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Jeremy Allaire (Circle) : “La réglementation crypto est plus attractive en Europe qu'aux États-Unis”

Jeremy Allaire (Circle) : “La réglementation crypto est plus attractive en Europe qu'aux États-Unis”

Jeremy Allaire (Circle) : “La réglementation crypto est plus attractive en Europe qu'aux États-Unis”Jeremy Allaire (Circle) : “La réglementation crypto est plus attractive en Europe qu'aux États-Unis”

Europe, régulation, stablecoins... Dans une interview à The Big Whale, le patron de la société américaine Circle, qui vient de sortir un stablecoin euro, revient sur les sujets chauds du moment.

C’est l’une des premières zones économiques mondiales. Nous sommes très attentifs à ce qu’il se passe en Europe, notamment d’un point de vue juridique. La réglementation MiCA (qui harmonise la réglementation crypto en Europe, ndlr) est un texte important. Il va mettre du temps à entrer en vigueur, car il couvre beaucoup de sujets, mais nous travaillons dessus et regardons comment nous y adapter, d’où ma présence notamment ici en Europe.

Vous venez de lancer l’Euro Coin, comment avez-vous géré la création de cette cryptomonnaie indexée sur l’euro ?

Circle a de l’expérience en la matière. Nous avons lancé le stablecoin dollar USDC aux États-Unis il y a déjà quatre ans. Depuis nous avons construit l’infrastructure et l’écosystème de partenaires (entreprises, banques, ndlr) qui lui ont permis de devenir aussi important aujourd’hui (55 milliards de dollars, ndlr), et c’est ce que nous voulons reproduire avec l’Euro Coin qui est actuellement régulé comme un business américain.

MiCA prévoit que les stablecoins euros soient “régulés” en Europe. Qu’allez-vous faire ?

On ne connaît que les grandes lignes de MiCA, donc nous allons attendre de savoir précisément ce que le texte définitif prévoit sur les stablecoins et leurs émetteurs.

Que répondez-vous à ceux qui s’inquiètent du fait que le potentiel plus gros stablecoin euro sera piloté par une société américaine ?

D’abord, nous ne nous considérons pas comme une société américaine. Circle est une entreprise mondiale. Une grande partie de notre activité est aux États-Unis, mais nous avons aussi des activités en Asie et en Europe, comme en Irlande, où nous sommes installés depuis plusieurs années.

L’USDC est soutenu par des réserves de dollars et des bons du Trésor (obligations d’État américaines). Prévoyez-vous de faire la même chose avec le stablecoin euro ?

Nous attendons de voir la version finale de MiCA, mais c’est possible que nous le fassions. Pour l’instant, la liste des actifs qui pourront constituer la réserve d’un stablecoin en Europe n’est pas encore très claire. Ce qui est sûr, c’est que c’est une option très sérieuse, car elle permet à la réserve de générer du rendement et donc d’améliorer la rentabilité du projet.

Pourquoi avoir lancé le stablecoin euro fin juin ? Est-ce parce qu’il y avait MiCA au même moment ?

Non, c’est un hasard absolu.

Rien à voir non plus avec la hausse des taux d’intérêt des obligations européennes qui rendent un stablecoin euro plus intéressant pour vous ?

Idem, hasard du calendrier.

Pour l’instant, la réserve de l’Euro Coin est gérée par la banque américaine Silvergate. Est-ce que vous prévoyez de travailler avec des banques européennes ?

Nous prévoyons effectivement de travailler avec des banques européennes. Nous sommes déjà en discussion avec certaines.

Des banques françaises ?

Nous discutons avec plusieurs grandes banques européennes et la France a plusieurs grandes banques…

Est-ce que vous allez vous faire enregistrer en France ?

Nous travaillons dessus.

Sur quelles plateformes l’Euro Coin est-il disponible ?

Il y en a déjà beaucoup comme FTX, Binance US, Bitstamp, BitPanda, Uniswap, Curve, etc. Il va y en avoir encore d’autres.

L’Europe est très en pointe sur la régulation. Après le RGPD, elle a donc trouvé fin juin un accord “politique” sur MiCA qui doit réguler le secteur des actifs numériques. Que pensez-vous de cette réglementation ? Est-ce un point fort pour l’Europe ?

MiCA est une excellente chose puisqu’il crée un cadre global pour les cryptos au sein de l’une des premières zones économiques de la planète. L’un des principaux avantages de MiCA est qu’il permet de “passeporter” sa licence au sein de 27 pays. C’est un gain de temps considérable pour tout le monde.

Pourtant, un grand nombre d’entreprises européennes craignent les conséquences de MiCA…

Je pense que MiCA est aux cryptos ce que le RGPD est à la protection de la vie privée. Souvenez-vous des premiers débats autour du RGPD, et de ce que cela a finalement apporté à l’Europe. Il faut avoir une vision de long terme. Les Européens sont aujourd’hui très attachés au fait d’avoir un droit à la vie privée sur Internet. Il va se passer la même chose sur les cryptos. Si MiCA est techniquement bien transposé dans les textes, l’Europe en sortira grandie.

Justement, à quoi la régulation américaine devrait ressembler par rapport à MiCA ?

Je pense qu’aux États-Unis les choses vont aller moins vite, ou plutôt de manière moins globale. Les choses avancent, mais par petites touches.

Est-ce mieux de fonctionner ainsi ?

Non, parce qu’aux États-Unis il y a une compétition entre les régulateurs : tous ne font pas la même chose, donc nous devons nous adapter à des régulations parfois très différentes d’un État à un autre, et je ne parle même pas de l’échelle fédérale. La réglementation crypto est plus attractive en Europe qu'aux États-Unis.

Ces derniers mois ont été particulièrement compliqués sur les marchés, notamment avec le crash de Terra Luna et de son stablecoin algorithmique UST. Est-ce que vous pensez que d’autres projets de ce style pourront émerger ?

Il y aura toujours des gens qui courent après le “saint graal”, le stablecoin “parfait”, mais je pense qu’à terme les régulateurs vont rendre ce type de projets très compliqués à lancer. Il y aura beaucoup de contraintes. Les stablecoins qui ont le plus de chances de se développer sont ceux dont la réserve repose sur des monnaies fiat comme le dollar ou l’euro. Ils vont prendre une place considérable dans l’économie. Ils seront dans un premier temps basés à 100% sur des réserves de monnaies fiat, et puis les choses évolueront : on pourra certainement mettre des actifs variés dans les réserves.

Comment expliquez-vous le fait qu’il n’y ait quasiment que des stablecoins dollars ?

Jusqu’à maintenant, le principal moteur de la demande en stablecoins a été l’activité financière. Les stablecoins sont essentiellement utilisés par les investisseurs et les traders de cryptomonnaies qui pensent en… dollars américains. Le dollar est la monnaie des marchés. Tant que la demande en stablecoins sera poussée par les investisseurs, ce sont les stablecoins dollars qui seront dominants. Mais les choses vont changer progressivement, et c’est justement pour cette raison que nous lançons un stablecoin euro. Les Européens vont utiliser de plus en plus des stablecoins dans leur vie de tous les jours. Cette dynamique va s’observer un peu partout sur la planète : en Asie, en Afrique, en Amérique…

Prévoyez-vous de lancer des stablecoins sur le yen, la livre sterling et d’autres monnaies ?

Oui, c’est prévu. Les stablecoins sont une révolution dans les paiements parce qu’ils permettent de faire des transactions 24h/24, 7j/7 aux quatre coins du monde. C’est beaucoup plus efficace que le système bancaire et financier actuel. Tout le monde va en avoir besoin.

Pourquoi Facebook (devenu Meta) a échoué avec son projet Libra ?

C’était sûrement l’un des projets les plus compliqués à mettre en oeuvre d’un point de vue commercial, technique et réglementaire. Et puis certains choix techniques sur leur “monnaie” numérique n’étaient pas les bons. Opter pour un système de blockchain fermée est très limitant. L’avenir des stablecoins et des cryptos est du côté des protocoles ouverts.

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