C’est un plateau de bureaux dans la gigantesque tour EDF à La Défense, juste à côté de Paris. Ici, une trentaine de personnes travaillent depuis deux ans sur l’un des projets les moins connus, mais peut-être parmi les plus innovants d’EDF : Exaion, la filiale “Web3” du géant français de l’énergie.
Exaion n’a rien de confidentiel, mais la société a été créée dans la plus grande discrétion en 2020 parce que les cryptomonnaies restent un sujet “sensible”. Exaion travaille aujourd’hui sur plusieurs blockchains comme Polkadot, Cosmos, Avalanche ou Tezos. Elle joue le rôle de validateur, c’est-à-dire qu’elle valide les transactions sur ces réseaux. Cette tâche implique la détention de cryptomonnaies. En tout, Exaion gère un peu plus de 300 nœuds sur des protocoles.
Mais ce ne sont pas les seules blockchains sur lesquelles la filiale crypto d’EDF travaille. Selon nos informations, Exaion est très actif sur Ethereum et gère actuellement 10 nœuds sur le réseau de la deuxième plus importante blockchain (162 milliards de dollars de capitalisation) connue notamment pour les NFT et la finance décentralisée (DeFi).
En ajoutant les nœuds gérés pour le compte de ses clients - le français Just Mining en fait partie - on dépasse 150 nœuds Ethereum opérés par le groupe détenu par l’État français ! Le créateur d’Ethereum, Vitalik Buterin, opère lui de son côté 218 nœuds.
Autrement dit, le géant de l’énergie est tout simplement l’un des plus gros validateurs d’Ethereum, qui est passé en septembre du Proof-of-Work (PoW) au Proof-of-Stake (PoS) et consomme donc beaucoup moins d’énergie. “Nous soutenons les protocoles de troisième génération qui consomment peu d’énergie”, explique le patron d’Exaion, Fatih Balyeli.
Est-ce que cela veut pour autant dire que le géant français ne minera jamais de bitcoins ? Pour Fatih Balyeli, c’est impossible car la consommation énergétique de la première crypto est un "obstacle infranchissable".
En attendant, Exaion avance ses pions dans le secteur avec un objectif simple : devenir un acteur de poids de la validation face à des spécialistes du secteur comme Infura, Alchemy ou Blockdaemon qui sont spécialisés sur Ethereum. “On se positionne comme un fournisseur d’infrastructure, notre objectif c’est de rendre les réseaux robustes afin que tout le monde puisse développer des applicatifs dessus”, indique Fatih Balyeli. "Nous souhaitons devenir le Amazon Web Services du Web3", ajoute-t-il. Rien que ça.