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Europe : les grands enjeux qui attendent l’écosystème crypto

Europe : les grands enjeux qui attendent l’écosystème crypto

Europe : les grands enjeux qui attendent l’écosystème cryptoEurope : les grands enjeux qui attendent l’écosystème crypto

Après une année marquée par les difficultés, l’écosystème européen veut rebondir sur les 12 prochains mois. Entre régulation et normalisation, les chantiers ne manquent pas !

Les rentrées ont ceci d’agréable qu’elles permettent de remettre les compteurs à zéro, d’oublier les tracas et les désillusions de l’année précédente.

De ce point de vue là, l’industrie crypto est particulièrement contente de faire sa rentrée : “Les douze derniers mois ont été particulièrement durs à la fois à cause des scandales et de la baisse des cours qui ont pénalisé toute l’industrie”, souligne un entrepreneur de l’écosystème, qui se veut toutefois optimiste : “On sent que depuis quelques semaines il y a une énergie qu’il n’y avait pas avant l’été. Les choses sont en train de repartir.”

En attendant qu’elles repartent vraiment, les défis de l’écosystème 🇪🇺 ne manquent pas, que soit sur la régulation, l’institutionnalisation ou l’attractivité… Nous avons fait le point sur les grands chantiers de ces 12 prochains mois.

👉 1/ Aller au-delà des promesses

Même si plus personne - ou presque - ne pense que les crypto et la blockchain vont disparaître, le secteur doit plus que jamais trouver des cas d’usages concrets et… rentables. "Dans toutes les périodes d’emballement, la promesse de futurs cas d’usage peut suffire, les investisseurs sont prêts à suivre. Mais aujourd’hui, prétendre vouloir changer le monde ne suffit plus pour convaincre", explique Luc Jodet, associé chez XAnge.

Pour le cofondateur d’Arianee, qui a depuis quitté l’aventure, les cas d’usage se situent essentiellement dans la finance. D’une part, avec la tokenisation des actifs financiers (lire notre rapport) et d’autres part avec la démocratisation de l’investissement crypto via des véhicules classiques comme les ETP (Exchange Traded Products).

Preuve que les choses avancent, sur ces segments, les acteurs purs cryptos voient arriver quelques poids lourds de la finance traditionnelle, qui ont compris qu’il y avait un bon filon. "De grands acteurs vont chercher à gagner des parts de marché sur des cas d’usages financiers identifiés", analyse Ivan de Lastours, lead blockchain & crypto chez Bpifrance, qui a participé au financement d’une centaine de projets cryptos.

Cette incursion d’acteurs traditionnels rend l’arrivée d’une régulation spécifique encore plus importante. C’est l’ambition avec l’entrée en vigueur de la réglementation européenne MiCA (Market in Crypto-Assets) qui va, dès cette année, être un vrai défi pour de nombreux acteurs.

👉 2/ Se préparer pour MiCA… et le reste 😅

Le règlement MiCA, qui doit harmoniser les règles crypto à l’échelle des 27 pays membres de l’Union européenne, est officiellement entrée en vigueur le 29 juin. Mais il n’est pas d’application directe. Jusqu’au 30 décembre 2024 se tient une phase de consultation et de publication progressive avec l’Autorité bancaire européenne (EBA) et l’Autorité européenne des marchés financiers (ESMA).

L’objectif est de préciser et d’harmoniser les modalités d’application du texte entre tous les pays membres 💡.

Cette phase de consultation terminée, les acteurs disposant déjà d’un enregistrement pourront bénéficier d’une période de transition pouvant aller jusqu’à 18 mois, la durée étant laissée à la discrétion de chaque Etat membre.

Au-delà, toute entreprise n’ayant pas obtenu le fameux agrément MiCA dans un des pays de l’Union européenne ne pourra pas y proposer de services crypto. Concrètement, MiCA est censé rapprocher la structure des entreprises cryptos de celle d’institutions financières du monde traditionnel.

Actuellement, en France, le périmètre de l’enregistrement comme prestataire de services sur actifs numériques (PSAN) ne concerne essentiellement que la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Plus de 90 entreprises disposent de cet enregistrement, qui est provisoirement passé en “enregistrement renforcé” depuis le 30 juin, en attendant le passage à l’agrément au niveau européen.

"L’agrément MiCA, c’est une autre paire de manches. Il prévoit notamment la mise en place d’obligations pour prévenir les conflits d’intérêts internes, mais aussi des exigences lourdes à mettre en place pour la cybersécurité et les fonds propres", analyse Frédérick Lacroix, à la tête de la régulation financière au sein du cabinet d'avocats Clifford Chance.

"Beaucoup d’acteurs n’arriveront pas à passer le cap de l’agrément que ce soit d’un point de vue organisationnel ou financier. Il va y avoir du tri", explique de son côté William O’Rorke, co-fondateur du cabinet d’avocats ORWL qui accompagne plusieurs dizaines de projets français.

Selon nos informations, l’Autorité des marchés financiers (AMF) a commencé à sonder officieusement le marché pour essayer de cartographier les acteurs étant susceptibles d’aller jusqu’à l’agrément.

👉 3/ Une guerre des talents se profile

Au-delà du coût de la procédure d’agrément évaluée à environ 200 000 euros minimum selon les experts interrogés par The Big Whale, les projets cryptos devront surtout partir en quête de profils rares pour se structurer et s’institutionnaliser.

"Les plus recherchés seront ceux ayant une fine connaissance de la finance traditionnelle. Inévitablement, les projets devront aussi faire évoluer leur culture d’entreprise avec l’arrivée de profils moins cryptonatifs", fait remarquer Rija Rameloarison, ancien responsable de la conformité chez Meria et désormais consultant en régulation chez Milestone Advisory.

"Il y aura inévitablement une sorte de guerre des talents qui va se mettre en place, si elle n’a pas déjà commencé", souffle-t-il.

Ces dernières années, certains poids lourds du secteur ont commencé à étoffer leurs rangs d’experts de la régulation. C’est notamment le cas de Binance avec l’arrivée de Stéphanie Cabossioras qui a pour mission d’emmener la plateforme dans les clous de MiCA.

Plus récemment, et même si ce n’est pas spécifiquement lié à MiCA, le géant du gaming Web 3 Sorare a recruté Jennifer D’Hoir, ancienne de l’AMF et de Kraken, pour diriger son département des affaires publiques.

Les acteurs crypto vont également devoir faire face à la concurrence d’acteurs plus traditionnels qui vont, eux aussi, chercher des profils crypto.

“Des groupes cotés cherchent des profils crypto”, explique un chasseur tête qui opère en France, au Royaume-Uni et en Suisse. Ces grands groupes ont en plus l’avantage d’avoir les poches profondes 💰. “Ils ne sont pas dans la même situation que les entreprises cryptos qui manquent un peu de cash à cause du contexte économique”, ajoute-t-il.

👉 4/ Faire entendre sa voix

La crédibilité d’un secteur passe également par l’institutionnalisation d’acteurs capables de défendre ses intérêts. C’est notamment le cas de l’Association pour le développement des actifs numériques (Adan), principal lobby du secteur en France avec plus de 200 membres.

Parfois critiquée pour ne pas peser assez sur certains dossiers sensibles, l’Adan a vu arriver à son board deux banques, la Société générale via sa filiale SG-Forge ainsi que Delubac & Cie.

Binance, la plus grande plateforme d’échanges au monde, a également rejoint l’association via sa filiale française. Prochainement, c’est Sorare qui va en devenir membre selon nos informations. Jusqu’ici, le géant du gaming Web 3 n’avait pas jugé indispensable pour son développement de rejoindre l’Adan.

"L’arrivée de ce genre d’acteurs fait gagner en crédibilité. Clairement, l’un des enjeux de cette année sera de continuer à professionnaliser l’association", glisse un membre du board de l'Adan.

Parler d’une seule voix auprès du régulateur peut également être utile à un moment où ils cherchent des interlocuteurs. En la matière, la France dispose d’une longueur d’avance puisque MiCA a largement été inspiré de la réglementation française relative aux actifs numériques apparue avec la loi Pacte en 2019.

"Avec l'entrée en application de MiCA, nous allons passer de la théorie à la pratique. Mais il reste néanmoins un certain nombre de points à clarifier. Ce sera notre rôle d’accompagner les acteurs dans leur mise en conformité et de peser au niveau européen lors des phases de consultation avec l’EBA et l’ESMA", explique Faustine Fleuret.

Les mois qui viennent sont d’autant plus cruciaux que les élections européennes arrivent à grand pas 💥.

“Cette échéance électorale est l’occasion de continuer à faire de la pédagogie sur les questions de décentralisation et de mieux faire connaître la crypto", selon Marina Markezic, co-fondatrice et directrice exécutive de The European Crypto Initiative, association qui compte notamment comme membre le protocole de finance décentralisée Maker ou encore Near Foundation.

"MiCA n’est qu’un point de départ. De nombreux textes réglementaires concernant les crypto vont suivre", prévient-elle.

D’autant plus que les NFTs et la finance décentralisée ont pour le moment été laissés en dehors de MiCA mais vont rapidement redevenir des sujets d’attention.

“Les autorités européennes n’ont ni catégorisé ni donné de définition claire concernant les NFTs. Il est donc théoriquement possible que certains rentrent dans le cadre d’application de MiCA”, prévient Faustine Fleuret dont l’association promet également d’être attentive à l’évolution des débats concernant la DeFi vis-à-vis de laquelle une réglementation doit voir le jour post-MiCA.

En revanche, les stablecoins sont bien présents dans MiCA et la réglementation les concernant s’appliquera dès le 30 juin 2024. Or, la législation est jugée beaucoup trop restrictive en la matière par les associations défendant les intérêts du secteur.

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