TBW #28 : Le big bang fiscal đ«đ· attendra
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Sans trop de surprise, les dĂ©putĂ©s europĂ©ens devraient voter le texte qui va notamment encadrer les fournisseurs de services cryptos. Mais au-delĂ du contenu, qui nĂ©cessitera encore d'ĂȘtre amĂ©liorĂ©, câest surtout le fait que lâEurope soit la premiĂšre Ă se doter dâun cadre âcryptoâ qui est important. Car la rĂ©gulation est essentielle, surtout dans un marchĂ© naissant et un peu "fou" comme celui des cryptos.
En 1996, les Ătats-Unis avaient adoptĂ© avant tout le monde le âTelecommunications Actâ qui leur a permis de devenir les champions incontestĂ©s dâInternet.
Presque 30 ans aprĂšs, lâEurope pourrait, Ă son tour et grĂące Ă MiCA, devenir leader dans celui des cryptos et du Web3.
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THE BIG NEWS
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NOS INFORMATIONS EXCLUSIVES
ÂÂđ FiscalitĂ© crypto : le âbig bangâ français attendra
Encore ratĂ© ! Ceux qui espĂ©raient que lâexamen du projet de loi de finances 2023 serait lâoccasion dâun changement de la fiscalitĂ© française seront déçus. Il devrait y avoir certes quelques amĂ©liorations comme une clarification du statut entre investisseur âparticulierâ et âprofessionnelâ ainsi que des amĂ©nagements sur le staking, mais ce sera Ă peu prĂšs lâessentiel. âCe qui ressort de nos Ă©changes avec le gouvernement, câest que la thĂ©matique crypto a Ă©tĂ© prise en charge tardivementâ, souffle une source proche de lâAdan, lâassociation qui reprĂ©sente les professionnels du secteur. Avec la rĂ©Ă©lection dâEmmanuel Macron (lire notre interview exclusive) au printemps et le changement de ministre du NumĂ©rique, les sujets cryptos sont en effet un peu passĂ©s sous les radars. Faute de mieux, et en attendant, lâAdan pousse pour que le gouvernement lance un grand rapport sur la fiscalitĂ© des crypto-actifs. Pour faire changer la lĂ©gislation en 2024 ?
đ Les Cryptobees ne dĂ©collent pas
Cryptobees vous connaissez ? LancĂ© au printemps dernier, ce projet de NFTs a tout de la âbelle histoireâ : une grande marque de luxe, Guerlain, qui veut financer la protection de la biodiversitĂ© via la vente de jetons numĂ©riques symbolisant des abeilles đ. Sauf que tout ne sâest pas passĂ© exactement comme prĂ©vu. Outre le fait quâĂ peu prĂšs un tiers des NFT nâont pas Ă©tĂ© vendus (ce qui est beaucoup), câest surtout lâĂ©volution du projet qui pose question et commence Ă susciter un certain mĂ©contentement : plusieurs dĂ©tenteurs de NFT pointent le manque dâimplication de Guerlain depuis plusieurs semaines, l'absence de dynamisme de la communautĂ© (le channel Discord sert principalement Ă recueillir des plaintes) et la âfaiblesseâ des avantages quâon leur avait promis. âGuerlain ne communique pasâ, regrette un investisseur. ContactĂ©, le groupe LVMH (propriĂ©taire de Guerlain), nâa pas souhaitĂ© sâexprimer. Jusque quand ?
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Faut-il payer les rançons en cryptomonnaies ?
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Le gouvernement français voudrait rendre possible lâindemnisation des rançons par les compagnies dâassurance. Une proposition qui suscite pas mal de dĂ©bats.
ÂÂÂÂUne dizaine dâordinateurs plantĂ©s, des milliers de fichiers inaccessibles... DĂ©but septembre, la start-up parisienne de Cyril a subi une attaque qui a paralysĂ© toute son activitĂ©. Depuis, pour rĂ©tablir le systĂšme, les hackers demandent le paiement dâune rançon de âplusieurs dizaines de milliers dâeurosâ payable en cryptomonnaies.
âNous nâavons plus accĂšs Ă rienâ, explique le patron de 35 ans, qui s'est tournĂ© vers la police đźđœ, mais ne sait pas comment gĂ©rer cette rançon. Faut-il payer ? Si oui comment acquĂ©rir des cryptos ? Qui doit payer ? Les assureurs prennent-ils en charge lâopĂ©ration ? Y a-t-il des procĂ©dures spĂ©ciales ?
Le sujet est dâautant plus sensible que Cyril nâest pas un cas isolĂ©. En 2021, il y a eu presque 2000 demandes dâassistance dâentreprises françaises pour des cas de rançongiciels, selon Cybermalveillance.gouv.fr, un site dâassistance et de prĂ©vention pour les risques en ligne. Une centaine de ces demandes concernaient des rançongiciels basĂ©s sur des cryptomonnaies.
De sources policiĂšres françaises, le nombre des attaques serait mĂȘme en rĂ©alitĂ© bien plus Ă©levĂ©. âBeaucoup dâentreprises nâosent pas se signalerâ, confirme une source proche de lâassureur Axa. Et le phĂ©nomĂšne serait le mĂȘme partout en Europe avec un coĂ»t global estimĂ© Ă plusieurs milliards d'euros, selon les chiffres de l'entreprise de cybersĂ©curitĂ© ARS Solutions.
Payer les rançons ?
Pour tenter âdâaiderâ ces entreprises dĂ©passĂ©es par les Ă©vĂ©nements, le gouvernement français a rĂ©cemment proposĂ© de mettre en place un nouveau dispositif qui autoriserait les assureurs Ă payer ces rançons dâun genre nouveau. Le dispositif prĂ©vu dans le projet de loi dâorientation et de programmation du ministĂšre de lâintĂ©rieur (LOPMI), prĂ©sentĂ© le 7 septembre au Conseil des ministres, toucherait tous les types de rançongiciels, mĂȘme ceux basĂ©s sur les cryptomonnaies.
Comme lâa proposĂ© le TrĂ©sor français, rattachĂ© Ă Bercy, la seule condition pour ĂȘtre indemnisĂ© serait que lâentreprise ait portĂ© plainte ; et Ă©videmment quâelle soit assurĂ©e contre le risque cyber !
Ce projet de loi, qui devra encore ĂȘtre adoptĂ© au Parlement français (ce qui pourrait prendre plusieurs mois), a fait vivement rĂ©agir dans le secteur de lâassurance. âOn se tire une balle dans le pied et en plus, on paye la balleâ, ironise un assureur.
Comment ĂȘtre sĂ»r quâune fois payĂ©s les hackers cesseront lâattaque ?
InterrogĂ©s, la grande majoritĂ© des spĂ©cialistes, qui ne veulent pas ĂȘtre citĂ©s directement, expliquent quâil nây a aucune certitude. âLa plupart du temps lorsquâune entreprise paye une rançon, les pirates ne remettent pas le systĂšme Ă jour. Et sâils le font, ils laissent un mouchardâ, explique un bon connaisseur de ces sujets.
Une étude réalisée en 2021 par Cybereason auprÚs d'un peu plus de 1200 professionnels de la sécurité dans plusieurs pays, et notamment en France, a montré que 60% des organisations françaises ayant choisi de payer la rançon ont été ciblés dans les semaines suivantes.
Le sujet est dâautant plus Ă©pineux que si cette disposition Ă©tait gravĂ©e dans le marbre de la loi, elle pourrait inciter tous les hackers de la planĂšte Ă sâen prendre aux entreprises françaises. Aucun pays n'a de lĂ©gislation qui prĂ©voit de payer les rançongiciels. Ce n'est que du cas par cas.
Traçabilité des cryptos
Certains expliquent toutefois que les cryptomonnaies pourraient aussi jouer un rĂŽle dĂ©terminant pour mettre la main sur les hackers. âSi payer la rançon en crypto ne permet pas de mettre fin au hack, cela peut permettre de retrouver les responsablesâ, explique un assureur français.
Lâavantage des cryptomonnaies est en effet quâelles sont⊠traçables. Pour faire simple, câest comme si on payait une rançon en marquant les billets de banque. On pourrait ensuite analyser les flux et ainsi remonter la filiĂšre đ.
Aux Ătats-Unis, plusieurs groupes de hackers ont Ă©tĂ© pris Ă leur propre jeu avec les cryptos. Fin 2021, les assaillants du protocole de finance dĂ©centralisĂ©e Poly Network (600 millions de dollars dĂ©robĂ©s) ont Ă©tĂ© contraints de rendre les fonds aprĂšs quâune enquĂȘte de traçabilitĂ© sur la blockchain a mis en lumiĂšre leur responsabilitĂ© dans lâopĂ©ration.
Lâexemple le plus emblĂ©matique est celui du groupe Lazarus qui depuis des annĂ©es procĂšde Ă des hacks en pagaille. Rien quâen 2021, il aurait dĂ©robĂ© plus dâun milliard de dollars, indique la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine Chainalysis, ce qui a notamment permis de lâidentifier. Seul problĂšme : le groupe est nord-corĂ©en, ce qui Ă©carte toute procĂ©dure policiĂšre ou judiciaire pour rĂ©cupĂ©rer lâargentâŠ
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THE BIG FOCUS
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âNous vivons une situation inĂ©diteâ
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Entre lâinflation galopante, la crainte de rĂ©cession et la situation sur les marchĂ©s financiers, lâĂ©conomie mondiale semble au bord du gouffre. Mais est-ce vraiment le cas ? On en parle avec Christophe Barraud, chef Ă©conomiste chez Market Securities.
ÂÂÂÂBeaucoup de commentaires sont alarmistes sur la situation Ă©conomique. Ătes-vous aussi pessimiste ?
HonnĂȘtement, nous nâavons jamais eu autant dâincertitudes. Que ce soit au niveau Ă©conomique, sanitaire (en Chine, ndlr), social, gĂ©opolitique, Ă©nergĂ©tique et mĂȘme mĂ©tĂ©orologique, la situation est trĂšs prĂ©occupante et surtout trĂšs floue. Les marchĂ©s financiers ont encore du mal Ă âpricerâ les choses. Nous savons quâil y aura une rĂ©cession globale dans les pays dĂ©veloppĂ©s - Europe et Ătats-Unis en tĂȘte - Ă partir de la fin de 2022, mais nous ignorons encore quelle en sera lâampleur ni combien de temps elle pourra durer.
Pour couronner le tout, nous vivons une situation inĂ©dite avec un choc de richesse nĂ©gatif dans de nombreux pays : les actions et les obligations se sont Ă©croulĂ©es ces derniers mois, notamment Ă cause de la hausse des taux dâintĂ©rĂȘt des banques centrales. Donc oui, je suis plutĂŽt âpessimisteâ.
Pensez-vous que la situation économique pourrait pousser les banques centrales à retrouver une politique monétaire plus accommodante ?
Il est encore trop tĂŽt pour rĂ©pondre Ă cette question. Ce qui est sĂ»r câest que si la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale amĂ©ricaine (Fed) doit faire machine arriĂšre, cela ne se fera pas avant que lâinflation redescende, et cela va prendre du temps. En attendant, les banques centrales, parce que ça ne concerne pas que la Fed, peuvent toujours intervenir ponctuellement. On lâa vu la semaine derniĂšre avec la Banque dâAngleterre. Et d'autres banques centrales pourraient suivre. Mais il ne faut pas perdre de vue que lâinflation a atteint un tel niveau que les banques centrales ne lĂącheront pas tant que la tempĂ©rature sur les prix ne sera pas retombĂ©e.
Quel niveau dâinflation pourrait ĂȘtre jugĂ© âsupportableâ ?
Aux Ătats-Unis, lâinflation est actuellement Ă 8,3%. Un niveau compris entre 3% et 4% pourrait ĂȘtre jugĂ© comme âsupportableâ. Selon certaines estimations, ce niveau pourrait ĂȘtre atteint au cours du deuxiĂšme trimestre 2023. Il ne faut donc pas compter sur une baisse des taux avant six ou neuf mois, si cela doit se produire.
La seule chose qui pourrait pousser la Fed Ă agir avant cette Ă©chĂ©ance serait une baisse de lâinflation âcoreâ (câest-Ă -dire lâinflation Ă laquelle on a enlevĂ© les Ă©lĂ©ments fluctuants comme lâĂ©nergie et les matiĂšres agricoles). La Fed pourrait ainsi faire une pause dans ses hausses.
Il faut donc Ă©carter une reprise du marchĂ© des actifs Ă risque, comme les actions et les cryptos, avant lâannĂ©e prochaine ?
Difficile Ă dire, car le marchĂ© a tendance Ă anticiper. La sĂ©ance trĂšs haussiĂšre de mardi est Ă ce titre symptomatique : la veille, lâindice ISM Manufacturing (emplois et production aux Ătats-Unis) a fait planer le spectre dâune rĂ©cession aux Ătats-Unis. C'Ă©tait une information nĂ©gative et pourtant le marchĂ© a bien rĂ©agi parce quâil estime justement que la Fed pourrait ĂȘtre poussĂ©e Ă assouplir sa politique...
Ce qui s'est passĂ© montrĂ© qu'une mauvaise nouvelle Ă©conomique peut avoir un effet positif sur les marchĂ©s. GĂ©nĂ©ralement, le marchĂ© a environ six Ă neuf mois dâavance sur la macro.
Il nâest donc pas exclu que les marchĂ©s repartent plus vite que prĂ©vu ?
Je pense que nous devrions continuer Ă ĂȘtre dans un marchĂ© assez volatile avec une petite spĂ©cificitĂ© tout de mĂȘme : on sent bien quâune grande partie des mauvaises nouvelles ont Ă©tĂ© intĂ©grĂ©es. Elles ont moins dâimpact sur les marchĂ©s par rapport aux âbonnes nouvellesâ.
Reste les alĂ©as gĂ©opolitiques. Il ne faut pas exclure que le conflit en Ukraine sâenlise et que la Russie durcisse encore le ton. Cela pourrait avoir des consĂ©quences sur lâapprovisionnement en Ă©nergie, et donc de facto sur lâĂ©conomie.
Vous parlez Ă juste titre de lâincertitude gĂ©opolitique. Que pensez-vous de lâincertitude bancaire alors que Credit Suisse semble connaĂźtre dâimportantes difficultĂ©s ?
Le secteur bancaire nâest pas Ă lâabri. AprĂšs il faut bien voir que tout dĂ©pend de la nationalitĂ© des banques, de leur taille et de leurs difficultĂ©s. Il peut y avoir des problĂšmes de liquiditĂ©s ou de garantiesâŠ
Mais comme tout le monde a les yeux rivés sur les banques depuis la crise des subprimes en 2008, les autorités sont vigilantes. Il faut aussi savoir prendre de la distance avec ce qui est parfois dit et véhiculé à tort sur les réseaux sociaux.
On peut donc Ă©carter un scĂ©nario Ă la âLehman Brothersâ ?
Beaucoup de choses ont changĂ© depuis 2008. Nous nâavons plus les mĂȘmes niveaux de garantie et de prises de risque. Lâimmobilier sâest effondrĂ© en 2008 car il y avait une montagne de prĂȘts Ă taux variables qui Ă©taient, pour ne rien arranger, sur-titrisĂ©s. Aujourd'hui, les taux variables sont largement moins importants et rĂ©pandus aux Ătats-Unis. Je ne dirai pas forcĂ©ment ça du marchĂ© britanniqueâŠÂÂÂÂ
Cette Ă©dition a Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e avec â€ïž par RaphaĂ«l Bloch et GrĂ©gory Raymond. The Big Whale est un mĂ©dia libre et indĂ©pendant. En nous soutenant, vous participez Ă son dĂ©veloppement.
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Avant dâinvestir dans un produit, lâinvestisseur doit comprendre entiĂšrement les risques et consulter ses propres conseillers juridiques, fiscaux, financiers et comptables.