresse, cette dernière reste en effet encore largement minoritaire. “Lorsqu’elles reçoivent de la crypto, les entreprises les échangent bien souvent contre des dollars ou des euros”, souligne-t-il.

Se lancer dans le staking n’est en effet pas encore à la portée de tous. Cette activité nécessite une bonne connaissance du sujet. Il faut aussi savoir choisir le bon partenaire à qui confier ses fonds. Sans compter qu’il n’existe pas encore de règle fiscale spécifiquement dédiée au staking en France (et plus globalement dans le monde)…

“En application des règles générales, les entreprises devraient logiquement considérer que le revenu issu du staking est imposable à hauteur de leur valeur en euro dès qu’il est perçu et même s’il n’y a pas de conversion immédiate en euros”, relève Alexandre Lourimi, avocat fiscaliste au sein du cabinet ORWL. Avant d’être ensuite comptabilisé dans l’impôt sur les sociétés.

“Les entreprises ont tout de même la possibilité de réévaluer le montant des actifs en fonction d’une éventuelle perte de valeur de l’actif au cours de l’année écoulée”, complète-t-il.

Autant de difficultés qui font que le staking est une activité encore largement dominée par les... particuliers. Mais avec la structuration autour de quelques entreprises spécialisées comme Kiln, celle-ci devrait rapidement décoller auprès de toutes les entreprises qui détiennent des cryptos.

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