Si une entreprise résume à elle seule l’écosystème, beaucoup plus que les plateformes d’échange, c’est bien Ledger.
“Nos clients sont des individus qui accordent une importance capitale à la souveraineté qu’ils exercent sur leurs données”, déclare son patron Pascal Gauthier. “Être dans la crypto, cela revient à utiliser ses clés privées, les conserver, interagir dans la DeFi ou les NFTs. Et pour chacune de ces opérations, Ledger permet de le faire en toute sécurité”.
Renforcé par l’effondrement de FTX en novembre, le poids lourd français a récemment annoncé des ventes historiques. À tel point que le seuil de 6 millions d’unités vendues a été franchi pour les Nano, ces petits appareils qui permettent d’assurer la conservation des actifs numériques.
Selon l’entreprise, 10 à 15% des personnes qui assurent elles-mêmes la garde de leurs clés privées seraient équipées par du matériel Ledger.
“Il y a probablement plus de gens qui utilisent nos produits que de personnes qui utilisent des protocoles comme Aave, souffle Pascal Gauthier, gagner ce prix ne m’étonne guère car cela représente l’attachement et le sens que les gens donnent à notre entreprise”.
Son succès dépasse largement les frontières françaises, faisant de Ledger l’une des rares réussites industrielles dans un secteur où règne le virtuel.
L’entreprise est une licorne depuis 2021 et sa dernière levée de fonds de 380 millions de dollars témoigne de son influence grandissante. Elle est d’ailleurs régulièrement citée par le gouvernement français pour souligner le rayonnement du pays dans les nouvelles technologies.
L’année 2023 sera placée sous le signe du Stax, son nouvel appareil haut de gamme dont la sortie est attendue au premier semestre. Plus élégant, plus cher (279 euros), doté d’un écran pour afficher ses NFTs, ce produit constitue une nouvelle tentative pour séduire un public plus large.
“Nous avons arrêté les pré-commandes jusqu’à cet été car nous en avons eu énormément et il faut qu’on soit capable de les livrer”, explique Pascal Gauthier. “Si l’on compare à d’autres lancements que l’on a pu faire, celui du Stax est trois à dix fois supérieur, que ce soit en nombre d’unités vendues ou de chiffre d’affaires réalisé”, poursuit-il.
L’entreprise (qui dispose de sa propre usine d’assemblage à Vierzon) s’est en tous cas donnée toutes les chances de réussir son coup avec le Stax en s’offrant les services de Tony Fadell, connu pour avoir conçu le design de l’iPod.
Le parallèle avec la multinationale américaine revient souvent dans la bouche de Pascal Gauthier qui souhaite reproduire avec le portefeuille ce qu’Apple a réussi avec le téléphone. En clair, un outil qui permet de stocker tous les contenus numériques qui ont de la valeur : cryptos, NFTs, actifs tokenisés, etc.
“Notre vision est que l’intégralité de l’infrastructure financière va migrer sur des technologies blockchains”, déclarait fin janvier à The Big Whale le cofondateur de Ledger, Éric Larchevêque. “Aujourd’hui, notre principal défi est d’avancer sur l’expérience utilisateur tout en conservant un niveau maximal de sécurité. Dans cette vision à dix ans, l’enjeu n’est pas de vendre 2 millions de Nano ou de Stax, mais d’en écouler plus de 100 millions et d’équiper le monde entier”.