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TBW Premium #11 : La fronde des banques françaises contre l'euro numérique, vers un "MiCA 2"...

TBW Premium #11 : La fronde des banques françaises contre l'euro numérique, vers un "MiCA 2"...

TBW Premium #11 : La fronde des banques françaises contre l'euro numérique, vers un "MiCA 2"...TBW Premium #11 : La fronde des banques françaises contre l'euro numérique, vers un "MiCA 2"...

Retrouvez toutes les informations de la 11ème newsletter Premium de The Big Whale.

Pendant que l’Europe régule, et régule encore les cryptos, le reste du monde avance, et pas qu’un peu. Certains se permettent même de chasser sur son propre terrain. L’annonce par l’américain Circle du lancement d’ici quelques jours d’un stablecoin euro en est le plus bel exemple (on en parle plus bas).

Depuis des mois, voire des années, certains politiques et acteurs européens appellent à la création d’un stablecoin euro “ambitieux”, en pointant le risque qu'un acteur étranger s'en charge… Nous y sommes. Et c'est une belle “occasion” ratée par l'Europe.

THE BIG NEWS

­­­Nos informations exclusives

👉 ­­PSAN : la galère des candidats

Qui l’eut crû ? Alors que les marchés cryptos ne sont pas au mieux, le nombre de demandes d’enregistrement en France comme “prestataire de services sur actifs numériques” (PSAN) ne cesse, lui, d’augmenter. À tel point que l’Autorité des marchés financiers (AMF), qui a déjà enregistré plus d’une trentaine de PSAN depuis 2020, ne parvient plus à bien gérer le flux. Le problème n’est pas nouveau, mais il s’est accentué ces dernières semaines, notamment parce que le gendarme boursier a perdu une grande partie de son équipe spécialisée sur le sujet. “Ils n’ont plus les compétences en interne”, déplore un avocat en soulignant l'allongement des délais, surtout pour les “petits acteurs". Selon nos informations, plusieurs dizaines de start-up françaises et étrangères sont actuellement dans l'attente d'une réponse.

👉 Le lobby bancaire français vent debout contre l’euro numérique

Il semblerait que l’euro numérique n’ait pas que des amis, surtout du côté des banques françaises. Selon nos informations, la Fédération bancaire française (FBF), qui réunit tout le secteur, s’est fendue la semaine dernière d’une note interne salée à l’attention de ses membres pour fustiger “l’Euro digital” actuellement expérimenté par la Banque centrale européenne (BCE). L’enjeu est de taille pour Crédit Agricole et les autres établissements car un euro numérique de banque centrale (si la BCE décide de la créer) pourrait potentiellement désintermédier la relation des banques commerciales et leurs clients avec un système de compte hébergé directement auprès de la BCE. Pas sûr pour autant que la stratégie d’opposition frontale soit la meilleure solution…

👉 L’arrêt des futures sur Binance ne serait que temporaire

La crypto-sphère était en émoi hier, après l’annonce par Binance d'interrompre à partir du 2 août plusieurs services de produits dérivés pour les utilisateurs français. Sont concernés les Futures, Options, Tokens à effet de levier et Binance EARN - Double investissement. C'est l’interruption des futures, qui permettent aux traders de parier à la hausse ou la baisse avec des effets de levier allant jusqu’à 125, qui a engendré le plus de réactions. Mais selon nos informations, cette mesure ne serait que temporaire. “L’objectif pour Binance est de montrer patte blanche après son arrivée en France, avant de rouvrir ces services dans quelques mois”, souffle un bon connaisseur du dossier. La plus grosse plateforme de la planète (plus de 100 millions de clients), qui a déjà le statut de PSAN, aurait déposé un dossier auprès de l’AMF en vue de devenir “prestataire de services d'investissement” (PSI). Cette licence s’adresse aux entreprises qui proposent des produits dérivés. Binance pourrait l’obtenir d’ici la fin de l’année.

­­­­­Vous avez une info ? Contactez-nous !

­­­­­­THE BIG STORY

­­­Les dessous du lancement de l’Euro Coin 🇺🇸

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Euro Coin Logo

­👉 L'actu. La société américaine Circle, déjà émettrice de l'USDC, lancera un stablecoin euro le 30 juin.

👉 Le contexte. La hausse des taux en Europe et la fin des débats au Parlement autour de la future réglementation des cryptos (MiCA) offre à Circle une fenêtre de tir parfaite.

👉 Pourquoi c'est important. Ce qui pourrait rapidement devenir le plus gros stablecoin euro sera contrôlé depuis les États-Unis et pourrait échapper à Bruxelles.

­­­­­­­Comme un coup de tonnerre. Jeudi dernier, le géant américain Circle a annoncé le lancement d'un stablecoin euro, l'Euro Coin. Une information qui a suscité de vives réactions de la part de certaines personnalités de l'écosystème crypto européen. “Le régulateur américain supervisera donc l’un des seuls… stablecoins euro ! Quelle myopie de nos dirigeants !" a réagi l’ex-député français Pierre Person. “Génial, alors maintenant, ce seront les Américains qui émettront notre euro numérique. Honte à nos dirigeants européens”, a de son côté fulminé Julien Bouteloup, un entrepreneur crypto de premier plan (Curve, StakeDAO).

Si les réactions ont été si vives, c'est que le sujet est sensible. Les stablecoins sont devenus un maillon essentiel dans la crypto. Sur les 12 derniers mois, il s'est échangé pour 6213 milliards de dollars en stablecoins, selon la société d'analyse CoinMetrics. Le développement d’un stablecoin euro est capital, car le dollar pèse 99% des échanges en stablecoins. Il existe bien des stablecoins euros portés par des acteurs français, comme le Lugh (soutenu par le groupe Casino et Société générale), le jEUR (Jarvis Network) et le agEUR (Angle Protocol), mais ces derniers sont encore peu liquides et relativement confidentiels.

À l’inverse, l’Euro Coin, avec la force de frappe de Circle, pourrait être rapidement disponible un peu partout et devenir le plus gros stablecoin libellé dans la monnaie unique !

Circle a expliqué que la réserve de l’Euro Coin sera placée “auprès d’institutions financières relevant du périmètre réglementaire américain, à commencer par Silvergate Bank”. Cette dernière est installée en Californie et a notamment récupéré les actifs de Diem, le projet mort-né de monnaie numérique de Meta (ex-Facebook), après son démantèlement début 2022.

La hausse des taux en Europe pourrait justifier le lancement

Pourquoi Circle a-t-il décidé de se lancer maintenant, et pas avant ? Si l’entreprise américaine n’a pas communiqué dessus, le contexte a pu fortement influencer sa décision. D’abord au niveau monétaire. Depuis 2014, les banques commerciales devaient payer une “taxe” sur les fonds qu’elles laissaient dormir dans les coffres de la BCE (0,5% actuellement). Cela compliquait la rentabilité des projets de stablecoins basés sur une réserve bancaire. Or, Christine Lagarde s’est engagée le 9 juin à y mettre fin d’ici septembre…

La remontée en flèche des taux d’intérêt sur les obligations européennes a aussi pu jouer sur le calendrier de la société dirigée par Jeremy Allaire. La réserve de l’USDC étant composée de cash et de bons du Trésor américains de courte durée, il est probable qu’il en soit de même pour l’Euro Coin. Comme Circle ne facture aucun frais lors de l’émission de ses stablecoins, l’entreprise a besoin de faire fructifier sa réserve pour être rentable.

Désormais, tous les feux sont au vert, surtout que le lancement le 30 juin devrait coïncider -très exactement- avec la fin des discussions au Parlement européen autour de la future réglementation du secteur (MiCA). Hasard ou pas, Circle ne fera donc pas l’objet d’un échange spécifique, ce qui devrait bien l’arranger.

La question de la réglementation européenne

En l’état, l’Euro Coin échappe à toute juridiction européenne, mais il devra se conformer à MiCA lors de son entrée en vigueur (pas avant 2023) pour être disponible en Europe. En clair, Circle devra obtenir une licence pour que son stablecoin soit distribué aux Européens. Cela passera notamment par la création d’une filiale locale et probablement par la conservation des fonds auprès d’une banque de l’UE. Pour le moment, ce n’est pas ce qui se dessine et Bruxelles devrait tout faire pour lui mettre des bâtons dans les roues. Mais si le projet ne vise pas directement les Européens, l’UE aura bien du mal à l’atteindre…

Selon William O’Rorke, avocat pour le cabinet ORWL, spécialisé dans le droit des technologies de rupture, “tant qu'ils ne mettent pas les pieds en Europe, ils devraient être tranquilles”. Pour lui, si Circle s’abstient de le distribuer en Europe et d’en faire la publicité, Bruxelles ne pourra pas faire grand-chose. Mais quid de son utilité si ce stablecoin euro ne concerne pas les Européens?

Selon une note publiée le 20 juin par plusieurs experts juridiques européens, l’Euro Coin pourrait servir aux places financières internationales comme New York, Hong Kong, Singapour, mais aussi Londres et Zurich qui ne font pas partie de l’Union européenne. On le rappelle, la technologie blockchain permet de réaliser des paiements transfrontaliers quasi-instantanément pour des frais proches de zéro. C’est beaucoup plus avantageux qu’avec le système traditionnel où plusieurs jours sont nécessaires pour faire passer une transaction (hors frais). Autant de caractéristiques qui pourraient pousser des acteurs institutionnels étrangers à utiliser l’Euro Coin.

Ces experts soulignent également qu’il pourrait servir de réserve de change à la place de l’euro traditionnel pour de nombreux pays, ainsi qu’à des institutions internationales, comme le Fonds monétaire international (FMI). Pour les multinationales européennes, comme les constructeurs automobiles par exemple, il pourrait aussi être utilisé via leurs filiales étrangères pour faire transiter l’ensemble de leurs transactions hors Europe. Elles n’auraient qu’à convertir leurs Euro Coin sur une plateforme d’échange étrangère contre de l’euro pour ensuite les rapatrier.

“Bien que cela puisse sembler étrange à première vue, il existe d'énormes opportunités commerciales pour les émetteurs d’un stablecoin euro qui ne serait pas disponible en Europe”, insiste les experts. Le tout, sous le patronage du régulateur américain.

­­­­­­THE BIG FOCUS

­­­Conservation de bitcoins : le pari de StackinSat 🔐

­­­

JH

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Alors que les récents déboires de plusieurs plateformes ont relancé les débats sur la conservation des cryptos, le cofondateur de StackinSat, Jonathan Herscovici, explique comment il veut redonner confiance aux clients via son nouveau service de conservation.

­­­The Big Whale : Vous venez de lancer une offre de conservation. Comment assurez-vous à vos clients que vous détenez bien leurs bitcoins ?

Jonathan Herscovici : Comme l’affaire Celsius l’a montré, de nombreuses sociétés qui conservent des bitcoins pour le compte de leurs clients ne sont pas transparentes. Le compte utilisateur peut afficher un solde, mais il arrive souvent que les cryptos ne soient plus réellement en possession de l’entreprise qui les aura placées ailleurs pour tenter d’avoir du rendement. Pour nous, c’est un problème et c’est pour ça que nous avons lancé un service de conservation avec une “preuve de transparence” : à tout moment, nos clients peuvent consulter leur solde sur une adresse Bitcoin qui leur est propre. C’est l’assurance que les fonds sont bien présents. Deuxièmement, nous émettrons annuellement une preuve de réserve cryptographique pour démontrer que nous sommes solvables et détenons bien tous les bitcoins que nous prétendons avoir.

Quelle solution vous permet de réaliser cela ?

Nous utilisons les services de Fireblocks pour conserver les bitcoins, mais c’est nous qui avons développé la fonctionnalité qui permet d’émettre cette preuve de réserve. La plateforme d’échange américaine Kraken offre déjà ce type de service, mais c’est la première fois qu’un acteur européen le propose. Côté sécurité, nous avons fait appel à une équipe de hackers via la plateforme Yes We Hack (qui recourt à des hackers éthiques) afin de déceler d’éventuelles failles de vulnérabilité. Ce programme a débuté début juin et il est encore en cours. En tout, une trentaine de personnes ont tenté de nous attaquer, mais sans jamais y parvenir.

Quels sont les projets à venir de StackinSat ?

Nous comptons réaliser une nouvelle levée de fonds, cette fois-ci en série A, d’ici un an. Le road show doit commencer en janvier. Côté produits, nous offrirons à partir de l’an prochain la possibilité de pré-charger des euros afin de réaliser de meilleurs achats ponctuels. Actuellement, quelqu’un qui souhaite acheter des bitcoins doit faire un virement bancaire et attendre plusieurs jours pour que la transaction se fasse. Ce n’est pas optimal pour un utilisateur qui est attentif aux variations de marché. Nous proposerons aussi une fonctionnalité de rachat de bitcoins pour les clients qui souhaitent revendre leurs actifs. Tout cela s’inscrit dans notre volonté de développer une néo-banque Bitcoin, en sachant que nous comptons aussi intégrer Lightning Network pour les paiements. En revanche, nous avons écarté l’idée de mettre en place un système de rendement sur les bitcoins de nos clients. Nous avons pris cette décision avant les problèmes traversés par Celsius, mais l’actualité nous conforte dans notre choix.

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