Il est 12h30 ce mercredi lorsque nous arrivons au 34 rue Greneta dans le centre de Paris. Le portail est tout ce qu’il y a de plus banal, sauf peut-être la pancarte accrochée négligemment sur son battant droit : “Bienvenue dans la maison de Coinbase”.
C’est ici que la plateforme d’échange américaine a installé son camp de base pour la Paris Blockchain Week qui s’arrête officiellement ce soir (le 23 mars), même si d’autres événements vont encore continuer jusqu’à la fin du week-end.
Une dizaine de membres de l’équipe de Coinbase, qui n’a pas de bureaux à Paris, sont présents sur place. “Cette année, nous avons préféré prendre un lieu à part pour organiser nos propres événements et ne pas se retrouver au milieu de la foule”, glisse un responsable venu de Londres.
Aujourd’hui, Coinbase va présenter de nouvelles fonctionnalités de son wallet. Mais beaucoup des gens présents sur place se demandent aussi, et surtout, si l’américain va faire des annonces sur sa future implantation à Paris. Encore raté !
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L’annonce de l’arrivée de Circle en France aurait, selon nos informations, poussé le géant californien à repousser sa communication.
“Nous n’avons aucun projet d’implantation dans l’immédiat”, balaye la responsable de la communication européenne du groupe. “Nous ferons des annonces plus tard”, ajoute-t-elle.
Si rien n’est effectivement confirmé, l’Exchange, qui a soufflé sa dixième bougie l’année dernière, travaille bien sur son arrivée à Paris où il a d’ailleurs déjà déposé auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF) son dossier pour être enregistré comme prestataire de services sur actifs numériques (PSAN). Le dossier doit être validé dans les semaines qui viennent.
Selon nos informations, Coinbase travaille également avec plusieurs cabinets d’avocats pour voir quelles activités européennes seraient implantées en France, sachant que le groupe a des bureaux à Dublin, Londres et Berlin. Paris pourrait accueillir l’équipe commerciale.
Autre indice concordant, Coinbase a signé avec une agence de communication parisienne.
Au-delà d’une simple implantation, Paris tient même la corde pour devenir le siège européen de Coinbase, qui n’en a pas encore officiellement dans cette région du monde. “Paris dispose d’un très bon écosystème et d’une régulation claire”, explique un proche de la société.
La capitale française a aussi l’avantage d’avoir déjà réussi à attirer de nombreux poids lourds du secteur. Binance a été le premier en 2022 à installer son siège européen à Paris, suivi par Crypto.com puis Circle.
Le durcissement de la régulation américaine
Le dossier est d’autant plus brûlant pour Coinbase que le régulateur américain est assez offensif avec le secteur crypto depuis plusieurs mois et la chute de la plateforme FTX. Hier soir, Brian Armstrong a annoncé sur Twitter que le groupe avait reçu un document du gendarme boursier américain (SEC) lui indiquant que des poursuites judiciaires pourraient être très prochainement enclenchées contre lui.
Selon Bloomberg, Coinbase réfléchirait à sortir une partie de ses activités du territoire américain, notamment celles avec les investisseurs institutionnels. L’Europe, et Paris, pourrait en être la terre d’accueil.
Du côté des autorités françaises, on se félicite de l’attractivité parisienne. “Nous sommes plus que jamais convaincus que la France dispose de tous les atouts pour devenir une référence mondiale en matière d'innovation et d'économie numérique basée sur la blockchain”, explique le ministre délégué au Numérique Jean-Noël Barrot.
Le son de cloche est globalement le même du côté des acteurs français où on se félicite de l’intérêt de géants internationaux. “C’est une très bonne chose”, explique le patron de Coinhouse, Nicolas Louvet. “Il faudra juste voir s’il n’y a pas aussi une dimension marketing dans ce genre d’annonces”, ajoute-t-il.
D’autres, surtout les petits acteurs, s’inquiètent d’une possible mainmise de ces géants sur le marché français. “C’est très bien d’attirer des géants étrangers en France, mais il ne faudra pas s’étonner s’il n’y a pas d’acteurs de poids français et même européens”, souligne le patron d’une petite plateforme tricolore.