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Taux, marchés, cryptos... “Nous vivons une situation inédite”

Taux, marchés, cryptos... “Nous vivons une situation inédite”

Taux, marchés, cryptos... “Nous vivons une situation inédite”Taux, marchés, cryptos... “Nous vivons une situation inédite”

Entre l’inflation galopante, la crainte de récession et la situation sur les marchés financiers, l’économie mondiale semble au bord du gouffre. Mais est-ce vraiment le cas ? On en parle avec Christophe Barraud, chef économiste chez Market Securities.

Il est encore trop tôt pour répondre à cette question. Ce qui est sûr c’est que si la Réserve fédérale américaine (Fed) doit faire machine arrière, cela ne se fera pas avant que l’inflation redescende, et cela va prendre du temps. En attendant, les banques centrales, parce que ça ne concerne pas que la Fed, peuvent toujours intervenir ponctuellement. On l’a vu la semaine dernière avec la Banque d’Angleterre. Et d'autres banques centrales pourraient suivre. Mais il ne faut pas perdre de vue que l’inflation a atteint un tel niveau que les banques centrales ne lâcheront pas tant que la température sur les prix ne sera pas retombée.

Quel niveau d’inflation pourrait être jugé “supportable” ?

Aux États-Unis, l’inflation est actuellement à 8,3%. Un niveau compris entre 3% et 4% pourrait être jugé comme “supportable”. Selon certaines estimations, ce niveau pourrait être atteint au cours du deuxième trimestre 2023. Il ne faut donc pas compter sur une baisse des taux avant six ou neuf mois, si cela doit se produire.

La seule chose qui pourrait pousser la Fed à agir avant cette échéance serait une baisse de l’inflation “core” (c’est-à-dire l’inflation à laquelle on a enlevé les éléments fluctuants comme l’énergie et les matières agricoles). La Fed pourrait ainsi faire une pause dans ses hausses.

Il faut donc écarter une reprise du marché des actifs à risque, comme les actions et les cryptos, avant l’année prochaine ?

Difficile à dire, car le marché a tendance à anticiper. La séance très haussière de mardi est à ce titre symptomatique : la veille, l’indice ISM Manufacturing (emplois et production aux États-Unis) a fait planer le spectre d’une récession aux États-Unis. C'était une information négative et pourtant le marché a bien réagi parce qu’il estime justement que la Fed pourrait être poussée à assouplir sa politique...

Ce qui s'est passé montré qu'une mauvaise nouvelle économique peut avoir un effet positif sur les marchés. Généralement, le marché a environ six à neuf mois d’avance sur la macro.

Il n’est donc pas exclu que les marchés repartent plus vite que prévu ?

Je pense que nous devrions continuer à être dans un marché assez volatile avec une petite spécificité tout de même : on sent bien qu’une grande partie des mauvaises nouvelles ont été intégrées. Elles ont moins d’impact sur les marchés par rapport aux “bonnes nouvelles”.

Reste les aléas géopolitiques. Il ne faut pas exclure que le conflit en Ukraine s’enlise et que la Russie durcisse encore le ton. Cela pourrait avoir des conséquences sur l’approvisionnement en énergie, et donc de facto sur l’économie.

Vous parlez à juste titre de l’incertitude géopolitique. Que pensez-vous de l’incertitude bancaire alors que Credit Suisse semble connaître d’importantes difficultés ?

Le secteur bancaire n’est pas à l’abri. Après il faut bien voir que tout dépend de la nationalité des banques, de leur taille et de leurs difficultés. Il peut y avoir des problèmes de liquidités ou de garanties…

Mais comme tout le monde a les yeux rivés sur les banques depuis la crise des subprimes en 2008, les autorités sont vigilantes. Il faut aussi savoir prendre de la distance avec ce qui est parfois dit et véhiculé à tort sur les réseaux sociaux.

On peut donc écarter un scénario à la “Lehman Brothers” ?

Beaucoup de choses ont changé depuis 2008. Nous n’avons plus les mêmes niveaux de garantie et de prises de risque. L’immobilier s’est effondré en 2008 car il y avait une montagne de prêts à taux variables qui étaient, pour ne rien arranger, sur-titrisés. Aujourd'hui, les taux variables sont largement moins importants et répandus aux États-Unis. Je ne dirai pas forcément ça du marché britannique…­­­­

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