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Rachat de Metaco par Ripple : quel impact sur le marché de la custody ?

Rachat de Metaco par Ripple : quel impact sur le marché de la custody ?

Rachat de Metaco par Ripple : quel impact sur le marché de la custody ?Rachat de Metaco par Ripple : quel impact sur le marché de la custody ?

Alors que beaucoup pensaient que son rachat par Ripple le pénaliserait, le suisse Metaco résiste plutôt bien à l'offensive de la concurrence. Au moins à court terme.

Tous ceux qui suivent l'actualité crypto se souviennent encore du choc de l'annonce, en mai dernier, du rachat de Metaco par Ripple.

Au-delà du prix d'acquisition, 250 millions de dollars (en Bear market 🤯), c'est surtout le bien-fondé de l'opération qui a suscité les commentaires et interrogations.

👉 Pourquoi Ripple met-il la main sur un spécialiste de la "conservation" d'actifs numériques pour les entreprises ?

La société américaine, connue pour son jeton XRP, a rapidement expliqué que cette acquisition - la plus importante de son histoire - lui permettrait de "renforcer son activité" auprès des entreprises.

Cette explication n'a pas convaincu tout le monde, mais certains y ont vu la traduction de sa stratégie de diversification au-delà des paiements transfrontaliers, qui est historiquement son cœur d’activité.

Mais, au-delà de Ripple, c'est surtout sur Metaco, qui travaille avec plusieurs dizaines d’institutions financières, comme Citi ou BBVA, que les questions se sont portées.

👉 Metaco réussira-t-il à garder ses clients, essentiellement dans la finance, alors que Ripple est un concurrent direct de beaucoup d'entre eux ?

👉 Comment les clients de Metaco réagiront-ils alors que Ripple est dans le viseur du gendarme boursier américain (SEC) depuis plusieurs années maintenant ?

"Quand nous avons vu le rachat par Ripple, on s'est dit que ça allait être très compliqué pour Metaco, qu'ils auraient du mal à continuer de faire du business comme avant", se remémore un concurrent, qui a demandé à garder l'anonymat.

Mais, six mois après, est-ce vraiment le cas ?

Pour répondre à cette question, il faut prendre le sujet à court et à moyen/long termes.

À court terme :

Six mois après l'annonce, la situation de Metaco, et globalement du marché de la custody pour les entreprises, n'a pas vraiment changé.

"Nous restons un partenaire technologique de choix pour les institutions financières qui veulent se positionner sur le marché des actifs numériques", explique un porte-parole de Metaco, qui est l'un des pionniers du secteur. La société, basée à Lausanne, a été lancée en 2015.

Cette forme de statu quo n'est pas si étonnante, et ce pour plusieurs raisons :

D'abord, parce que quand vous êtes une entreprise et que vous avez commencé à travailler avec un partenaire comme Metaco, "vous ne claquez pas la porte du jour au lendemain", rappelle un banquier français. Il y a des contrats, parfois sur plus d'un an, et ceux-ci sont contraignants, sauf à payer de lourdes indemnités 💰.

Ensuite, parce que certaines entreprises considèrent que rompre un contrat reviendrait à jeter à la poubelle des mois de développement et donc d'investissement à la fois financier et humain. "Cela prend du temps d'implanter une solution de custody", explique Stanislas Barthélémy, consultant blockchain et cryptoactifs chez KPMG.

Enfin, et tout simplement, parce que les clients sont plutôt contents de travailler avec Metaco. "Nous sommes très satisfaits de notre partenariat avec eux. Ils nous fournissent la solution technologique de coffre-fort pour héberger les clés privées", explique Jean-Marc Stenger, CEO de SG Forge, qui est la filiale blockchain de Société Générale.

Metaco a l'avantage d'avoir développé une offre de conservation des actifs numériques “sur mesure” qui séduit les entreprises du monde traditionnel. "Dès le départ, ils ont voulu s'adresser aux entreprises qui n'étaient pas crypto-natives avec une offre adaptable en fonction de leurs besoins, ce qui s'est révélé être un vrai point fort", explique un expert du sujet.

D'autres acteurs comme Ledger et Fireblocks, qui ont des solutions plus standardisées et surtout plus adaptées aux acteurs 100% cryptos, connaissent plus de difficultés pour attirer les banques et les entreprises traditionnelles.

"Ledger Enterprise (offre corporate, ndlr) propose un produit très intéressant. Mais il n'est pas compatible avec les process et l’architecture d'un établissement bancaire où on doit pouvoir avoir une maîtrise absolue de tous les flux", explique un banquier français.

Le seul vrai concurrent de Metaco sur le segment des entreprises traditionnelles est en réalité Taurus, qui est également une entreprise suisse fondée par des anciens de la finance traditionnelle.

Lancé peu de temps après Metaco, soit en 2018, Taurus a créé une plateforme de services pour les entreprises qui veulent gérer des actifs numériques.

"Nous avons des services qui vont de l'émission à la conservation des actifs numériques", explique Victor Busson qui est le responsable marketing de Taurus, qui revendique plus de 25 clients dans le secteur financier.

Selon un proche de Taurus, les sollicitations d'acteurs financiers "ont augmenté depuis le rachat de Metaco". Cela ne signifie pas pour autant qu'il y a des contrats fermes à la clé, mais "les choses vont dans le bon sens".

Taurus, qui a créé des bureaux à Paris et Londres récemment, a annoncé en septembre un partenariat avec Deutsche Bank. D'autres annonces de ce style pourraient suivre. Selon nos informations, Taurus discute avec au moins une grande banque américaine et une autre française, qui hésitent avec Metaco.

À moyen/long terme :

Si le rachat de Metaco n'a donc pas trop d'impact à court terme, à moyen/long terme, les choses pourraient en revanche être bien différentes.

“La question du renouvellement des contrats de Metaco va se poser”, explique un expert du secteur. “Certaines entreprises vont certainement vouloir travailler avec un acteur qui ne dépend pas d’un groupe comme Ripple”, ajoute-t-il.

Taurus pourrait évidemment en profiter. Mais d’autres comme Ledger, Fireblocks et même le petit dernier du secteur, le français DFNS, pourraient également tirer leur épingle du jeu 👀.

Fireblocks, qui revendique 1800 clients, s’est fait une place de choix sur le marché, mais surtout auprès des entreprises cryptos. “Notre offre est assez modulable et le MPC (c’est-à-dire du logiciel, ndlr) donne plus de souplesse que l’approche HSM (hardware, ndlr)”, explique un porte-parole de Fireblocks, qui travaille déjà avec quelques grands groupes comme BNP Paribas, Unicredit ou BNY Mellon.

L’objectif de Fireblocks, tout comme Ledger, est de réussir à davantage adapter son offre pour des entreprises traditionnelles. “C’est clairement notre objectif”, explique-t-on du côté de Fireblocks, qui est valorisé 9 milliards de dollars. La question est de savoir s’ils y arriveront.

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