Reading
TBW Premium #9 : Les ambitions de MakerDAO, le fonds de Ledger...

TBW Premium #9 : Les ambitions de MakerDAO, le fonds de Ledger...

TBW Premium #9 : Les ambitions de MakerDAO, le fonds de Ledger...TBW Premium #9 : Les ambitions de MakerDAO, le fonds de Ledger...

Retrouvez toutes les informations de la 9e newsletter Premium de The Big Whale.

THE BIG NEWS

­­­Nos informations exclusives

­­👉 Request Finance lève 5 millions d’euros

N’importe quelle entreprise qui a déjà payé ou reçu un paiement en cryptos sait quelles contraintes cela peut représenter. Notamment sur la gestion des factures et le contrôle des opérations a posteriori ! La start-up française Request Finance l’a bien compris et propose depuis 2020 une solution tout-en-un de facturation et de paiement en monnaies numériques. Le système est assez simple : l’entreprise ou le freelance connecte son wallet à la plateforme qui va gérer les paiements entre les parties et toute la facturation. Déjà plus de 2000 sociétés utilisent ses services. Un “succès” qui n’a évidemment pas échappé aux investisseurs, comme Balderton, XAnge et Animoca Brands, qui viennent de mettre 5 millions d’euros dans la start-up française. “Certains de nos clients sont des géants du secteur comme Aave, Fantom, Polygon, Decentraland et The Sandbox”, explique son patron Christophe Lassuyt. Avec cette levée et des moyens supplémentaires, d’autres “géants” pourraient rapidement suivre.

👉 L’AMF décide (finalement) d’encadrer le lending et le staking

C’est un changement passé plutôt inaperçu, mais qui en dit long sur les conséquences de l’effondrement de l’UST sur une partie de l’écosystème français. Le 1er juin, l’Autorité des marchés financiers (AMF) a “mis à jour” sa doctrine en indiquant que les activités de staking et de lending (qui consistent à faire travailler les cryptos de clients en échange de rendement) s’apparentaient désormais à des services sur actifs numériques… Interrogée par The Big Whale début mai, l’AMF avait pourtant indiqué ne pas vouloir intervenir sur le sujet. Mais l’ampleur de l’affaire, l’a semble-t-il pousser à agir. À partir de maintenant, les sociétés qui proposent ce genre de services pourraient avoir l’obligation de s’enregistrer en tant que Prestataire de services sur actifs numériques (PSAN) auprès du gendarme boursier pour exercer en France. Selon nos informations, l’AMF a en outre sommé les différents PSAN de lever le voile sur leurs offres de rendement sur cryptos. Une source proche du dossier critique le manque de transparence de certaines entreprises. Certaines n’hésiteraient pas à s’aventurer dans des placements particulièrement exotiques et risqués.

THE BIG STORY

­­­Mariano Di Pietrantonio (MakerDAO) : “Nous voulons devenir le premier fournisseur mondial de crédits”

­­­

👉 L'actu. Nous avons rencontré en Argentine l’un des architectes du protocole MakerDAO et de son stablecoin dollar DAI.

👉 Le contexte. L’effondrement de l’UST a mis la lumière sur les vertus de son système décentralisé.

👉 Pourquoi c'est important. MakerDAO fournit des prêts en DAI pour pallier l’inefficience du secteur bancaire.

The Big Whale : Vous êtes l’une des figures de la crypto en Argentine. Quand avez-vous démarré dans le secteur ?

Mariano Di Pietrantonio : Tout a commencé avec le bitcoin en 2011. À l’époque un ami m’a dit “tu devrais en acheter”. Vu que je suis un peu curieux, j’ai regardé, mais sur le moment je n’ai rien compris à ce que c’était, donc j’ai passé mon chemin. J’ai étudié l’économie “classique” à l’université, donc je me disais que ça n’avait aucun intérêt, que Bitcoin se résumait à ce que l’on entend à chaque fois, c’est-à-dire des machines qui consomment beaucoup d’électricité. En 2011, presque personne ne parlait du bitcoin, c’était un sujet assez confidentiel. Il n’y avait pas des milliers de vidéos sur YouTube pour comprendre comment ça marche, les grands magazines n’en parlaient pas. On ne trouvait des informations que sur d’obscurs forums.

À quel moment le déclic est-il venu ?

Il s’est passé un peu de temps. J’ai vu le bitcoin passer les 5 dollars, puis les 10, les 20, les 100, et je me suis dit qu’il fallait quand même comprendre ce que c’était. Le fameux déclic est arrivé en 2014. Je me souviens, c’était un matin, je me faisais un café, j’étais sur mon ordinateur et ça a été comme un énorme coup de massue sur la tête. Tout ce que j’avais lu sur Bitcoin s’est d’un coup mis en ordre, comme par magie. J’ai compris que Bitcoin et les cryptos allaient tout changer. J’ai quitté mon job de développeur et j’ai commencé à aller dans tous les événements crypto pour rencontrer d’autres passionnés. C’est à ce moment-là que j’ai découvert MakerDAO qui venait tout juste d’être créé. Quelques semaines après, j’ai rencontré Mariano Conti (cofondateur de MakerDAO, ndlr) qui était surpris que je connaisse son projet embryonnaire ! C’est comme ça que j’ai rejoint l’organisation.

Et vous ne l’avez pas quitté depuis. Mais pourquoi MakerDAO ? Pourquoi les stablecoins ?

Pour moi, il n’y a que trois cryptos qui comptent vraiment et qui dépasseront les 1000 milliards de dollars de capitalisation : Bitcoin parce que c’est la première crypto et de l’or numérique, Ethereum parce que c’est la nouvelle infrastructure financière, et les stablecoins. J’aurais pu travailler sur d’autres projets, mais j’ai décidé de me concentrer sur les stablecoins parce qu’ils ont un potentiel énorme. On les réduit trop souvent à des cryptomonnaies “stables”, mais c’est bien plus que cela. On peut faire plein de choses avec, ils sont tous très différents, même si aujourd’hui beaucoup sont mal conçus et explosent en vol…

Vous pensez à l’UST du projet Terra ?

Oui évidemment. Juste après le crash de l’UST, nous avons vu les autorités du monde entier monter au créneau. Même la secrétaire au Trésor américain, Janet Yellen, s’est exprimée en disant qu’il fallait réagir. Mais ça fait des mois que nous disons qu’il y a un problème avec l’UST et Terra. Donc allez-y, faites-le, régulez. Mais ne mettez pas tout le secteur dans le même sac.

Redoutez-vous cette régulation ?

Les choses sont assez simples : il y a des stablecoins centralisés basés et localisés, notamment aux États-Unis. Ce sont les stablecoins comme l’USDC de Circle et l’USDT de Tether (Lire notre grand dossier sur les stablecoins). Ceux-là sont sensibles à la régulation. Et puis il y a des stablecoins décentralisés et non localisés comme le DAI de MakerDAO. Nous ne répondons pas aux mêmes normes.

Et l’Europe dans tout ça ?

Il y a des stablecoins euros, mais regardez le marché… Tous les gros projets centralisés sont déjà indexés sur le dollar, sauf justement ceux comme le DAI qui sont des produits totalement décentralisés.

Est-ce que vous travaillez sur un DAI en euro ?

Cela fait partie des sujets sur la table. Certains au sein de MakerDAO poussent pour qu’on le fasse. Nous verrons bien.

Qu’est-ce qui fait la spécificité du DAI ?

Je vois souvent sur les réseaux sociaux des gens qui comparent le DAI à l’USDC ou à l’USDT, ce qui n’a aucun sens. Circle et Tether ne sont pas des entreprises technologiques, mais des entreprises financières. Ils sont comme des banques à Wall Street. Ils émettent un token ERC20 et ils ont une réserve en face, c’est tout. N’importe qui à Wall Street pourrait faire comme eux. C’est d’ailleurs pour ça qu’ils sont soutenus par les banques, alors que si vous regardez MakerDAO, c’est totalement différent. Nous sommes une organisation décentralisée qui permet à n’importe qui de créer un stablecoin en apportant ses crypto-actifs.

En mars 2020, le krach sur les marchés a failli vous emporter. Depuis, une grande partie de la réserve du DAI est quand même basée sur de l’USDC, qui est un stablecoin centralisé. N’est-ce pas paradoxal ?

Il y a aussi beaucoup d’ethers. Ce n’est pas un problème qu’il y ait de l’UDSC. Ce qu’il faut c’est qu’il n’y ait pas que ça, que la réserve soit très diversifiée et facilement modulable.

Que se passerait-il si l’USDC était interdit ?

On trouvera une alternative. Nous sommes capables de nous adapter à toutes les situations, comme nous l'avons déjà montré.

Comment MakerDAO est-il géré ?

Nous sommes une DAO donc nous n’avons pas de dirigeant comme dans les entreprises classiques. Nous gérons le projet collectivement avec un peu plus de 200 personnes à travers la planète. Tout le monde est payé grâce aux revenus de MakerDAO. On gagne de l’argent. Sur les six derniers mois, on a généré 100 millions de dollars de revenus, ce qui est plutôt pas mal. Toutes nos décisions sont prises par vote.

Et il y a constamment consensus dans la communauté ?

Non, tout le monde n’est pas d’accord et c’est normal. Il y a d’ailleurs de plus en plus de divergences au sein du projet avec des “chapelles”, ce qui ne nous empêche pas d’avancer.

Quelle est votre mission au sein de la DAO ?

Je suis responsable des partenariats et du marketing de MakerDAO, et il y a beaucoup de travail parce qu’on ne communique pas assez sur ce que l’on fait. Évidemment l’écosystème nous connaît, mais notre but est d’être utilisé bien au-delà du cercle des connaisseurs. Si on s’arrête à ce cercle, on n’atteindra pas la taille critique.

Qu’est-ce qui est le plus important pour MakerDAO ?

Notre boussole, c’est la sécurité. Quand je dis sécurité, je parle de la sécurité au sens large, et notamment la sécurité financière. C’est essentiel et le crash de Terra l’a bien montré. Pendant des mois, Do Kwon et d’autres ont dit qu’ils allaient tuer le DAI. On voit aujourd’hui ce que ça a donné…

Est-ce que vous pensez que le crash de l’UST condamne les stablecoins algorithmiques ?

Il faut arrêter de parler des stablecoins algorithmiques. Ça ne marche pas. Certains porteurs de projet pensent qu’ils sont les seuls à y avoir pensé, mais ce n’est pas pour rien qu’il y a un sur-collatéral dans le système du DAI (pour créer 100 dollars de DAI, il faut mettre 150 dollars de cryptomonnaies). Do Kwon et d’autres pensent qu’ils peuvent faire sans, mais c’est comme en physique-chimie, tu testes des formules, et là celle des stablecoins algorithmique n’est pas stable, donc il faut juste arrêter parce que sinon il y aura d’autres catastrophes. Les stablecoins algorithmiques sont une bombe à retardement.

On parle beaucoup de vous depuis le crash de l’UST. En avez-vous profité ?

Si on parle plus de nous ? Oui bien sûr. Et en même temps c’est normal, certains projets comme Terra n’ont pas arrêté de dire qu’ils allaient nous “tuer”, donc forcément… Après personne ne peut se réjouir de la situation. Des centaines de milliers de personnes ont perdu beaucoup d’argent. Maintenant il faut avancer. Le plus important aujourd’hui c’est de continuer à développer MakerDAO et d’expliquer aux gens pourquoi ils doivent utiliser le DAI et tous nos autres services.

Quel est le but final de MakerDAO ?

Nous voulons tout simplement devenir le premier fournisseur mondial de crédits. Comme ça, cela peut paraître fou, mais la finance décentralisée va connaître une croissance énorme. Plus de 2 milliards de personnes n’ont pas accès à un compte bancaire et aux services financiers. Ils ne peuvent pas emprunter de l’argent. C’est le cas en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud. La DeFi et les stablecoins se sont développés en Argentine pour ces raisons. À partir du moment où vous avez un smartphone, vous pouvez acheter des cryptos, les placer dans la DeFi et faire un emprunt en DAI. Vous pouvez ensuite les dépenser en vous payant un café, ou bien une maison. C’est aussi simple que ça.

Pensez-vous que cela va arriver aux États-Unis et en Europe ?

Aux Etats-Unis et en Europe vous avez des banques, les gens ont accès au crédit, donc pour l’instant ce n’est pas trop la priorité. Mais la finance décentralisée n’en est qu’à ses débuts. Elle a l’avantage d’être beaucoup moins chère que son équivalent traditionnel, je pense qu’elle se développera pour cette raison dans les économiques avancées.

Sur tous les services que MakerDAO développe, quel est celui sur lequel vous êtes les plus avancés ?

Clairement ce sont les prêts. Vous pouvez déposer vos cryptos et récupérer des DAI. Après on travaille sur de la collatéralisation avec des actifs physiques, c’est-à-dire que vous pouvez obtenir des DAI en déposant des actifs réels tokénisés, comme de l’immobilier. L’autre produit sur lequel on travaille et qui est très sympa, c’est un système de smart contrat qui peut être implémenté dans d’autres protocoles de DeFi comme Aave ou Compound et qui permet de maintenir des taux fixes. C’est très utile lorsqu’il manque de la liquidité dans une pool et qu'il y a des grosses variations de taux. Comment cela fonctionne ? Le contrat est lié à la pool et lorsqu’il manque de la liquidité, vous pouvez créer des DAI pour éviter des variations brutales. Lorsque la liquidité est faible, les taux montent. Et c’est l’inverse lorsque la liquidité est trop importante. C'est assez révolutionnaire à mes yeux !

Depuis six mois, la banque Société générale, via sa filiale Forge, fait des tests avec des prêts en DAI. Quels sont les résultats de ces tests ?

Les tests sont encore en cours, mais ça fonctionne bien. Le fait qu’une banque européenne comme Société Générale se mette à la DeFi est un signal fort. Ces expérimentations vont se multiplier. D’autres banques vont bientôt faire de même. Aucune institution financière ne pourra demain passer à côté de ses canaux de financement.

Comment expliquez-vous que l’Argentine soit “si en pointe” sur le sujet des cryptos ?

Cela fait des décennies que nous vivons avec l’une des pires monnaies du monde et un système financier complètement à côté de la plaque. En même temps, les Argentins sont très bien formés, donc ça crée un contexte très favorable au développement des cryptos. Les Argentins vivent avec plusieurs monnaies, des taux officiels, officieux. C’est un environnement tellement compliqué qu’on est obligé de s’adapter. Ça fait des décennies que les Argentins se préparent sans le savoir à l’arrivée des cryptomonnaies.

Comment voyez-vous l’avenir des monnaies ? Quelle place pour les stablecoins ?

C’est très compliqué à dire. Les choses évoluent vite et sans qu’on sache vraiment dans quelle direction. Mais je pense que plusieurs monnaies co-existeront et qu’on pourra les utiliser en même temps un peu partout. C’est ce qui se passe déjà en Argentine. Et ça va arriver dans tous les pays. Il y aura des monnaies numériques de banques centrales, des stablecoins, des cryptomonnaies. On les utilisera en fonction de nos besoins.

Mais ni la Fed, ni la BCE ne laisseront faire. Vous savez qu’aux Etats-Unis et en Europe, il n’y a qu’une seule monnaie disponible…

Oui mais ils n’auront pas le choix. Cela va s’imposer à eux.

THE BIG FOCUS

­­­Ledger et Cathay lancent un fonds de 100 millions d'euros : “C’est le meilleur moment pour investir”

­­­

­­

La star de la sécurisation des cryptos et le spécialiste du capital-risque Tech présentent un fonds d'investissement de 100 millions d’euros dédié aux start-up du Web3. Bpifrance fait partie des investisseurs.

­­­Presque tous les membres de l’écosystème crypto le savent : les périodes de “bear market” sont les meilleures pour investir. Et Ledger fait partie des acteurs qui le savent peut-être mieux que personne. Alors que beaucoup se retirent du marché en attendant que le bitcoin et les autres cryptos retrouvent leurs sommets, le géant français (et mondial) de la conservation d’actifs numériques a annoncé hier le lancement d’un fonds de 100 millions d’euros dédié au Web3. L’objectif ? Profiter du contexte pour dénicher les pépites. “On sort d’un bull market assez dingue et c’est maintenant que les futurs champions se créent. C’est le meilleur moment pour investir”, explique son patron Pascal Gauthier.

Le fabricant du Nano, un portefeuille numérique qui s’est déjà écoulé à 5 millions d’exemplaires, n’est pas seul dans l’aventure. Le fonds a été co-créé avec l’un de ses actionnaires, le français Cathay Innovation. Déjà très présent sur les thématiques liées à la Tech, Cathay Innovation, qui gère 4 milliards d’euros d’actifs, veut accélérer sur le Web3 et va s’occuper du “déploiement” des fonds, c’est-à-dire de l’investissement. “Ledger apporte son expertise technique et nous, notre expertise financière”, complète Denis Barrier, cofondateur de Cathay Innovation.

Ce fonds 100% Web3 est le premier du genre en France. Bpifrance, qui a investi dans une dizaine de projets cryptos, a pris un ticket. D’autres grandes entreprises sont de la partie (on saura bientôt lesquelles), ainsi que quelques investisseurs particuliers. Ledger et Cathay ont déjà commencé à investir une partie des 100 millions d’euros. “On devrait annoncer quelques opérations dans les semaines qui viennent”, explique Denis Barrier.

Au total, le fonds vise une vingtaine d’opérations, avec des tickets allant de 200.000 euros à 5 millions d’euros. Élément qui a son importance, si le fonds est français (cocorico🐓) son terrain de jeu est, lui, mondial. “On est dans une industrie globale. Ça n’a pas de sens de se borner à la France ou à l’Europe”, martèle Pascal Gauthier. Les premiers investissements du fonds donneront une idée de là où ils veulent mettre précisément le curseur.

Cette édition a été préparée avec ❤️ par Raphaël Bloch et Grégory Raymond. The Big Whale est un média libre et indépendant. En nous soutenant, vous participez à son développement. PS : c'est très sympa de faire tourner cette édition à vos amis, mais profitez en pour leur dire de s'abonner.

Tout ce qui compte en Web3. Chaque semaine.
25€/mois
12.5€/mois
Offre disponible jusqu’au 30.04.2024. 30 jours d’essai gratuit.
S'abonner
Tout ce qui compte dans le web3.
Les meilleurs news et analyses cryptos. Chaque semaine. 100% indépendant.
S'abonner
Dans cet article
No items found.
Prochain article
No items found.
Dans cette catégorie
No items found.