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Morpho, la "killer app" de la finance décentralisée ?

Morpho, la "killer app" de la finance décentralisée ?

Morpho, la "killer app" de la finance décentralisée ?Morpho, la "killer app" de la finance décentralisée ?

Créé en 2021, le projet 🇫🇷 Morpho a développé un système qui permet d’optimiser les taux sur les protocoles de DeFi.

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Pour déchiffrer ce que fait Morpho, il faut déjà comprendre ce qu’est la “DeFi”, qui s’oppose à la finance “centralisée”, c’est-à-dire au système dit traditionnel où il faut passer par des intermédiaires, votre banque par exemple, pour emprunter et épargner de l’argent.

Bassins de liquidités

Dans la DeFi, il n’y a pas de tiers de confiance, mais des “pools”, des piscines ou bassins en bon français. L’idée de ces bassins virtuels est de permettre à des prêteurs de mettre leur argent en commun (des cryptomonnaies) pour que des emprunteurs viennent directement se servir en échange d’un certain taux.

Un exemple SIMPLE pour comprendre le mécanisme : Grégory met 2 ethers (ETH) dans une “pool” où sont aussi présents les fonds de milliers d’autres prêteurs, et Raphaël vient se servir dans le bassin commun car il a besoin de liquidités.

L’avantage de ce système est qu’il permet à n’importe qui de déposer ou d’emprunter de l’argent sans intermédiaire ; pas besoin d'envoyer un dossier à la banque. Tout se passe en quelques minutes.

La contrepartie, et c’est ce qui permet à la plupart des applications DeFi de fonctionner, est qu’il faut déposer une garantie en cryptomonnaies pour s’assurer que le prêt sera couvert même si l'emprunteur fait défaut.💡

Aujourd’hui, il existe plusieurs protocoles de DeFi. Les plus connus s’appellent Aave ou Coumpound et gèrent respectivement 6 et 3 milliards de dollars dans leurs “piscines”. Mais aussi efficaces soient-ils, ces protocoles ne permettent pas d’offrir des taux optimaux aux utilisateurs. Pourquoi ? Parce que la communauté de prêteurs (Grégory et ses amis) se partagent les intérêts payés par un seul emprunteur (Raphaël)…

Tout dépend des opérations, mais les prêteurs bénéficient souvent de taux de rémunération assez faibles - actuellement autour de 0,5% - quand les emprunteurs payent relativement cher - environ 3% ! 🙃 Étant donné qu'il n'y a pas d'intermédiaire bancaire, cette différence a du mal à se justifier. Ce système rend la DeFi moins attractive que le système traditionnel. Et c’est justement ce problème que Morpho entend résoudre en rapprochant, via son protocole, les emprunteurs et les prêteurs, pour offrir de meilleurs taux…

Mais comment ? En utilisant le pair-à-pair dans les bassins de liquidité.

“Les pools sont très pratiques pour fournir de la liquidité, mais elles manquent d'efficacité pour la redistribuer”, explique Paul Frambot, qui est encore étudiant à Télécom Paris, l'une des plus grandes écoles d'ingénieurs françaises. “En utilisant le pair-à-pair dans les pools, on permet à un prêteur de matcher directement avec un emprunteur. C’est beaucoup plus efficace”. Autrement dit, le prêteur sera récompensé à un certain taux (par exemple 1%), tandis que l'emprunteur remboursera à un taux légèrement supérieur (1,2% dans cet exemple). Morpho récupère l’écart entre les taux, le “spread”, pour se financer.

Morpho-Compound, Morpho-Aave…

Pour y parvenir, Morpho Labs a créé une solution qui permet aux utilisateurs de se connecter aux bassins de liquidités de protocoles très populaires comme Compound, Aave ou Curve. La société a déjà lancé Morpho-Compound en juin. Elle travaille sur Morpho-Aave qui devrait sortir dans les semaines qui viennent. “C’est l’une de nos priorités”, explique Paul Frambot.

D’autres protocoles DeFi devraient être prochainement intégrés car le projet français est capable de se connecter sur “n’importe quel acteur”, ajoute-t-il.

Comme la plupart des autres acteurs de la DeFi, Morpho a aussi créé un token, le MORPHO, qui lui permet de décentraliser sa gouvernance. Le token sert aussi à récompenser les utilisateurs du protocole. Les premiers tokens MORPHO seront débloqués dans les jours qui viennent sur les wallets des utilisateurs les plus actifs. Mais ils ne seront pas transférables, au moins dans un premier temps, notamment pour éviter les ventes massives. “Morpho est un projet de long terme”, justifie Paul Frambot. “On construit toutes les couches une à une.”

Jusqu’où pourrait justement aller Morpho ? C’est l’une des grandes questions que l’on peut se poser. Car le projet, s’il décolle, peut potentiellement assécher en grande partie les bassins de liquidité, comme ceux d'Aave ou Compound. “C’est un vrai risque”, souligne un bon connaisseur du secteur. “Si les utilisateurs de la DeFi font un choix rationnel, ils vont davantage utiliser Morpho-Compound que Compound”, lâche de son côté Paul Frambot. En quelques semaines, Morpho a déjà drainé plusieurs dizaines de millions de dollars.

Une situation qui n’inquiète pas les acteurs dominants, comme Aave. “Tous les utilisateurs de Morpho sont actuellement des usagers d’Aave”, indique Marc Zeller, responsable des relations avec les développeurs pour Aave. Au moins sur le court terme. Car à moyen-long terme, Morpho compte bien se passer des bassins de liquidité d’Aave et des autres autres. C’est d’ailleurs toute l’idée contenu dans son logo en forme de papillon.

Morpho n’est qu’au 1er stade d’évolution du projet qui en compte trois.

👉 Larve

👉 Chrysalide

👉 Papillon

Pour l’instant, le protocole est au niveau “larve” et a besoin des “pools” des acteurs de la DeFi pour opérer et offrir de la liquidité aux prêteurs et aux emprunteurs. Mais assez vite, Morpho aura l'ambition de passer au deuxième stade, c’est-à-dire celui de la “chrysalide”, avec l’introduction d'un système de carnet d'ordres (order book) permettant d'avoir des taux différents en pair-à-pair au sein de Morpho. Selon nos informations, cette étape n’est pas attendue avant début 2023.

La dernière phase, celle du papillon, correspond à un système où Morpho prendrait son envol et n’aurait plus besoin des pools de liquidité pour opérer. À la place des “pools”, Morpho utiliseraient en plus d'un carnet d'ordres, des "markets makers", qui sont des acteurs de marché qui viennent compléter eux-mêmes les opérations avec leurs liquidités pour prendre une partie de l’écart de taux. Un système qui est aujourd’hui très utilisé sur les marchés financiers… classiques.

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