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TBW #29 : Ces banquiers qui adoraient Celsius

TBW #29 : Ces banquiers qui adoraient Celsius

TBW #29 : Ces banquiers qui adoraient CelsiusTBW #29 : Ces banquiers qui adoraient Celsius

Retrouvez toutes les informations de la 29ème newsletter Premium de The Big Whale.

En attendant que la SEC fasse son travail, le jeton de gouvernance de la collection, le ApeCoin, a fortement chuté (-8%).

Ce n’est pas la première fois qu’un projet crypto basé aux États-Unis est touché par une enquête inopinée des autorités. Et si on vous en parle, c’est que cette nouvelle affaire est l’illustration parfaite de ce que le futur règlement européen MiCA pourrait apporter aux entreprises installées sur notre continent : de la visibilité et de la sécurité juridique.

Même si le texte de MiCA nécessite encore d’être amélioré, et beaucoup d’acteurs le demandent, aucun secteur ne peut se développer durablement sans cadre réglementaire clair. Ceux qui rejettent aujourd'hui tout encadrement devront assumer qu'il y ait demain des cas comme celui de Yuga Labs en Europe.

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THE BIG NEWS

NOS INFORMATIONS EXCLUSIVES

👉 Ces banquiers qui adoraient Celsius

Chaque semaine, ou presque, la plateforme de lending Celsius 🇺🇸 est au coeur d’un nouveau scandale. La semaine dernière, c’était à cause de la fuite en ligne de son fichier clients : plus de 14.000 pages avec des milliers de noms et le solde de leurs comptes ! The Big Whale s’est plongé dedans et a identifié plusieurs banquiers européens, et pas des moindres. Selon nos informations, certains d’entre eux travaillent pour des établissements aussi connus que HSBC et BNP Paribas et avaient des comptes - bien garnis - sur la plateforme qui se débat aujourd’hui pour ne pas faire faillite. Pourquoi ont-ils utilisé le service de Celsius, dont le patron, Alex Mashinsky, ne cessait de taper sur les banques (on se souvient de lui avec un t-shirt “Les banques ne sont pas nos amies”) ? Sûrement pour tester le système mais aussi, et surtout, pour profiter des juteux rendements qui ont causé la perte de la plateforme.

👉 Les NFT Ballon d’or : top ou flop ?

Le Ballon d’Or, sa grande cérémonie et ses… NFT. Comme vous le savez peut-être, le magazine L’Équipe a lancé en septembre une série de NFT pour accompagner l’événement qui couronne chaque année les meilleurs joueurs et joueuses de football de la planète ! Trois NFT exceptionnels ont déjà été vendus et permettront à leurs heureux propriétaires d’assister lundi prochain à la remise du trophée à Paris. Mais certains s’interrogent sur la vente des autres NFT - 2022 au total - qui doit se dérouler dans les prochaines semaines. Car si les 3 premiers jetons sont partis facilement (autour de 2000 euros aux enchères), rien ne garantit que les autres connaîtront le même succès. D’abord parce qu’ils n’offrent pas les mêmes droits (il donnent essentiellement accès à des produits dérivés). Puis parce que même s’ils sont moins chers (200 euros), il faudra trouver du monde pour les acheter à un moment où le marché cryptos n’est pas au plus haut. Signe de la tendance, plusieurs influenceurs cryptos francophones ont été “gentiment” appelés à la rescousse pour promouvoir le projet. Certains d’entre eux se sont même vu proposer des billets pour la cérémonie 😉.

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THE BIG STORY

­­Pour Tezos, le compte à rebours a commencé

­Conçue pour les très grandes entreprises, la blockchain Tezos peine à sortir de l’ombre du géant Ethereum. Elle mise sur de nouvelles innovations pour faire son retard. Mais est-ce possible ?

­­­­Quel est le point commun entre Ubisoft, Société générale, Guerlain et Manchester United ?

La blockchain Tezos.

Toutes ces marques connues mondialement travaillent avec le protocole d’origine française. Et en dépit d’un écosystème encore relativement modeste (nombre d’applications et d’utilisateurs) Tezos continue d’attirer chaque mois de nouveaux noms. “Il faut leur reconnaître un certain talent”, souligne Stanislas Barthélémi, expert et consultant blockchain chez KPMG.

Lancée en 2018 avec la participation de chercheurs de l’Inria (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique) et la promesse d’être la blockchain la plus “évolutive”, Tezos séduit beaucoup de clients grâce à deux choses : d’abord un discours très tourné vers les entreprises. Puis, et surtout, un système d’équipes opérationnelles financées par sa fondation pour aider n’importe quelle entreprise à utiliser le protocole.

Ces “équipes de choc” sont présentes dans différents pays, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Inde et bien sûr en France. La plus connue d’entre elles est sûrement Nomadic Labs, qui compte environ 75 salariés à Paris.

Nomadic Labs a un discours bien rodé et les grandes entreprises sont au coeur. “Ce sont elles qui touchent un très large public”, souligne Hadrien Zerah, numéro deux de Nomadic. “C’est parfois long de les faire basculer sur des blockchains”, concède-t-il. Mais le jeu en vaut la chandelle. Travailler avec quelques grands groupes donne de la visibilité, de la crédibilité, et surtout permet de se différencier de la concurrence. Et il y en a !

Le principal défi pour Tezos est de gérer la montée en puissance inexorable d’Ethereum. Une tâche qui s’annonce particulièrement compliquée. Outre le fait que la blockchain créée par Vitalik Buterin dispose d’une capitalisation plus de 130 fois supérieure à celle imaginée par Arthur Breitman (158 milliards de dollars contre 1,2 milliard de dollars), Ethereum est également davantage utilisée.

Surtout, elle n’est plus énergivore comme avant. Avec le passage au Proof-of-Stake - preuve d’enjeu - en septembre, la deuxième plus importante blockchain de la planète derrière Bitcoin (368 milliards de dollars) consomme beaucoup moins d’électricité.

Tezos ne peut donc plus critiquer l’impact environnemental de son concurrent alors que c’était l’un de ses points différenciant. “Ce n’était déjà plus un argument depuis quelques temps”, tempère Arthur Breitman, le Français qui a conceptualisé Tezos en 2014 et qui siège au conseil d'administration de la fondation. “Beaucoup de blockchains proposent désormais un consensus moins énergivore. L’écosystème Tezos trace son chemin indépendamment d’Ethereum”, avance-t-il.

La “scalabilité” de Tezos

Selon le Français qui vit aux États-Unis, c’est la scalabilité de Tezos, c'est-à-dire sa capacité à passer à l'échelle, qui pourrait faire la différence. “Ethereum a mis près de 8 ans à implémenter la preuve d’enjeu alors que c’était opérationnel dès 2018 chez Tezos”, glisse-t-il, en ajoutant : “Combien de temps mettront-ils à réellement décupler le nombre de transactions ?”

À partir de sa mise à jour “Lima”, programmée mi-décembre, Tezos proposera des solutions “rollups”. L’avantage de ce système, qui sera directement intégré dans le protocole, est qu’il permet d'augmenter drastiquement le nombre de transactions.

De son côté, Ethereum a besoin de passer par des solutions plus “centralisées” (Optimism, Arbitrum, etc.) pour augmenter les volumes. “Avec Tezos, toutes les entreprises pourront facilement développer leurs propres solutions de scalabilité en adéquation avec leurs besoins”, avance Hadrien Zerah de Nomadic Labs.

On peut toutefois se questionner sur la priorité donnée à un tel développement. Tezos n’a encore jamais eu assez d’activité pour remplir la totalité de ses blocs de transactions… “Le réseau n’a actuellement pas besoin de ces capacités, mais cela viendra”, explique Arthur Breitman. “En développant le protocole le plus performant possible, nous offrons l’opportunité à des projets extrêmement gourmands d’imaginer des applications blockchains sur Tezos.”

Un discours qui plaît à certains. Du côté d'Ubisoft, on se réjouit d'avoir opté pour cette technologie. “Tout ce que l'on voulait faire a correctement fonctionné. Les équipes de Nomadic nous ont permis de monter en compétences”, explique Didier Genevois, Tech et Product Director au Lab du géant des jeux vidéo.

Pour Fatih Balyeli, le patron d’Exaion, la filiale blockchain du groupe EDF, le choix de Tezos dès 2020 est apparu comme évident pour des raisons liées à sa sobriété énergétique et la présence des experts de Nomadic Labs. “C’est une très bonne technologie et nous continuerons à travailler dessus dans le futur”, assure-t-il.

EDF est un soutien de poids pour Tezos. Peut-être d’ailleurs le plus important d’entre eux. Mais l’électricien public ne veut toutefois pas mettre tous ses œufs dans le même panier et travaille aussi avec d’autres comme… Ethereum.

Selon nos informations (lire notre article), sur les 300 nœuds gérés par Exaion (tous protocoles confondus), plus de la moitié sont désormais sur Ethereum alors que Tezos a longtemps été majoritaire.

Même son de cloche chez Ubisoft : “Même si nous avons développé beaucoup de choses sur Tezos, la réduction de la consommation énergétique d'Ethereum a rebattu les cartes”, souffle Didier Genevois. Tezos est donc prévenu.

Le problème : Ethereum a 4 ans d’avance

Plus largement, le problème de Tezos et des autres blockchains est qu’Ethereum, en plus de conserver son avance, ne cesse de l'accroître. “Les alternatives à Ethereum (Cardano, Solana, ndlr) comptent beaucoup moins de développeurs, leurs langages de programmation sont moins maîtrisés et les outils qui servent à déployer les smart contracts manquent de maturité”, pointe Stanislas Barthélémi de KPMG.

Lorsque l’on compare la valeur totale immobilisée dans les applications de finance décentralisée (DeFi) de Tezos, celle-ci dépasse péniblement les… 35 millions de dollars. De son côté, Ethereum galope en tête avec 31 milliards de dollars, oui milliards ! Et quand on regarde le nombre d’applications DeFi disponibles, le rapport est tout aussi déséquilibré (576 contre 13).

Tezos préfère mettre l’accent sur la vivacité de son écosystème artistique qui utilise de plus en plus ses NFT :

  • Une exposition spéciale, #CleanNFT Gallery, aura lieu en février 2023 à Paris
  • La plateforme d’échange Objkt multiplie les projets

Néanmoins, c’est sans commune mesure avec OpenSea, son équivalent sur Ethereum : quand Objkt affiche 1,6 million de dollars de valeur échangée sur les 30 derniers jours (transaction moyenne à 11,4 dollars), OpenSea plastronne à 336 millions de dollars (200 dollars).

“L’avance d’Ethereum s’explique principalement par son antériorité”, tente de justifier Hadrien Zerah. “Il a fallu développer tous les outils, comme les wallets ou les langages des smart contracts. Cela a mis au moins deux ans pour que tout soit totalement opérationnel”, concède-t-il.

Un retard qui se paye toutefois cash aujourd’hui… Pendant que Tezos se développait, les autres projets, surtout les plus disruptifs (MakerDAO, Uniswap et Compound principalement), sont logiquement allés là où les outils étaient prêts. C’est-à-dire sur Ethereum.

L’innovation de la dernière chance ?

Tezos n’a pas pour autant rendu les armes et l’arrivée d’une innovation de rupture pour se relancer est attendue. Il sera bientôt possible de développer des applications Web3 avec des langages de programmation informatique courants (Java, C++, Rust, Javascript, etc.). De là à faire tourner un jeu vidéo entièrement sur Tezos ? Cela paraît encore très loin.

Mais il sera plus facile d’avoir des jeux intégrant des briques Web3 (tokens utilisables dans le jeu, NFT, système de traçabilité, etc.). La date est encore inconnue. Selon nos informations, la fin d’année 2022 est un calendrier envisageable.

“Nous pourrons écrire du code sans passer par les langages Web3. Cela permettra de toucher des communautés de développeurs beaucoup plus larges”, insiste Hadrien Zerah de Nomadic. Toujours dans le domaine du jeu vidéo (Ubisoft est un partenaire important de Tezos), certains envisagent de remettre au goût du jour d’anciens jeux à la sauce Web3. Imaginez une aventure de Rayman utilisant des tokens et des NFT…

“Les banques et les studios de jeux vidéo avec qui nous discutons ont immédiatement compris l’intérêt de Tezos. Ils pourront plus facilement déployer des usages avec les langages qu’ils maîtrisent déjà", ajoute Hadrien Zerah. Est-ce que cela sera suffisant pour inverser la tendance ? Réponse d’ici quelques mois…

Le point fort : la manne financière de la fondation

En attendant, l’écosystème Tezos ne manque pas de ressources et a de quoi voir venir grâce aux subventions versées par sa généreuse fondation installée à Zoug (Suisse). “Le gros avantage de Tezos est que son organisation distribue beaucoup de financements, ce qui est moins le cas de la fondation Ethereum”, décrypte Stanislas Bathélémi de KPMG.

Selon nos informations, il suffit de deux à trois semaines pour savoir si on est éligible ou pas. Et les sommes peuvent être conséquentes : certains projets ont reçu plus de 500.000 dollars !

“Pour les entreprises qui se posent des questions sur l’intérêt de lancer un projet sur la blockchain, Tezos a encore l’avantage de ne pas coûter cher puisqu’ils peuvent être subventionnés”, souligne le consultant. Le risque pour Tezos, c’est qu’une fois que le sujet est maîtrisé par les entreprises, celles-ci plient bagages et filent sur Ethereum...

Tezos n’est toutefois pas le seul protocole à pratiquer cette politique. Il est courant que d’importants programmes de financement soient mis en place pour soutenir l’activité d’une blockchain. “Cela revient parfois à arroser le désert”, constate Stanislas Barthélémi.

Au 30 juin, la fondation Tezos disposait d’une réserve de 655 millions de dollars. Mais cet argent n’est pas infini, surtout en bear market. Depuis le début de l’année, la réserve de la fondation a fondu de 50% !

Son trésor de guerre est majoritairement constitué de bitcoins (-67% depuis un an) et de XTZ, la cryptomonnaie de Tezos (-81% depuis un an). “La marge de manœuvre de la fondation s’est considérablement réduite avec les conditions de marché”, observe Stanislas Barthélémi. Surtout que les dépenses s’accélèrent : le sponsoring du club de football Manchester United, signé en février 2022, n’est pas anodin.

Selon la presse spécialisée, Tezos va débourser 23 millions de dollars par an pour être sur le maillot d’entraînement des stars anglaises ! “Il faut que Tezos trouve rapidement son public et ses cas d’usage”, conclut Stanislas Barthélémi. Sans quoi il sera beaucoup plus difficile de continuer à attirer les grandes marques.

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THE BIG FOCUS

“La France a une longueur d’avance sur le Web3”

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Eric Anziani

­­­­La plateforme d’échange singapourienne Cryptocom (50 millions d'utilisateurs) a annoncé hier son intention d’installer son siège européen à Paris. Son numéro deux, Éric Anziani, nous explique pourquoi.

The Big Whale : En quoi le marché français est-il intéressant pour vous ?

Éric Anziani : Plusieurs études ont récemment montré que les Français n’étaient pas les plus gros utilisateurs de cryptos. Moins de 10% d’entre eux en déjà acheté alors que dans certains pays c’est beaucoup plus. Le taux d’adoption peut atteindre 15, 20, voire 30% ! Vu l’appétit des Français pour les nouvelles technologies, ça vous donne une idée de la marge de progression.

La France est également un pays où il y a beaucoup de talents, avec des ingénieurs très bien formés, de bonnes écoles de commerce et des universités de qualité. Tout cela concourt au fait que la France est attractive pour les acteurs du Web3.

Que pensez-vous de la politique du gouvernement sur le Web3 ?

C’est sûrement l’une des principales raisons qui nous ont poussés à choisir Paris pour notre siège européen. Nous avons ressenti une réelle volonté politique de supporter les acteurs mondiaux du Web3. Depuis quelques mois, nous avons une relation très constructive avec les régulateurs, les ministères du Budget et du Numérique, mais aussi l’Élysée (lire notre interview exclusive avec Emmanuel Macron).

Comme Singapour, la France a été pionnière dans le secteur en mettant en place très tôt un régime spécifique pour les cryptos (depuis 2019, ndlr). D’une manière générale, les acteurs publics comprennent mieux le sujet grâce à leur expérience. La France a une longueur d’avance sur le Web3.

Le marché européen est-il crucial à vos yeux ?

C’est notre plus gros marché après l’Amérique du nord, et devant l’Asie. Nous travaillons avec plusieurs régulateurs européens et l’arrivée de la réglementation MiCA va nous permettre de nous déployer plus rapidement.

Allez-vous candidater pour l’agrément PSAN ?

Pour l’instant nous disposons seulement de l'enregistrement PSAN (prestataire de services sur actifs numériques) en France qui nous permet de nous adresser spécifiquement au marché français.

L’agrément, qui est l’étape suivante, est plus exigeant et va être étendu à l’échelle européenne grâce à MiCA à partir de 2024. Je crois savoir qu’il y a plusieurs dossiers en cours d’évaluation sur le bureau de l’Autorité des marchés financiers (AMF) et j’espère pour la France que c’est quelque chose qui va se développer ici (aucun agrément n’a encore été délivré, ndlr).

Vous avez annoncé un investissement de 150 millions d’euros en France, où les fonds seront-ils dirigés ?

Evidemment vers notre futur siège européen. Nous allons recruter du monde à Paris ! Et nous allons également investir au moins 50 millions d’euros dans l’écosystème Web3 français et surtout ses start-ups.

>> Lire notre article : Cryptocom fait de Paris son siège européen

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Cette édition a été préparée avec ❤️ par Raphaël Bloch et Grégory Raymond. The Big Whale est un média libre et indépendant. En nous soutenant, vous participez à son développement.

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