Paul Frambot est plutôt quelqu’un de discret. Pas son genre de communiquer. Mais depuis quelques semaines, le jeune cofondateur du protocole de “finance décentralisée”, Morpho, ne peut plus trop se cacher… Réunions, voyages, celui qui est en fin d’étude à Télécom Paris et se définit lui même comme un “matheux” est sur tous les fronts, alors que Morpho vient de lever 18 millions de dollars (17 millions d’euros). Un record pour un projet étudiant détenu jusque-là par un certain Mark Zuckerberg et Facebook. En 2005, l’Américain avait levé 12,7 millions de dollars pour ce qui allait devenir le plus gros réseau social de la planète (plus de 2 milliards d'utilisateurs). Un symbole qui n’a évidemment pas échappé à Paul Frambot.
Car s’il est plutôt discret, le Français de 21 ans ne manque pas d’ambition pour le protocole de DeFi qu’il a développé à partir de janvier 2021 dans le cadre de ses études avec le chercheur du CNRS Vincent Danos. “La finance décentralisée est quelque chose d’incroyable, mais elle n’est pas encore très efficace, et notre but c’est justement de l’améliorer”, explique Paul Frambot, qui fait rentrer 90 investisseurs dans Morpho (11 salariés en CDI) parmi lesquels des géants comme Andreessen Horowitz (A16z), Variant ainsi que plusieurs français comme le patron et fondateur d’Arianee, Frédéric Montagnon.
La finance décentralisée, c’est quoi ?
La finance “décentralisée” s’oppose à la finance “centralisée”, c’est-à-dire au système actuel où il faut passer par des intermédiaires, votre banque par exemple, pour emprunter et prêter de l’argent. Dans la DeFi, il n’y a pas d’intermédiaire, mais des “pools”, des piscines en bon français, qui permettent aux prêteurs de mettre de l’argent - des cryptomonnaies - et aux emprunteurs de se servir dans cette piscine en payant un intérêt. L’avantage de ce système est qu’il permet à n’importe quel particulier ou entreprise de déposer ou d’emprunter de l’argent. La seule contrainte est de déposer une sorte de caution en cryptomonnaies auprès de la plateforme pour s’assurer qu’on remboursera bien son prêt.
Aujourd’hui, il existe plusieurs protocoles de DeFi. Les plus connus s’appellent Aave ou Coumpound et gèrent respectivement 6 et 3 milliards de dollars dans leurs “piscines”. Mais aussi efficaces soient-ils, ces protocoles ne permettent pas d’offrir des taux optimaux. Tout dépend des opérations, mais les prêteurs, ceux qui mettent de l’argent dans la piscine, ont souvent des taux de rémunération assez faibles - souvent en dessous de 1% - quand les emprunteurs payent relativement cher - souvent au-dessus de 4%. Un problème que Morpho se propose de résoudre en rapprochant, via sa plateforme, les taux d’emprunt et de prêt…