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TBW Premium #12 : Dernière ligne droite pour MiCA, les ambitions de Bpifrance dans le Web3...

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Retrouvez toutes les informations de la 12ème newsletter Premium de The Big Whale.

­­­­­THE BIG NEWS

­­Nos informations exclusives

­­👉 Réunion décisive sur MiCA

La journée s’annonce agitée à Bruxelles. Au lendemain de l’accord provisoire trouvé sur la directive TFR qui vise à lutter contre le blanchiment d’argent sur les transferts de fonds, les autorités européennes vont essayer de trouver un accord d’ici ce jeudi soir sur la très attendue réglementation MiCA, qui doit harmoniser la régulation du secteur crypto au niveau européen (notamment avec la création d’un statut de PSAN européen). L’enjeu est de taille pour la France qui s’était fixée comme objectif de faire aboutir le sujet sous sa présidence de l’UE (1er janvier-30 juin). Mais selon nos informations, il n’est pas sûr qu’un consensus total soit trouvé dans les heures qui viennent. Plusieurs sujets font encore débat, comme la régulation des stablecoins et des NFT. Certains membres du Parlement poussent pour que ces derniers soient soumis à la réglementation des cryptomonnaies, plus contraignante, au lieu de prendre en compte l’actif sous-jacent (art, item de gaming, etc…). En l’absence d’accord global, les discussions “politiques” se poursuivront sous la présidence tchèque, qui prend le relais vendredi, avant la négociation des modalités techniques. 🇪🇺

👉 The SandBox lève (encore) des fonds

C’est un secret de polichinelle : le métavers d’origine française The SandBox est encore en train de lever des fonds. Des fuites sur l’opération ont eu lieu en avril. À l’époque, les chiffres tournaient autour de 400 millions de dollars pour une valorisation de 4 milliards de dollars. Plusieurs sources avaient même évoqué auprès de The Big Whale un montant potentiellement supérieur à 500 millions de dollars ! Or, selon nos dernières informations, la société, qui a récemment doublé ses effectifs en mettant la main sur l’uruguayen Cualit, serait en réalité en train de boucler une série C d’un montant à peu près deux fois inférieur, de l’ordre de 150-200 millions de dollars. La baisse des marchés cryptos, avec un bitcoin autour des 20.000 dollars, est évidemment passée par là. Quelques gros investisseurs potentiels, comme le fonds KKR, ont revu leurs ambitions à la baisse.

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THE BIG STORY

“C'est un bon moment pour investir dans le Web3" 💰

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­­👉 L'actu. Bpifrance vient de mettre plusieurs millions d’euros dans le fonds Web3 de Ledger et Cathay Innovation.

👉 Le contexte. Benjamin Paternot, qui dirige les fonds de la banque publique d'investissement, prévoit de continuer à investir dans ce secteur.

👉 Pourquoi c'est important. Bpifrance et son activité de fonds disposent d’une force de frappe financière considérable (13 milliards d’euros d’actifs sous gestion).

­­­­­­The Big Whale : On a tendance à voir la sphère publique comme un univers plutôt sceptique sur les cryptos et le Web3, voire hostile. Est-ce le cas chez Bpifrance ?

Benjamin Paternot : Absolument pas. Depuis des années, nous sommes un soutien de l’écosystème. Nous avons commencé très tôt par du financement avec des prêts, puis nous sommes montés en puissance ces dernières années sur la partie "equity" avec des prises de participation directes ou via des fonds d’investissements privés. Au total, entre les prêts et les investissements, nous avons déjà accompagné plus de 150 start-up de l’univers crypto et Web3, y compris nos deux licornes françaises Ledger et Sorare dès leur démarrage.

Qu’est-ce qui vous a poussé à passer du prêt à l’investissement ?

L’évolution du marché. Quand nous avons commencé en 2014, l’écosystème était encore jeune, il y avait peu d’acteurs et cela avait du sens d’intervenir avec des prêts pour accompagner un secteur naissant. Aujourd’hui, nous sommes à un autre stade où il y a des dizaines d'entreprises et plusieurs mastodontes comme Ledger et Sorare. Il faut faire grandir ces entreprises, leur permettre de conquérir des marchés, c'est pour cette raison que nous sommes passés à une autre phase avec de l’investissement direct. Nous sommes aussi montés progressivement en puissance en investissant dans des fonds “crypto” comme White Star Digital Assets pour tester le marché. Nous étions le seul institutionnel dans celui-ci. Nous avons mis 7 millions d’euros dans ce fonds de 50 millions d'euros, et jusqu’à présent nous sommes très satisfaits de notre investissement.

Pourquoi avoir démarré avec des fonds comme White Star Digital qui ont plutôt une empreinte nord-américaine ?

Parce qu’à ce moment-là, le marché était plus mature aux États-Unis qu’en France. Néanmoins, c’est une équipe internationale avec beaucoup de francophones, très active en France pour saisir les opportunités et financer en amorçage les start-up du Web3. Mais les choses ont beaucoup changé depuis…

Est-ce pour cette raison que vous avez décidé d’investir dans le fonds Ledger-Cathay Innovation ?

Oui, et ils ne sont pas les seuls à vouloir lancer un fonds dédié au Web3. En France, nous voyons aujourd’hui des fonds comme Alven ou XAnge qui ont identifié la thématique comme étant essentielle dans leur stratégie. C’est une très bonne chose car les entreprises ont besoin de fonds propres. Nous poussons les fonds à aller dans ce sens. D’ici la fin de l’année, nous devrions compter sept ou huit fonds spécialisés Web3 dans notre portefeuille, dont la moitié basés en France ! Avec une telle force de frappe, la France va se positionner comme la tête de pont de l’Europe.

Où en sont les autres pays européens ?

En Allemagne, il se passe des choses, en Suisse et au Royaume-Uni aussi. À l’Est de l’Europe également. Mais ce qu’il se déroule dans l’écosystème tricolore est inédit. Avoir bientôt plusieurs fonds comme celui de Ledger Cathay pour financer du seed et des séries A est essentiel. Cela va changer la dynamique en France, c’est un carburant crucial pour l’écosystème.

Le fonds de Cathay et Ledger ne va pas seulement prendre de l’equity, mais également des tokens émis par les sociétés choisies. Vous êtes alignés sur cette stratégie ?

Bien sûr, c’est même l’un des points essentiels. Nous voulons d’ailleurs que les autres fonds Web3 dans lesquels nous allons investir fassent de même parce qu’une partie de la création de valeur se fait aussi sur les tokens. Les fonds spécialisés que nous choisissons ont une capacité d’investissement en tokens, avec des profils opérationnels très spécialisés et une infrastructure totalement adaptée.

Comment gérez-vous les tokens en interne ?

L’intérêt du système de Ledger et Cathay Innovation, c’est que nous passons par un intermédiaire. Nous sommes investis dans le fonds, donc exposé aux tokens, mais nous ne les détenons pas directement. Ce qui est fondamental, c’est qu'avec cette approche, nous envoyons un signal aux investisseurs : il faut aller sur les deux, capital et tokens.

En quoi les tokens sont-ils importants à vos yeux ?

Parce que dans ce nouveau paradigme de la décentralisation, une partie significative de la valeur va se créer sur les tokens. S'en priver n’a pas de sens. Nous sommes convaincus que c’est un bouleversement. Pour monter en puissance sur la thématique du Web3, il faut y aller, il faut s’exposer, toucher la matière, ce qui n'est pas forcément toujours très simple.

En quoi est-ce compliqué ?

Le secteur des cryptos est naissant, donc tout n’est pas encore très fluide, notamment au niveau des banques et des dépositaires, c’est-à-dire ceux qui assurent la conservation des actifs. Pour le fonds avec Ledger et Cathay Innovation, il a fallu créer une entité dédiée à la détention des tokens distincte de celle que gère l'equity. D’autres gérants font des choix similaires ou sensiblement différents, qui conduisent dans tous les cas à des schémas encore trop complexes. Mais à terme, il faudrait pouvoir facilement rassembler tous les instruments dans un seul et même fonds.

Le premier fonds crypto est de 100 millions. Est-ce que les prochains seront sur la même échelle ?

Difficile de le savoir tellement les choses évoluent vite. D’ici la fin de l’année, il y a aura probablement un ou deux fonds généralistes en "late stage", c'est-à-dire qui participent à des tours de table plus importants. Quelques gros acteurs comme Eurazeo ont les moyens de le faire. Un acteur de ce type peut monter sur des séries B,C et D de plus de 100 millions sans avoir un fonds Web3 pour le faire. Sur des fonds dédiés, il faut y aller crescendo. C’est compliqué de lever 400, 500 millions d’euros lorsque vous vous lancez un fonds de première génération sur une nouvelle thématique. C’est vraiment exceptionnel. Donc si nous sommes lucides et raisonnables, nous souhaiterions qu’il y ait d’ici la fin de l’année au moins 3 fonds de 100 millions d’euros chacun.

Est-ce que des grands groupes comme Carrefour ou LVMH pourraient participer à ces nouvelles initiatives ?

C’est probable. Tout est possible. Les investisseurs stratégiques s’y intéressent et cela pourra prendre la forme de partenariats avec des fonds, comme ils le font déjà sur d’autres thématiques.

Le contexte actuel de baisse des marchés ne pose-t-il pas un problème ?

Cela fait maintenant quelques années que je fais de l’investissement et s’il y a bien une chose que je sais, c’est que les périodes de crise et de post-crise sont toujours sources d’opportunités. Sur les 20 dernières années, ces périodes ont toujours généré des performances attractives. Cela se voit aux États-Unis, en Europe. Dans la crypto comme sur d’autres stratégies, lorsqu’il y a des corrections, c’est plutôt une bonne idée d’investir. Donc je ne suis pas inquiet, au contraire, c'est un bon moment pour investir dans le Web3.

Vous avez évoqué 5 fonds d’origine française, d'où viendraient les autres ?

Plutôt des États-Unis, mais toujours avec une forte empreinte française. Nous ne faisons que reproduire ce que nous avons fait avec d’autres thématiques de la Tech. C’est essentiel d’avoir de bons fonds français pour l’écosystème, mais c’est aussi essentiel d’avoir des investisseurs étrangers et notamment américains qui peuvent ouvrir le marché américain aux acteurs français. C’est ce que nous avons fait avec des fonds comme Cygni. En revanche, nous n'irons pas mettre de l’argent dans une structure 100% américaine qui n’a pas de lien avec l’écosystème français. Quand nous investissons dans un fonds, nous veillons à ce qu'il ait des liens forts avec la France et que cela finance des projets d'ici.

Ne craignez-vous pas que les fonds d’origine américaine fassent migrer des pépites françaises aux États-Unis ?

Le marché des cryptos et du Web3 est mondial. Cela n'aurait aucun sens d’être focalisé sur la France. Tous les acteurs qui réussissent se projettent à l’étranger très tôt, et c’est ce qui fait leur succès, donc nous devons accompagner ce mouvement et permettre aux champions français de devenir des champions européens et mondiaux.

Comment voyez-vous l’écosystème crypto français ?

Ce qui me frappe le plus, c’est sa croissance. Il y a un indicateur très intéressant : l’intérêt des institutionnels. Il y a encore peu, on ne dénombrait qu'un faible nombre d’institutionnels et de fonds qui s’intéressaient vraiment à la thématique, alors qu’aujourd’hui c'est plus répandu. Nous sommes passés d'un marché alimenté par des particuliers et des family offices à un écosystème financé par des acteurs plus importants et plus divers, y compris stratégiques.

Que pensez-vous des débats autour de la législation en Europe ? Est-ce un frein ?

J’ai tendance à considérer que la réglementation est une bonne chose parce qu’en un sens elle apporte du confort et de la clarté aux acteurs. Donc le futur règlement européen MiCA est une bonne chose. Il faut que le secteur soit davantage encadré, c'est aussi ce qui lui permettra de se développer. Qu’un acteur comme Binance choisisse de se faire réguler en France pour bâtir son positionnement en matière de régulation, cela traduit les attentes d’un certain nombre d’acteurs pour un cadre adapté, telle que nous la proposons en France.

Quel regard portez-vous sur ce qui se passe sur les marchés avec plusieurs acteurs comme Celsius en difficultés ?

C’est une saine rationalisation pour des projets ou des modèles économiques fragiles qui ont été attaqués. Le secteur est encore jeune, donc il va falloir adopter les bonnes pratiques d'autres secteurs plus matures et injecter davantage de clarté.

Est-ce qu’il y a des thématiques que vous avez identifiées dans le Web3 ?

Pas spécialement, la blockchain est une technologie qui a le potentiel de disrupter énormément de secteurs et de nombreux modèles économiques. Néanmoins, certains segments comme le gaming ou la finance sont plus naturellement ancrés dans le Web3.

Qu’est-ce qui pourrait faire que l’écosystème français se développe encore plus vite ?

Il faudrait quelques sorties emblématiques. Nous avons des investissements notables, comme ceux dans Ledger, Sorare ou Kaiko, mais il manque encore des opérations importantes comme des introductions en Bourse ou des opérations structurantes pour le marché. Cela va venir.

THE BIG FOCUS

Kaiko, la star méconnue de l’écosystème crypto 🇫🇷

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Kaiko

La société spécialisée dans la collecte et l’analyse de données vient de lever 53 millions de dollars. Ces fonds vont lui permettre de poursuivre son développement, notamment auprès des entreprises.

­­­­Dans l’univers du Web3 français, on parle beaucoup de Ledger et de Sorare. En quelques années, les deux sociétés, qui pèsent plusieurs milliards de dollars, se sont imposées comme des leaders sur leur terrain : les NFT et la conservation d’actifs numériques. Mais elles ne sont pas les seules. Une autre société française, Kaiko, est en train de creuser son sillon, celui des données liées au marché crypto.

La start-up basée à Paris a annoncé mardi avoir levé 53 millions de dollars, un an à peine après avoir bouclé un tour de table de 24 millions. “Les marchés sont certes en baisse, mais la demande de nos clients ne cesse de progresser”, explique Ambre Soubiran, la patronne de la start-up, qui dispose également de bureaux à New York, Singapour et Londres.

L’une des grandes forces de Kaiko, c’est que son business est décoléré des cours. Que les marchés montent ou baissent, les investisseurs comme les banques, les fonds et les sociétés de gestion ont besoin de données liées aux marchés cryptos. “Nous sommes un business rassurant pour les investisseurs qui sont persuadés que la blockchain est là pour durer”, poursuit Ambre Soubiran. À la différence de nombreuses start-up ayant levé des montants très élevés lors du bull market, Kaiko se présente avec un modèle économique “sain et robuste qui fournit un service fondamental pour la structuration de l’industrie”, indique-t-elle.

L’autre point fort de Kaiko est d’être sans réel concurrent sur son segment, c’est-à-dire celui des entreprises. Les deux autres grosses sociétés d’analyse de données, Coin Metrics (États-Unis) et CryptoCompare (Royaume-Uni), sont avant tout centrées sur les particuliers. En outre, la société française a développé des outils qui lui permettent de traiter aussi bien les données on-chain que off-chain, ce que les autres ne font pas.

L’entreprise fondée en 2014 par Pascal Gauthier, l’actuel patron de Ledger, compte poursuivre ses recrutements pour supporter l’afflux massif de nouveaux clients internationaux, autant du point de vue du support que de l’administratif et du financier. Mais à la différence de sociétés comme Binance, qui clament haut et fort qu’elles recrutent à tour de bras malgré le marché baissier, Ambre Soubiran insiste sur une stratégie “conservatrice” en matière de recrutement. En clair, pragmatisme et efficacité.

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