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TBW #39 : Comment les Exchanges se sont "grillés"

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Retrouvez toutes les informations de la 39ème newsletter Premium de The Big Whale.

THE BIG NEWS

NOS INFORMATIONS EXCLUSIVES 🔥

👉 Audit : comment les Exchanges se sont grillés

C'est ce que l'on appelle le double effet kiss cool. Alors que les Exchanges n'ont absolument pas réussi à rassurer sur leur “Preuve de Réserves”, ils ont en plus réussi à se “griller” auprès des cabinets d’audits qui avaient accepté de travailler eux. “Certaines plateformes ont vraiment voulu manipuler l'opinion en faisant passer des contrôles simples pour de vrais audits", explique un consultant 😬. Mazars a notamment suspendu “provisoirement” ses relations avec Binance. "Le problème, c’est que le milieu de l’audit est un milieu très pro et très rigoureux où on n’aime pas trop ce genre de manipulation”, ajoute-t-il. Sans oublier le fait que tout le monde se parle. “Lorsque vous faites ça à un cabinet, vous le faites un peu à tous les autres”, ajoute un autre consultant. Est-ce que les Mazars, EY, Deloitte et KPMG ne travailleront plus avec Binance et Crypto.com ? Rien n’est dit, car ces entreprises sont de potentiels gros clients 💰. Ce qui est sûr en tout cas, c’est qu’ils n’ont pas créé les conditions de la confiance. Un véritable comble quand on cherche à rassurer.

THE BIG STORY

Métavers : la crise d’adolescence

Présenté comme LA prochaine grande révolution, le métavers est loin d’avoir séduit tout le monde. Les utilisateurs restent rares et les usages semblent encore assez limités, ce qui fait dire à certains qu’il n’a… aucun avenir. Mais est-ce vraiment le cas ? On a mené l’enquête 🔎

Sébastien Borget aime beaucoup Twitter. Le patron de The Sandbox y publie presque chaque jour des petites vidéos dans lesquelles on le voit avec son avatar se balader dans le métavers qu’il a cofondé.

Un coup, le Français est à un concert. Un autre, il saute d’immeuble en immeuble ou traverse une boutique… Chaque vidéo est différente, si ce n’est qu’il est toujours assez seul. Il y a, au mieux, une poignée d’autres avatars en sa compagnie 🙃

C’est un fait, les métavers comme The Sandbox (détenu par Animoca Brands), Decentraland ou Axie Infinity sont relativement peu utilisés.

Un chiffre parle de lui-même : selon DappRadar, il y aurait en moyenne moins de 1000 utilisateurs quotidiens sur Decentraland et The Sandbox. Un chiffre particulièrement faible surtout quand on pense à la valorisation de ces entreprises. Sur la base de sa dernière levée de fonds, The Sandbox vaut plus de 3 milliards de dollars !

Ce contraste énorme fait dire à certains que ces nouveaux “eldorados” virtuels ne sont que des bulles, et n’ont aucun avenir.

Mais est-ce vraiment le cas ? 🤔

Comme d’habitude, les choses sont (beaucoup) plus compliquées. On a mené l’enquête auprès des plateformes, des utilisateurs, des investisseurs et des entreprises !

Un potentiel énorme

Pour comprendre les attentes autour du métavers, il faut revenir à son origine et à son potentiel.

Le métavers n’a pas percé ces deux dernières années par hasard. Il a accompagné la montée puissance de “l’Internet de la valeur” - le fameux Web3 - et des crypto-actifs. Même si les cryptos ont fortement baissé en 2022, le marché a plus que doublé depuis 2020.

Dans cet Internet de la valeur, il y a de nouvelles monnaies, les cryptomonnaies, de nouveaux objets, les NFTs, et également de nouveaux espaces : ce sont les métavers.

Les métavers offrent un nouveau terrain de jeu aux entreprises. Plusieurs rapports, dont celui publié mi-2022 par le cabinet de conseil McKinsey, évoquent un potentiel de plusieurs milliers de milliards de dollars - 5000 milliards de dollars d’ici 2030. Forcément, les entreprises s'y intéressent 🤑

Des centaines de sociétés Web3 comme Dogami, qui proposent d’élever des chiens dans le métavers (on peut ne pas aimer), ont émergé sur cette tendance.

“Le métavers permet de transformer des industries comme celle du gaming où l’on possède directement ses actifs”, explique l’un de ses cofondateurs, Bilal El Alamy. Dogami vient de lever 14 millions d’euros.

Beaucoup de sociétés traditionnelles ont également bien compris ce qui se jouait. Gucci, LVMH, Carrefour ou Nike ont ainsi posé leurs valises virtuelles dans The Sandbox. D’abord en achetant des parcelles, puis en testant des expériences avec les utilisateurs.

Certaines marques comme Gucci permettent d’acheter des produits directement - des sacs à mains virtuels à 4000 euros dans le monde virtuel Roblox. D’autres permettent d’acheter des produits dans leur boutique virtuelle qui vous sont ensuite livrés dans le monde réel.

Les banques et les assureurs ont aussi très bien compris qu’il fallait être de la partie. JP Morgan, HSBC et Axa, pour ne citer qu’eux, ont tous pris des parcelles et créé des agences virtuelles.

Une vision résumée ainsi par Cyrille Magneto, VP Innovation d’AXA France : “Le métavers nous permet de présenter une image différente de la marque, d’attirer de nouveaux clients et de faire venir des talents de la tech. Certains de nos collaborateurs utilisent déjà le métavers pour aller prospecter des clients”.

Reste que, même si certaines expériences sont intéressantes, les ventes sont encore très faibles. “Beaucoup de marques ne le diront pas, mais ça ne décolle pas”, explique un bon connaisseur du secteur.

En dépit de prix parfois exorbitants, notamment dans le luxe, les volumes n’ont pas dépassé quelques centaines de milliers de dollars, selon nos informations.

Surtout, les clients ne sont pas légions. Pourquoi ?

D’abord parce que les accès aux métavers ne sont pas simples. Tout le monde ne peut pas se rendre dans The Sandbox en claquant des doigts. “Nous sommes encore à la phase des saisons où on teste le jeu et la technologie avant de l’ouvrir au grand public”, confirme un porte-parole de la société.

Gérer la scalabilité, autrement dit la croissance, du protocole est un vrai défi. Actuellement, aucun métavers n’est capable de supporter la présence de plusieurs centaines de milliers d’utilisateurs avec une qualité et une sécurité suffisante.

Puis il y a le sujet de l’expérience utilisateur qui est encore très loin d’être satisfaisante. “On vient assez rapidement à bout des expériences de jeu”, explique un investisseur. Sans même parler des équipements à posséder : des wallets pour s’identifier sur les plateformes décentralisées ou des casques de VR pour les metaverses 3D.

Continuer d’investir

Est-ce pour autant une raison de baisser les bras ? Loin de là. Et alors que le métavers est la cible de beaucoup de critiques, notamment depuis que le groupe de Mark Zuckerberg, Meta, en a fait sa priorité, certains considèrent que c’est au contraire le meilleur moment pour apprendre et “construire”.

L’industrie se développe, souligne Frank Desvignes, associé chez True Global Ventures et investisseur dans The Sandbox. “Nous sommes passés de 10 à 230 studios de création dans The Sandbox sur les douze derniers mois", explique-t-il.

Pour beaucoup, le buzz autour du métavers a créé des attentes énorme, mais il faut être patients. “Nous sommes au tout début”, insiste Frank Desvignes. “L’expérience du métavers va s’améliorer et c’est ce qui va attirer les utilisateurs et convaincre les entreprises d’investir”.

Axa fait partie de ces entreprises. Début 2023, l’assureur 🇫🇷 va lancer une “expérience” dans le métavers pour ses clients. “Terminer l’expérience vous fera gagner un NFT qui donnera des avantages aux joueurs dans le métavers et aussi en dehors”, explique Cyrille Magneto.

Une partie des récompenses pourra se faire sous la forme du token de la plateforme (le SAND chez The Sandbox, le MANA chez Decentraland) qui peut lui-même être converti dans du bitcoin ou des monnaies traditionnelles.

Idem pour Dogami. Les joueurs pourront obtenir des réductions ou des accès privilégiés à des produits partenaires ou dérivés. Ce modèle basé sur la gamification et la propriété est au centre de ce que promet le métavers. Frank Desvignes le résume simplement : “Play, own, earn and have fun” 😎

Le métavers n’est pas condamné. Après une croissance sans doute trop rapide, il doit mûrir et gérer la baisse des marchés. “Il fait juste sa crise d’adolescence”, résume un investisseur dans le secteur. Le véritable enjeu, surtout pour les entreprises, est d’être prêt lorsqu’il passera à l’âge adulte.


THE BIG FOCUS

Édouard Steegmann (Spot) : “L’expérience utilisateur est essentielle pour un wallet”

Porté comme les autres par le crash de FTX, le wallet développé par les Français de Spot a dépassé les 500.000 téléchargements. Son CEO, Édouard Steegmann, revient sur les évolutions à venir du marché.

The Big Whale : Comment vous distinguez-vous des autres wallets ?

Édouard Steegmann : Notre priorité est vraiment l’expérience utilisateur. Nous voulons que tout soit simple et intuitif. Nous ne faisons pas de la tech pour faire de la tech, même si Spot en est truffé (rires).

Le but, c’est de faire ce qu’Apple a réussi à faire avec l’iPad, c’est-à-dire un produit que tout le monde sait utiliser. Même ma grand-mère sait se servir d’un iPad !

Vous êtes aussi un wallet multi-devises, ce qui est assez rare pour être souligné…

Nous sommes compatibles avec Bitcoin, Ethereum, Polygon, Solana et Tezos, et nous réfléchissons actuellement à l’ajout de nouveaux protocoles, comme Cosmos et des layers 2 d’Ethereum.

Nous permettons également d’afficher les NFTs développés sur Ethereum, Polygon et Solana. Nos utilisateurs apprécient beaucoup la qualité d’affichage de ces derniers. Peu de wallets permettent pour l’instant de mettre en valeur leur dimension graphique.

Vous avez une approche finalement assez similaire à votre concurrent ZenGo. Qu’est-ce qui vous différencie vraiment d’eux ?

Ils partagent avec nous l’idée que la simplicité est primordiale, mais nous avons des stratégies différentes. Spot est un wallet qui offre une souveraineté “totale”, tandis que ZenGo ne vous donnera jamais entièrement votre clé privée 🔑

Cela leur permet de garder les utilisateurs captifs (car ils ne peuvent pas migrer vers un autre produit, ndlr), alors que de notre côté nous préférons que tout le monde soit libre de changer de wallet s’il le désire.

Quel est votre modèle économique ?

Nous prélevons une commission à chaque fois qu’un utilisateur achète, vend, échange ou stake des cryptos. Actuellement, nos revenus viennent essentiellement de l’achat de cryptos. Nous collectons 0,85% sur le montant total payé par carte bancaire, mais on pense qu’à l’avenir il n’y aura quasiment plus de frais pour ce service.

À terme, nous allons surtout gagner de l’argent avec les activités à plus forte valeur ajoutée comme le staking ou les échanges crypto-crypto.

Vous n’avez jamais proposé du rendement via des prestataires de lending. Pour quelle raison ?

C’est une vraie question que, comme beaucoup d’acteurs, on s’est posés. Et après avoir pesé le pour et le contre, nous avons décidé de ne pas le faire. Pourquoi ? Parce que cela impliquait de travailler avec des intermédiaires centralisés comme Celsius et Nexo, ce que nous ne voulions pas faire. L’avenir nous a donné raison, même si c’était difficile de savoir que ce serait un tel bazar.

Sur la DeFi, si on se lance on veut que ce soit bien fait et simple à utiliser. En attendant, les utilisateurs expérimentés peuvent utiliser Wallet Connect dans Spot pour utiliser toutes les applications DeFi du marché.

Quelles sont les fonctionnalités que vous comptez ajouter dans les prochaines semaines ?

Nous allons continuer sur l’intégration des NFT développés sur Polygon, en ajoutant toutes sortes de données comme la variation du prix plancher ou les niveaux de rareté.

Globalement, nous croyons beaucoup à Polygon qui est une blockchain très intéressante et peu coûteuse. Nous allons aussi proposer des fonctionnalités de paiement de pair-à-pair comme le fait CashApp. Cela pourra être très utile pour les commerçants qui souhaitent accepter les paiements cryptos.

Pour ce service, on devrait mettre en avant un stablecoin (USDC a priori) sur Polygon (a priori aussi) et des fonctionnalités de type carnet d'adresses. Spot proposera aussi très bientôt un protocole de chat pour communiquer avec d'autres wallets et services.

Vous avez été l’un des premiers partenaires crypto du géant du paiement en ligne Stripe. Que pensez-vous de leur stratégie ?

Ils ont mis du temps à se lancer, comme beaucoup de gros acteurs traditionnels, mais ils sont actuellement l’un de nos partenaires les plus actifs. Ce qui est intéressant, c’est qu’ils regardent déjà des applications DeFi…

Comment expliquer que Spot ne soit pas compatible avec les produits Ledger, alors que son cofondateur Éric Larchevêque est l’un de vos actionnaires  ?

Nous voulions le faire au moment de la sortie du Ledger Nano X qui dispose d’une connexion bluetooth et permet de communiquer avec un smartphone. Mais, à ce moment-là (2019, ndlr), Ledger vendait encore beaucoup de Nano S qui, eux, n’ont pas de bluetooth. Maintenant que le Nano X est plus répandu, nous pourrions l’envisager 👀

Que pensez-vous de leur nouveau produit, le Ledger Stax ?

Honnêtement, c’est un beau produit et le fait que ce soit le designer de l’iPod qui ait travaillé dessus est un vrai plus.

Nous allons probablement faire en sorte de l’intégrer dans Spot. Le seul problème, c’est que Ledger n’a toujours pas trouvé la solution pour conserver la clé privée en dehors d’un bout de papier. Ce sera une révolution lorsqu'ils auront trouvé une solution.

Comment voyez-vous l’avenir du secteur des wallets ?

L’affaire FTX a clairement mis en lumière la nécessité de conserver soi-même ses cryptos. Pour vous donner une idée, le solde moyen des wallets Spot a doublé ces dernières semaines.

Après il faut être lucide, il y aura d’autres FTX parce que les gens veulent toujours plus de simplicité et les plateformes d'échange leur offrent cette simplicité. L’éducation prend du temps, mais on voit que les mentalités changent. Même Apple chiffre désormais de bout en bout iCloud, ce qui est une super nouvelle pour les wallets en cas de piratage !

Les NFTs ont été un accélérateur dans l’adoption des wallets. D’où viendra la prochaine vague selon vous ?

Je pense que le gaming Web3 sera un gros vecteur d’adoption et qu’il pourra attirer des centaines de millions d’utilisateurs.

Comment analysez-vous la polémique concernant Metamask qui collecte certaines données de leurs utilisateurs ?

Beaucoup se sont offusqués pour pas grand chose. Sauf à avoir trois ordinateurs, être en permanence sur le navigateur Tor (qui permet de surfer en toute discrétion sur le darkweb, ndlr) et n’avoir jamais révélé votre identité, vous êtes déjà connu et suivi par de nombreux services. Ceux qui font des reproches à Metamask sont probablement des personnes qui souhaitent échapper au fisc…

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