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MNBC : comment la France s’est retrouvée en pointe

MNBC : comment la France s’est retrouvée en pointe

MNBC : comment la France s’est retrouvée en pointeMNBC : comment la France s’est retrouvée en pointe

Depuis plus de deux ans, les banques centrales du système européen travaillent sur des projets d’euro numérique. Celui porté par la Banque de France est sans doute le plus ambitieux.

La course est lancée. Ces dernières années, les infrastructures blockchain n’ont cessé de se développer, notamment dans le sillage de l’adoption des cryptomonnaies et de la finance décentralisée (DeFi).

Le but de ce système financier alternatif est de rendre le système traditionnel plus efficient, avec notamment  : une transparence accrue, une réduction des coûts et une automatisation d’un certain nombre d’opérations.

Face à cela, et à la multiplication de projets comme celui de Meta (qui a voulu lancer sa propre cryptomonnaie), les autorités monétaires ont lancé des grands chantiers.

Où que l’on regarde sur la planète, les banques centrales étudient quasiment toutes une refonte de leur système avec la création d’une monnaie native, c’est-à-dire, un euro, un dollar ou un yen numérique et compatible avec ce nouvel univers technologique.

Une des zones parmi les plus actives sur le sujet est l’Europe. Depuis plus de deux ans, des expérimentations ont été menées par différentes banques à l’échelle nationale incluant le possible lancement d’une monnaie numérique de banque centrale (MNBC) qui servirait d’actif de règlement de référence pour les institutions publiques et privées (banques et entreprises).

Le volet concernant l’euro numérique pour les particuliers (euro retail) est lui moins avancé, notamment parce que c’est un sujet très politique, notamment concernant la traçabilité des transactions. Lors d’une conférence de la Banque de France début du mois d’octobre, son gouverneur, François Villeroy de Galhau, a reconnu la complexité de la mise en place d’un euro numérique pour les particuliers, sans pour autant écarter l’idée.

En attendant, sur tous les projets de MNBC pour les institutionnels, plusieurs se distinguent, comme celui de la France.

La solution de monnaie numérique proposée par la Banque de France est celle “qui semble le plus embrasser les nouveaux paradigmes de la blockchain”, souligne Xavier Lavayssière, experts indépendant en finance numérique.

Le projet ambitieux de la Banque de France

Globalement, trois projets ont retenu l’attention de la banque centrale européenne qui, à partir de 2024, va co-piloter les expérimentations.

Les Italiens misent sur leur système de paiement instantané TIPS Hash-Link. Déjà branché à Target 2, le système de règlement des banques de la zone euro, ils proposent de faire la connection avec une blockchain/smart contract.

La Banca Italia a conçu sa solution pour “surmonter certains scénarios d'échec couramment rencontrés” avec les systèmes de règlement basés sur les smart contracts de blockchain. TIPS Hash-Link agirait alors comme un “séquestre de confiance” pour assurer le bon déroulé des règlements.

De son côté, la Bundesbank mise sur ses systèmes de paiement Trigger qui fonctionne via un registre distribué (DLT) propre à l’Eurosystème à trois niveaux.

Pour effectuer un règlement, les entreprises se connecteraient au réseau exclusivement géré par les banques commerciales et la banque centrale. Les Allemands affirment que leur système est compatible avec plusieurs systèmes de paiement, et pas seulement Target 2.

La Banque de France défend elle l’idée d’une modification plus importante du système actuel avec DL3S, sorte de blockchain européenne permissionnée via laquelle pourraient circuler à la fois la MNBC et des stablecoins réglementés !

Elle serait également compatible avec d’autres blockchains au niveau international dans l’optique de réaliser des paiements transfrontaliers. En ce sens, la Banque de France a déjà mené des expérimentations dans le cadre du projet baptisé Mariana avec l’Autorité monétaire de Singapour (MAS), la banque nationale suisse (BNS) et le pôle d’innovation de la Banque des règlements internationaux (BRI), sorte de “banque des banques centrales”.

Techniquement, Mariana reprend certains principes techniques d’une plateforme d’échanges décentralisée de la finance décentralisée (DeFi). Elle fonctionne grâce à un teneur de marché automatisé (AMM), dont Uniswap est l'émanation la plus populaire, ainsi qu’une plateforme décentralisée permettant d’échanger et de régler automatiquement des opérations de change au comptant.

“Un projet aussi important permet à la Banque de France de proposer une standardisation des processus qui pourraient être repris à l’échelle internationale”, explique Frédéric Ocana, chef de projet en cybersécurité à la Banque de France de 2017 à 2021.

Dans le cadre de Mariana, une norme technique de jeton a été proposée pour faciliter l’interopérabilité et les échanges.

Une des premières positionnée

Si la Banque de France peut se permettre de proposer un projet aussi ambitieux, c’est parce qu’à la différence de ses voisins, “elle s’est très tôt positionnée sur le sujet”, explique Xavier Lavayssière, expert indépendant des paiements. La Banque de France a en effet commencé à travailler sur le sujet dès 2019.

“Les synergies semblent plus importantes entre la Banque de France et son écosystème financier national qu’en Italie ou en Allemagne. Elle a également bénéficié d’un écosystème crypto français très dynamique”, ajoute Xavier Lavayssière.

L’une des banques parmi les plus actives sur le sujet à l’échelle européenne - et même mondiale - est d’ailleurs la Société générale via sa filiale SG-Forge. En plus d’avoir notamment réalisée une première opération de refinancement avec un protocole DeFi, en l’occurrence Maker, elle a lancé depuis avril ConVertible, un stablecoin permissionné répliquant la valeur de l’euro.

Convaincre les investisseurs

Après cette première phase menée au niveau national, c’est la BCE qui va être chargée de diriger les prochaines expérimentations qui devraient démarrer début 2024, à partir des différentes solutions proposées par les Italiens, Allemands et les Français.

La transition en douceur proposée par les Allemands et les Italiens pourrait plaider en leur faveur face au projet ambitieux de la Banque de France. “Reste à convaincre les institutionnels du bienfait d’une refonte aussi importante du système qui pour le moment fonctionne plutôt bien”, avertit Stéphanie Lheureux, head of digital asset competence chez Euroclear.

Pour Jean-Marc Stenger, PDG de SG-Forge, “le timing est très bon” puisqu’en parallèle de ces expérimentations menées par la BCE, le texte MiCA, qui vise à harmoniser les réglementations cryptos entre les 27 pays membres, entrera en application à partir du 31 décembre 2024.

En place depuis mars dernier et pour une durée de trois ans, le régime pilote permettra également aux acteurs du marché de tester l’utilisation de la blockchain dans le cadre de tokenisation d’actifs. La course est bien lancée.

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