Chelsea Manning :“Les gens pensent être libres, mais ce n’est pas le cas”

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Cybersecurity
Pour l’ancienne lanceuse d’alerte américaine, les cryptomonnaies sont devenues un outil essentiel face aux menaces croissantes contre la vie privée.

The Big Whale : En quelques années, vous êtes devenue l’une des figures de la lutte pour la protection de la vie privée, ce qui vous vaut aussi de nombreuses menaces. Comment vivez-vous cette situation ?

Chelsea Manning : Je le vis plutôt bien. Évidemment ce n’est pas simple, j’ai été très surveillée ces dernières années, mais je sais que c’était inévitable. La sortie de mon livre (Readme.txt, ndlr) l’année dernière m’a aussi beaucoup exposée. J’ai fait de nombreuses conférences pour raconter mon histoire, WikiLeaks, la prison, et le combat que je porte.

Maintenant j’essaye de prendre un peu de recul, d’être moins présente dans les médias, sur les réseaux sociaux, pour me concentrer sur le combat qui m’anime au quotidien : la protection de la vie privée.

Qu’est-ce qui a le plus changé sur Internet depuis 2010 et votre arrestation ?

Les gens normaux l’utilisent aujourd’hui tous les jours. Je me souviens encore de la période avant que j’aille en prison, j’étais un peu la “geek”, même dans l’armée. Celle qui passe ses journées sur son ordinateur ou son smartphone.

Aujourd’hui, c’est le cas de milliards de personnes, ce qui est d’ailleurs très inquiétant parce que derrière cet usage frénétique, c’est toute la vie privée des gens qui est menacée.

L’Internet que nous connaissons aujourd’hui est beaucoup plus opaque et fragmenté que dans les années 1990. L’accès est plus simple, mais en réalité les gens le comprennent beaucoup moins.

Les gens ne sont-ils pas libres de faire ce qu’ils veulent ?

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C’est tout le problème. Les gens pensent être libres, mais ce n'est pas le cas en réalité.

Il faut bien avoir en tête que les géants de la Tech mobilisent tous les moyens possibles pour vous rendre addicts. C’est un business colossal. Le but est de garder votre attention le plus possible et de capter vos données. Donc, oui, les gens sont libres de faire ce qu’ils veulent, mais c’est une vue de l’esprit. Surtout chez les plus jeunes. Je pense que dans les décennies qui viennent, les réseaux sociaux seront considérés comme la nouvelle industrie du tabac…

Quelles sont pour vous les principales menaces sur Internet. Les États ou les géants de la Tech ?

Je pense que ce sont clairement les géants de la tech pour les raisons évoquées au-dessus. Ces entreprises sont devenues incontournables, elles font partie de la structure même d’Internet. Évidemment, dans certains pays, les gouvernements sont des menaces, mais globalement le problème est du côté des entreprises.

À quelles entreprises pensez-vous ?

La puissance des entreprises de la côte ouest américaine, surtout de la Silicon Valley, est impressionnante. C’est d’ailleurs la même chose du côté de la Chine qui peut s’appuyer sur quelques géants.

Vous parlez des États-Unis et de la Chine. Et en Europe ?

L’Europe n’est pas dans la même situation puisque ce sont aussi les géants américains qui y occupent une place importante. L’Europe est plus dans une situation défensive et son seul garde fou, le régulateur européen, n’a pas les moyens pour imposer sa volonté.

Est-ce que l’anonymat des débuts d’Internet doit être restauré ?

C’est notre objectif, même si je sais que c’est très loin d’être simple. Internet porte en lui un idéal, celui du partage et de la collaboration de manière anonyme.

Nous avons perdu de vue ces notions, au profit notamment d’un Internet basé sur la surveillance. Les nouveaux outils du Web3 doivent nous permettre de reprendre la main.

Est-ce que c’est pour cette raison que vous avez rejoint le projet Nym en tant qu’advisor ?

J’ai d’abord été consultée en tant que spécialiste de la sécurité et j’ai analysé la robustesse et la viabilité du projet dont l’objectif est de protéger les communications en ligne. Je me suis penchée sur le système de “mixnet” (tout est expliqué ici), sur l’utilisation du réseau.

Ce qui m’a très vite plu, c’est que c’est un système pour lequel je milite depuis des années. Je crois beaucoup à ce projet et c’est pour ça que j’ai décidé de m’impliquer encore plus et de devenir advisor.

Le mixnet est un concept imaginé par le cryptographe David Chaum dans les années 1980. Pourquoi Nym a mis autant de temps à émerger ?

Parce qu’il nous manquait encore le système d’incitation pour utiliser ces technologies. Avec Nym, vous êtes incités à protéger votre vie privée et celle des autres. Si vous êtes un noeud sur le réseau, vous allez être payés en tokens pour transférer des paquets d’informations. C’est un fonctionnement vertueux comme avec Bitcoin.

Nym est un projet lié à l’univers du Web3. Que pensez-vous des cryptomonnaies, et du bitcoin en particulier ?

Je reste assez sceptique sur les cryptos lorsque l’on parle de la tokenisation des actifs ou des applications financières. J’ai toujours eu cette approche, et ce qui s’est récemment passé avec l'effondrement de la plateforme d'échange FTX montre à quel point il y a encore beaucoup d’arnaques.

Je pense que la blockchain et la cryptographie ont des usages très divers et pas seulement financiers. Ce sont notamment de très bons outils pour la protection de la vie privée. Les tokens permettent de créer des systèmes incitatifs.

Vous n’avez pas mentionné le bitcoin en répondant à la question. Pourquoi ? Qu’en pensez-vous ?

Bitcoin est la première des cryptomonnaies. J’étais l’une des premières utilisatrices de bitcoin en 2009 et 2010, donc j’y suis très attaché. Mais je vois le bitcoin avant tout comme une preuve de concept. La technologie qui sous-tend le bitcoin et les autres cryptomonnaies est très intéressante, mais je n’aime pas l’approche financière qu’il y a derrière.

Beaucoup de projets travaillent sur la protection de la vie privée, mais vous avez décidé de travailler avec Nym. Pourquoi ?

Nym est une solution à part. Ils utilisent le mixnet dans un sens particulièrement complexe. Personne ne pourrait réussir à casser leur système et collecter les données des utilisateurs.

Leur technologie est vraiment puissante. Dans les années à venir, ce sera peut-être la seule technologie pour protéger notre vie privée, surtout quand on voit les progrès faits par l’intelligence artificielle.

Que pensez-vous de l’intelligence artificielle ?

C’est aussi excitant qu’effrayant. J’ai une formation de chercheur en data, donc j’ai beaucoup travaillé sur ces sujets, notamment quand j’étais encore dans l’armée américaine. La vraie question est de savoir qui contrôle ces outils, qui les alimentent en données.

Les géants de la Tech travaillent beaucoup sur ces questions. Vous avez vu ce que Meta, Google et Microsoft, qui vient d'investir dans OpenAI, investissent sur ces sujets. La Chine est aussi très présente.

Ne pensez-vous pas que le Web3 et l’intelligence artificielle vont permettre aux géants de la Tech de garder le leadership sur Internet ?

Ces deux technologies sont similaires en ce sens qu’elles sont basées sur les mathématiques. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il y a autant de gens du Web3 qui s’intéressent à l’IA, et inversement.

Mais je préfère nettement la crypto parce que c’est une arme pour les individus. La crypto, avec le chiffrement, va permettre de se protéger contre ce que l’intelligence artificielle pourrait amener en termes de menaces sur la vie privée, de collecte de données, d’usurpation d’identité ou d’arnaques en tout genre.

Que pensez-vous d’un réseau comme Tor ?

Je pense que sur le long terme les solutions comme Tor seront un peu dépassées. Ce sont des outils intéressants, mais les choses évoluent vite. La cryptographie va devenir incontournable. Je ne dis pas Nym sera la seule solution, mais il va falloir élever les standards.

Est-ce que vous pensez que Snowden a tort de recommander une messagerie comme Signal ?

Bien sûr que non, j’utilise Signal tous les jours ! Signal est compatible avec un système de mixnet, sauf que ce n’est pas le cas par défaut. C’est la même chose pour Telegram.

Ne pensez-vous pas que des projets comme Nym vont pousser les États à investir encore un peu plus sur des outils de surveillance ?

Ils le feront quoi qu’il arrive ! J’ai envie que ce soit le plus cher possible pour eux, qu’ils dépensent des fortunes pour récupérer mes e-mails.

Quels sont selon vous les meilleurs outils pour le grand public ?

Je pense que les VPN sont de très bons outils. Je n’en recommanderai pas un en particulier, mais c’est indispensable d’en utiliser. Et puis il y a des choses simples à faire comme changer régulièrement son mot de passe. Pas tous les jours, mais une dizaine de fois par an, c’est déjà mieux que rien ! Vous pouvez aussi fermer tous les comptes que vous n’utilisez pas.

Est-ce que votre opinion a changé sur Julian Assange ?

Comme vous le savez, j’ai un différend juridique avec Julian Assange, qui dure depuis des années. J’ai été empêchée de révéler un certain nombre d’informations.

Comment voyez-vous Edward Snowden ? Tout le monde le voit uniquement comme un héros. Est-ce que vous avez un regard un peu plus critique ?

Je ne suis pas là pour juger qui que ce soit. Edward Snowden a pris des décisions très compliquées, que peu de gens auraient pu prendre.

Êtes-vous optimiste sur le futur de la vie privée ?

Généralement je suis plutôt pessimiste, mais je pense que l’émergence du Web3, et tous ses outils, est une source importante d’espoir.

Comment faire en sorte que les gens prennent conscience des enjeux liés à la vie privée ?

Ils en ont conscience, c’est juste qu’ils n’agissent pas.

D’où vient alors ce décalage ?

Parce que c’est compliqué, tout simplement. Je le sais parce que je suis confrontée à ces questions depuis des années. Cela prend du temps de protéger sa vie privée, et les outils ne sont pas encore suffisamment simples pour être utilisés par tous. Il est beaucoup plus simple de ne rien faire.

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Chelsea Manning :“Les gens pensent être libres, mais ce n’est pas le cas”
Publié le
Published on
March 21, 2023

Chelsea Manning :“Les gens pensent être libres, mais ce n’est pas le cas”

Pour l’ancienne lanceuse d’alerte américaine, les cryptomonnaies sont devenues un outil essentiel face aux menaces croissantes contre la vie privée.

The Big Whale : En quelques années, vous êtes devenue l’une des figures de la lutte pour la protection de la vie privée, ce qui vous vaut aussi de nombreuses menaces. Comment vivez-vous cette situation ?

Chelsea Manning : Je le vis plutôt bien. Évidemment ce n’est pas simple, j’ai été très surveillée ces dernières années, mais je sais que c’était inévitable. La sortie de mon livre (Readme.txt, ndlr) l’année dernière m’a aussi beaucoup exposée. J’ai fait de nombreuses conférences pour raconter mon histoire, WikiLeaks, la prison, et le combat que je porte.

Maintenant j’essaye de prendre un peu de recul, d’être moins présente dans les médias, sur les réseaux sociaux, pour me concentrer sur le combat qui m’anime au quotidien : la protection de la vie privée.

Qu’est-ce qui a le plus changé sur Internet depuis 2010 et votre arrestation ?

Les gens normaux l’utilisent aujourd’hui tous les jours. Je me souviens encore de la période avant que j’aille en prison, j’étais un peu la “geek”, même dans l’armée. Celle qui passe ses journées sur son ordinateur ou son smartphone.

Aujourd’hui, c’est le cas de milliards de personnes, ce qui est d’ailleurs très inquiétant parce que derrière cet usage frénétique, c’est toute la vie privée des gens qui est menacée.

L’Internet que nous connaissons aujourd’hui est beaucoup plus opaque et fragmenté que dans les années 1990. L’accès est plus simple, mais en réalité les gens le comprennent beaucoup moins.

Les gens ne sont-ils pas libres de faire ce qu’ils veulent ?

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C’est tout le problème. Les gens pensent être libres, mais ce n'est pas le cas en réalité.

Il faut bien avoir en tête que les géants de la Tech mobilisent tous les moyens possibles pour vous rendre addicts. C’est un business colossal. Le but est de garder votre attention le plus possible et de capter vos données. Donc, oui, les gens sont libres de faire ce qu’ils veulent, mais c’est une vue de l’esprit. Surtout chez les plus jeunes. Je pense que dans les décennies qui viennent, les réseaux sociaux seront considérés comme la nouvelle industrie du tabac…

Quelles sont pour vous les principales menaces sur Internet. Les États ou les géants de la Tech ?

Je pense que ce sont clairement les géants de la tech pour les raisons évoquées au-dessus. Ces entreprises sont devenues incontournables, elles font partie de la structure même d’Internet. Évidemment, dans certains pays, les gouvernements sont des menaces, mais globalement le problème est du côté des entreprises.

À quelles entreprises pensez-vous ?

La puissance des entreprises de la côte ouest américaine, surtout de la Silicon Valley, est impressionnante. C’est d’ailleurs la même chose du côté de la Chine qui peut s’appuyer sur quelques géants.

Vous parlez des États-Unis et de la Chine. Et en Europe ?

L’Europe n’est pas dans la même situation puisque ce sont aussi les géants américains qui y occupent une place importante. L’Europe est plus dans une situation défensive et son seul garde fou, le régulateur européen, n’a pas les moyens pour imposer sa volonté.

Est-ce que l’anonymat des débuts d’Internet doit être restauré ?

C’est notre objectif, même si je sais que c’est très loin d’être simple. Internet porte en lui un idéal, celui du partage et de la collaboration de manière anonyme.

Nous avons perdu de vue ces notions, au profit notamment d’un Internet basé sur la surveillance. Les nouveaux outils du Web3 doivent nous permettre de reprendre la main.

Est-ce que c’est pour cette raison que vous avez rejoint le projet Nym en tant qu’advisor ?

J’ai d’abord été consultée en tant que spécialiste de la sécurité et j’ai analysé la robustesse et la viabilité du projet dont l’objectif est de protéger les communications en ligne. Je me suis penchée sur le système de “mixnet” (tout est expliqué ici), sur l’utilisation du réseau.

Ce qui m’a très vite plu, c’est que c’est un système pour lequel je milite depuis des années. Je crois beaucoup à ce projet et c’est pour ça que j’ai décidé de m’impliquer encore plus et de devenir advisor.

Le mixnet est un concept imaginé par le cryptographe David Chaum dans les années 1980. Pourquoi Nym a mis autant de temps à émerger ?

Parce qu’il nous manquait encore le système d’incitation pour utiliser ces technologies. Avec Nym, vous êtes incités à protéger votre vie privée et celle des autres. Si vous êtes un noeud sur le réseau, vous allez être payés en tokens pour transférer des paquets d’informations. C’est un fonctionnement vertueux comme avec Bitcoin.

Nym est un projet lié à l’univers du Web3. Que pensez-vous des cryptomonnaies, et du bitcoin en particulier ?

Je reste assez sceptique sur les cryptos lorsque l’on parle de la tokenisation des actifs ou des applications financières. J’ai toujours eu cette approche, et ce qui s’est récemment passé avec l'effondrement de la plateforme d'échange FTX montre à quel point il y a encore beaucoup d’arnaques.

Je pense que la blockchain et la cryptographie ont des usages très divers et pas seulement financiers. Ce sont notamment de très bons outils pour la protection de la vie privée. Les tokens permettent de créer des systèmes incitatifs.

Vous n’avez pas mentionné le bitcoin en répondant à la question. Pourquoi ? Qu’en pensez-vous ?

Bitcoin est la première des cryptomonnaies. J’étais l’une des premières utilisatrices de bitcoin en 2009 et 2010, donc j’y suis très attaché. Mais je vois le bitcoin avant tout comme une preuve de concept. La technologie qui sous-tend le bitcoin et les autres cryptomonnaies est très intéressante, mais je n’aime pas l’approche financière qu’il y a derrière.

Beaucoup de projets travaillent sur la protection de la vie privée, mais vous avez décidé de travailler avec Nym. Pourquoi ?

Nym est une solution à part. Ils utilisent le mixnet dans un sens particulièrement complexe. Personne ne pourrait réussir à casser leur système et collecter les données des utilisateurs.

Leur technologie est vraiment puissante. Dans les années à venir, ce sera peut-être la seule technologie pour protéger notre vie privée, surtout quand on voit les progrès faits par l’intelligence artificielle.

Que pensez-vous de l’intelligence artificielle ?

C’est aussi excitant qu’effrayant. J’ai une formation de chercheur en data, donc j’ai beaucoup travaillé sur ces sujets, notamment quand j’étais encore dans l’armée américaine. La vraie question est de savoir qui contrôle ces outils, qui les alimentent en données.

Les géants de la Tech travaillent beaucoup sur ces questions. Vous avez vu ce que Meta, Google et Microsoft, qui vient d'investir dans OpenAI, investissent sur ces sujets. La Chine est aussi très présente.

Ne pensez-vous pas que le Web3 et l’intelligence artificielle vont permettre aux géants de la Tech de garder le leadership sur Internet ?

Ces deux technologies sont similaires en ce sens qu’elles sont basées sur les mathématiques. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il y a autant de gens du Web3 qui s’intéressent à l’IA, et inversement.

Mais je préfère nettement la crypto parce que c’est une arme pour les individus. La crypto, avec le chiffrement, va permettre de se protéger contre ce que l’intelligence artificielle pourrait amener en termes de menaces sur la vie privée, de collecte de données, d’usurpation d’identité ou d’arnaques en tout genre.

Que pensez-vous d’un réseau comme Tor ?

Je pense que sur le long terme les solutions comme Tor seront un peu dépassées. Ce sont des outils intéressants, mais les choses évoluent vite. La cryptographie va devenir incontournable. Je ne dis pas Nym sera la seule solution, mais il va falloir élever les standards.

Est-ce que vous pensez que Snowden a tort de recommander une messagerie comme Signal ?

Bien sûr que non, j’utilise Signal tous les jours ! Signal est compatible avec un système de mixnet, sauf que ce n’est pas le cas par défaut. C’est la même chose pour Telegram.

Ne pensez-vous pas que des projets comme Nym vont pousser les États à investir encore un peu plus sur des outils de surveillance ?

Ils le feront quoi qu’il arrive ! J’ai envie que ce soit le plus cher possible pour eux, qu’ils dépensent des fortunes pour récupérer mes e-mails.

Quels sont selon vous les meilleurs outils pour le grand public ?

Je pense que les VPN sont de très bons outils. Je n’en recommanderai pas un en particulier, mais c’est indispensable d’en utiliser. Et puis il y a des choses simples à faire comme changer régulièrement son mot de passe. Pas tous les jours, mais une dizaine de fois par an, c’est déjà mieux que rien ! Vous pouvez aussi fermer tous les comptes que vous n’utilisez pas.

Est-ce que votre opinion a changé sur Julian Assange ?

Comme vous le savez, j’ai un différend juridique avec Julian Assange, qui dure depuis des années. J’ai été empêchée de révéler un certain nombre d’informations.

Comment voyez-vous Edward Snowden ? Tout le monde le voit uniquement comme un héros. Est-ce que vous avez un regard un peu plus critique ?

Je ne suis pas là pour juger qui que ce soit. Edward Snowden a pris des décisions très compliquées, que peu de gens auraient pu prendre.

Êtes-vous optimiste sur le futur de la vie privée ?

Généralement je suis plutôt pessimiste, mais je pense que l’émergence du Web3, et tous ses outils, est une source importante d’espoir.

Comment faire en sorte que les gens prennent conscience des enjeux liés à la vie privée ?

Ils en ont conscience, c’est juste qu’ils n’agissent pas.

D’où vient alors ce décalage ?

Parce que c’est compliqué, tout simplement. Je le sais parce que je suis confrontée à ces questions depuis des années. Cela prend du temps de protéger sa vie privée, et les outils ne sont pas encore suffisamment simples pour être utilisés par tous. Il est beaucoup plus simple de ne rien faire.

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