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Pierre Person : “On sous-estime le poids du lobby bancaire”

Pierre Person : “On sous-estime le poids du lobby bancaire”

Pierre Person : “On sous-estime le poids du lobby bancaire”Pierre Person : “On sous-estime le poids du lobby bancaire”

The Big Whale : Avant de quitter l’Assemblée nationale, vous rendez un dernier rapport sur les cryptomonnaies. Qu’en attendez-vous ?

Pierre Person : Ce rapport doit être utile à la prochaine génération d’élus. Beaucoup de ceux qui vont faire leur entrée à l’Assemblée auront au moins entendu parler des crypto-actifs, s’ils n’en disposent pas déjà. Cependant, en détenir ne signifie pas en percevoir tous les enjeux. Loin de là ! Si une vingtaine de parlementaires ont vraisemblablement des cryptos, ce n’est pas parce que vous avez du bitcoin ou de l’ether que vous comprenez les transformations à l’œuvre. Ce rapport permettra à mes futurs collègues de pouvoir entrevoir la profondeur du sujet. En outre, ce document est pour moi l’occasion de continuer à faire la pédagogie d’une technologie complexe qui bouleverse beaucoup de choses dans nos sociétés.

Pendant cinq ans, vous avez tellement travaillé le sujet que l’on vous a surnommé le “crypto-député” de l’Assemblée nationale. Pourquoi la crypto ?

J’ai été élu en 2017 au moment où le marché des cryptomonnaies connaissait un “bull run” (marché haussier, ndlr). À l’époque, le bitcoin était passé de 1000 à presque 20.000 dollars en moins d’un an. Les médias en ont beaucoup parlé, ce qui a poussé les politiques à s’emparer du sujet. La Commission des finances a proposé de travailler sur la question ; je me suis proposé comme rapporteur parce que je connaissais le sujet. Je ne voulais pas que l’on reproduise un nouveau rapport qui, comme sur la question d’Internet, passe à côté des vrais enjeux. Depuis 2017, tant de chemin a été parcouru. On l’oublie, mais à ce moment-là l’écosystème français était balbutiant et peu de gens connaissaient les potentiels de la technologie. J’ai revisionné une partie des auditions de 2017 pour le premier rapport, et c’est impressionnant de voir à quel point nous partions de loin.

Qu’est-ce qui a tant évolué ?

À peu près tout. Nous voyons au quotidien la différence avec le nouveau “bull run” de 2020-2021. Le nombre d’utilisateurs a explosé, les entreprises s’y mettent. Aujourd’hui, on estime, selon plusieurs enquêtes, qu’environ 10% des Français ont des cryptomonnaies. Le marché n’a plus rien à voir. Il y a cinq ans, vous pouviez auditionner 100 personnes et vous aviez fait le tour de l’écosystème crypto. Pour ce nouveau rapport, j’ai auditionné plusieurs centaines de personnes sans réussir parfois à faire le tour d’un secteur.

Et sur les usages ? Avez-vous l’impression que les choses ont évolué ?

En 2018, les seuls usages des cryptos étaient le paiement et les ICO (Initial Coins Offering). Nous nous étions beaucoup focalisés sur l’aspect monétaire. Mais aujourd’hui j’évacue totalement ce débat : Bitcoin est une monnaie, et ce, pour deux raisons. D’une part, ses utilisateurs le considèrent davantage que comme un simple moyen d’échange, il peut aussi être une réserve de valeur. En ce sens, je vise la prophétie auto-réalisatrice de Satoshi. D’autre part, le bitcoin est reconnu comme devise nationale ou étrangère par certains États. Sa qualification légale fait de lui une monnaie en droit. Alors arrêtons de perdre du temps sur la qualification monétaire ! En 2022, les problématiques sont complexes et nombreuses : la géopolitique monétaire et l’avenir de la souveraineté, l’apparition de nouvelles formes de personnes morales (DAO) et leur gouvernance, la transformation des marchés financiers, au travers des actifs on-chain et off-chain, la révolution bancaire et finalement l’apparition du web 3.0. Ces transformations sont abyssales.

Vous parlez de gouvernance. Que pensez-vous des DAO (Decentralized autonomous organisation) ?

Les DAO vont, à l’avenir, modifier de manière substantielle les rapports au sein des communautés. A contrario du modèle pyramidal qui prédomine aujourd’hui, ces modes d’organisation totalement horizontaux vont permettre de distribuer la prise de décision entre chaque individu, selon des règles prédéfinies et opposables à tous. Il s’agit d’une vraie révolution de la gouvernance démocratique. Outre l’organisation de la vie de la Cité, les DAO pourraient également s’appliquer aux autres organisations humaines comme les associations ou les entreprises. Tout le monde doit s’en emparer.

En cinq ans, vous avez vu beaucoup de choses. Quelle est votre plus grande frustration ?

Nous n’avons pas suffisamment fait. J’ai plus travaillé avec le vice-premier ministre ukrainien du numérique, Mykhailo Fedorov, sur les usages et le régime des crypto-actifs qu’avec nos élus français et Bercy. Le gouvernement espagnol, des parlementaires belges et allemands sont venus à notre rencontre afin d’échanger. À travers le monde, les sollicitations ont été nombreuses. Côté français, la démarche a été inverse. Une majorité de parlementaires n’a pas encore saisi les enjeux. À chaque amendement, un tiers ricane, le deuxième l’assimile à du lobby financier et le dernier tiers dit “bravo” mais ne vote pas en faveur. Je le regrette, non pour moi-même, mais pour mon pays !

Notre posture est terriblement conservatrice. Les cryptomonnaies sont intrinsèquement révolutionnaires au sens où elles renversent l’ordre établi. Notre volonté de révolution et d’émancipation s’est considérablement amenuisée et cela dit beaucoup de nous culturellement. Nous sommes devenus averses au risque. Toutefois, nous devons nous faire violence et changer nos réflexes conservateurs, sans quoi nous nous mettrions au banc de cette rupture technologique. Les conséquences ne seront pas essentiellement économiques comme cela a été le cas avec internet, elles seront bien plus importantes. D’un point de vue factuel, nous le répétons sans cesse, mais nous avons tout pour être leader. Nous avons les meilleurs développeurs, les meilleurs ingénieurs mathématiciens qui inventent les tokenomics de demain, mais le reste ne suit pas.

D’où vient le problème ?

Le problème est global, mais la première des raisons provient du manque de volontarisme politique. Si le politique voulait, il pourrait ! Il s’agit là uniquement d’une question de priorité. Précisons que le domaine du politique n’appartient pas qu’aux élus. Les décisions de certains acteurs sont intimement politiques.

Il ne faut pas sous-estimer, en France, la force du lobby bancaire. Or, force est de constater qu’une partie de la haute fonction publique entretient des liens resserrés avec le secteur bancaire français. Il ne s’agit pas là de liens d’intérêts économiques directs ou individuels, mais surtout d’une incapacité à imaginer un monde différent lorsque toute une carrière s’est faite entre ces deux environnements. Il ne s’agit pas là de complotisme, que j’exècre. Malheureusement, ces thèses nauséabondes imprègnent bien souvent l’écosystème crypto. Loin de le soutenir, elles traduisent un refus de voir la complexité du monde, de nos sociétés et des individus qui nous gouvernent. Ces derniers ne sont pas foncièrement opposés aux cryptos, mais cette logique décentralisée est contraire à leur construction intellectuelle.

En 2018, beaucoup a été entrepris par le secteur bancaire afin de minimiser le “droit au compte” des acteurs crypto. Pourtant, ces dispositions transpartisanes, portées notamment par les députés Laure de la Raudière et Jean-Michel Mis, auraient pu donner de la visibilité et de la sécurité aux entrepreneurs. Nous avons eu d’âpres débats avec la Banque de France, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) et la Caisse des dépôts. Il s’agit de l’un des rares amendements votés contre l’avis du rapporteur et du gouvernement, preuve, s’il en est, que les parlementaires avaient été convaincus de la nécessité de bouger sur ce sujet. Cette disposition désignait la Caisse des dépôts, comme acteur bancaire de dernier ressort, et constituait un refuge pour les acteurs cryptos. Lors du vote, la tension était forte. Le gouvernement recherchait l’équilibre entre les demandes des régulateurs, mais aussi celles des acteurs économiques. Et qui faisaient pression ? Les banques. Elles considéraient à tort que les acteurs cryptos ne sauraient pas vérifier les règles de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme.

À la recherche du compromis, j’ai lâché du lest considérant que l’agrément PSAN saurait garantir aux acteurs bancaires le respect des exigences. Quatre ans plus tard, il n’en est rien !  Les banques commerciales françaises sont toujours aussi fermées alors même que les règles LCB-FT (anti-blanchiment) sont strictement appliquées par l’ACPR. Dans 10 ans, les banques le regretteront assurément.

Dans une interview à The Big Whale, le chef de l’État expliquait il y a quelques semaines que les cryptos et le Web3 étaient une opportunité pour la France et l’Europe. Est-ce que vous sentez que son regard a changé sur le sujet ?

Le sujet est devenu incontournable (rire).

Qu’est-ce que vous préconisez dans votre rapport pour ne pas louper ce sujet incontournable ? Quelle est votre mesure la plus importante ?

Au-delà d’une mesure miracle, j’ai souhaité appuyer sur la dimension géostratégique du sujet. Le combat qui se joue est moins un combat entre entreprises privées face à la puissance publique, à l’exemple du projet de Facebook, Diem (ex-Libra), mais bien plus une guerre monétaire entre les grandes zones d’influence de ce monde. Dans ce nouveau monde ultra numérique, la souveraineté ne peut s’affirmer uniquement par la norme. Elle se crée avant tout par la compétitivité économique. À titre d’exemple, les stablecoins Tether et Circle contribuent à l’hégémonie économique et monétaire des États-Unis. Certes, dans les prochaines semaines, les Etats-Unis vont établir leur première réglementation dédiée aux stablecoins dollars afin d’éviter tout risque systémique, toutefois, officieusement, ils voient d’un bon œil la possibilité d’étendre encore un peu plus leur devise à l’économie numérisée. Ces acteurs sont un incroyable outil d'expansion monétaire pour eux. En outre, si la crypto devient demain la nouvelle finance, tout est déjà libellé en dollar…

C’est déjà perdu pour l’Europe ?

Pas encore, mais les choix concernant les textes à venir seront décisifs. Si nous prenons le chemin inverse de celui pris par les Américains, nous subirons les mêmes conséquences immédiates : nous n’aurons aucun acteur de taille systémique et nous serons incapables de réguler ceux des autres pays.

Pour l’essentiel, l’hégémonie américaine provient de la force de sa monnaie. Le dollar est un puissant outil de coercition pour ceux qui entravent le développement économique ou la sécurité des États-Unis. En outre, les Américains n’ont pas l’intention de se laisser concurrencer par les Chinois sur ce terrain monétaire. Washington a certes avancé l’idée d’un dollar numérique, mais ce n’est pas une priorité. L’objectif assumé est de favoriser le développement du dollar. Tether et Circle assument ce rôle à la perfection. A contrario, l’Europe n’a aucune politique volontariste en la matière. Il est impératif qu’il y ait un rééquilibrage avec l’arrivée de stablecoins euro.

Et la Chine dans tout ça ?

Le gouvernement chinois s’est dit défavorable aux cryptos dans la mesure où cette technologie est décentralisée. Elle est contraire au fondement de leur modèle politique. A contrario, le yuan numérique centralisé est une arme puissante, notamment à l’étranger. Demain, Pékin contrôlera l’intégralité des flux et des données qui en résultent. L’Afrique achètera les biens et services en yuan numérique. Pour la Chine, il s’agit d’un moyen d’influence supplémentaire. De son côté, l’Europe manque d’une doctrine et d’une vision. Elle a besoin de stablecoins privés dans la mesure où il s’agira du nouveau standard de la monnaie électronique de demain. Il s’agit de la couche indispensable afin de créer les banques autonomes de 2030. Les stablecoins privés ne privent pas les États de leur souveraineté monétaire, mais sont complémentaires des monnaies banques centrales.

Où en est-on sur l’euro numérique de banque centrale ?

Je suis très pessimiste pour plusieurs raisons. De nombreux aspects n’ont pas encore été tranchés. Nous ne savons pas encore si nous voulons un euro de gros ou de détail, ou les deux. L’euro numérique de détail induira un nouveau paradigme d’émission monétaire, qui remet en cause le rôle des banques commerciales. En outre, la nature de l’euro numérique doit se préciser : sera-t-il anonyme, pseudonyme ; décentralisé ou totalement centralisé ; etc. Ainsi dans la même veine que le débat sur le texte “Transfert de fonds”, il paraît inconcevable qu’une autorité administrative indépendante ou bien un établissement public ait accès aux flux financiers des citoyens sans garde-fou. Cela serait de la folie. Dans un État de droit, si on a des soupçons sur une transaction, l’intervention du juge judiciaire protège contre l’arbitraire. Seule l’autorité judiciaire pourrait ordonner la levée du pseudonymat sans quoi, cela serait liberticide.

Pour vous, que faut-il faire ?

Il faut trancher démocratiquement. Comment peut-on imaginer que ce soit Christine Lagarde, malgré ses compétences, qui décide seule de quel modèle de monnaie on doit adopter ? C’est un sujet politique. L’euro numérique ne peut être le projet uniquement de la Banque centrale européenne (BCE), décidant seule d’une nouvelle forme de notre monnaie commune parce que nous avons estimé il y a 30 ans qu’elle était indépendante. Tout comme l’euro a été le fruit d’une volonté politique, l’euro numérique doit être avant tout un outil validé démocratiquement. Ce choix appartient aux citoyens et aux élus qui les représentent. Pour ce faire, ces derniers doivent en appréhender honnêtement les enjeux. La BCE a annoncé l’euro numérique en réponse au projet de Facebook, Diem, et afin de préserver sa souveraineté vis-à-vis des acteurs financiers privés. Le vrai sujet n’est pas là. Le concurrent de l’euro n’est pas Facebook, mais les autres devises…

Lors de la consultation publique sur l’euro numérique, les personnes sondées ont surtout mis l’accent sur l’anonymat et pourtant, ça ne semble pas avoir été retenu…

C’est tout le problème. Si on a un euro centralisé géré par la BCE et dont les transactions ne sont même pas pseudonymes, je ne vois pas comment il sera adopté. Une monnaie est adoptée quand les citoyens ont confiance. Si le projet va au bout tel quel, nous pourrions avoir pour la première fois dans l’histoire monétaire moderne une monnaie étatique qui ne soit pas acceptée par les citoyens.

Dans votre rapport, vous insistez beaucoup sur la nécessité d’harmoniser et simplifier les règles européennes, pourquoi cela ?

Nous nous sommes trop longtemps fait concurrence en Europe entre États membres, croyant qu’il s’agissait là de l’alpha et de l'oméga de la croissance économique. C’était faux. Avec l’harmonisation des règles relatives aux cryptos dans l’Union européenne, nous allons réussir à créer un marché homogène et plus fort. Toutefois, si l’idée d’une réglementation commune est positive, je suis extrêmement pessimiste sur la tournure des textes à venir, de MiCA (on en parle dans la version Premium de The Big Whale) en passant par TFR. Le raisonnement qui consiste à extrapoler les mêmes règles aux mêmes activités est absurde. De nos jours, la régulation est pensée autour de mécanismes ultra-centralisés fonctionnant par l’intervention de tiers. Demain, les processus seront automatisés et la confiance sera acquise par le code. Pourquoi donc vouloir copier les mêmes règles ? Cela n’a pas de sens ! Nous devons inventer des nouveaux référentiels permettant la régulation de demain. Lutter contre un protocole de DeFi (finance décentralisée) en allant chercher les développeurs sur Discord, n’est assurément pas une solution d’avenir.

Comment expliquez-vous que certains députés soient si opposés au secteur crypto ?

Certains n’ont pas pris le temps nécessaire ou n’ont pas l’envie de comprendre le sujet, tandis que d’autres en profitent pour tenir des propos excessifs afin de leur assurer une visibilité à faible coût.

Dans votre rapport, vous évoquez aussi les activités de minage. Quelle est votre vision du secteur ?

La seule dépense énergétique de Bitcoin ne fait pas de lui un actif polluant. Certes, la sobriété ne fait pas de mal, mais notre salut passera avant tout par la technologie et non pas par une décroissance énergétique. Le sujet n’est pas tant de savoir si certaines cryptomonnaies consomment de l’énergie. Oui, elles en consomment. Ce qui est important, c’est de savoir d’où vient cette énergie et à quoi sert-elle ? Plutôt que d’interdire le Proof-of-Work (PoW), j’étais favorable à interdire le minage sur de l’énergie carbonée et lorsque celui-ci prive les populations civiles d’une électricité constante. Reste que l’Europe a voulu interdire des pratiques qui n'existent pas sur son territoire. En outre, cette approche est une rupture avec le principe de neutralité technologique. Quand cela concerne les e-mails et autres outils, personne ne se pose de questions.

Que pensez-vous du bitcoin ? Êtes-vous ce qu’on appelle un maximaliste ?

Je suis crypto-curieux. J’ai plusieurs cryptos. Je pense que Bitcoin a un rôle. Ses limites le cantonnent au rôle d’étalon-or numérique. De Cosmos à Ethereum, en passant par les futurs layers 2, Starknet et autres, chacun aura une place dans l’écosystème.

La guerre en Ukraine a relancé la question du rôle des cryptomonnaies pour contourner les sanctions. Qu’en pensez-vous ?

Tous les pays au ban du système financier international dominé par les Américains vont évidemment s’intéresser à des objets incensurables comme Bitcoin. Il n’y a pas d’aspect moral à cela, cette utilisation sera factuelle. Elle ne fait pas des crypto l’objet d’un crime, mais un véhicule de la valeur. Personne n’a pensé à interdire le dollar alors que nous savons tous ce qu’il a pu financer. Des prestataires français de renom s’en servaient déjà avant l’invasion afin de commercer avec l’Iran. La constitution d’un nouveau réseau monétaire en Asie et dans le Pacifique, la possibilité pour la Russie de s’extraire d’une partie des sanctions, et la capacité pour l’Afrique de se constituer à terme d’un réseau bancaire et monétaire plus solide sont des perspectives à moyen terme. Il faut savoir étudier les faits et agir de manière équilibrée et clairvoyante.

Êtes-vous optimiste pour la crypto en France ?

Il faut ! Toutefois, en l’état, je suis persuadé que ce sont les entrepreneurs qui contribueront à faire évoluer et grandir cette technologie.

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