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Euro numérique : la BCE lance la phase de test

Euro numérique : la BCE lance la phase de test

Euro numérique : la BCE lance la phase de testEuro numérique : la BCE lance la phase de test

Christine Lagarde a confirmé mercredi que la BCE allait entamer les premiers tests de ce qui pourrait devenir l'euro numérique pour les particuliers. L'institution basée à Francfort va travailler avec plusieurs entreprises privées et des banques commerciales. Cette phase de test va durer deux ans, avant un éventuel lancement officiel.

C'est une nouvelle étape franchie. Après deux ans d'étude et de réflexion, la patronne de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a annoncé mercredi le passage à l'étape "de préparation et d'expérimentation" de l'euro numérique. "Nous devons préparer notre monnaie pour le futur", a déclaré la dirigeante française dans un communiqué de presse.

Cette phase préparatoire, qui débutera le 1er novembre, durera deux ans 👀. L'objectif est de savoir si ce projet de monnaie numérique pour les particuliers est viable - surtout techniquement.

Si les tests s'avèrent concluants, à la fois sur la monnaie et le wallet, le Conseil et le Parlement européen devront ensuite adopter définitivement le cadre législatif adéquat.

Le 28 juin dernier, la Commission a présenté dans ce sens des propositions législatives qui serviront de base aux discussions.

Renforcer la souveraineté européenne

Pour éviter toute confusion, il est nécessaire de préciser d'emblée qu'il y a actuellement deux projets d'euro numérique au niveau européen.

👉 D'un côté, celui destiné aux institutionnels dont l'utilité est clairement identifiée dans l'optique du futur essor de la tokenisation d'actifs numériques. Ce futur euro numérique (tout est expliqué ici), dit de "gros", est pour les institutionnels et pourrait circuler via une blockchain.

👉 De l'autre côté, il y a l'euro numérique "retail", c'est-à-dire pour les particuliers (vous et moi). Le principe est que cet euro numérique soit "accessible à tous, partout et gratuitement".

Les premières pistes de réflexion concernant la nécessité de lancer un tel projet ont débuté au moment de l'annonce du projet "Libra" de Facebook, en 2019. Le projet de Facebook, devenu entre-temps Meta, a été depuis abandonné, notamment à cause de la levée de boucliers des Etats et des gouvernements, qui ont eux-mêmes avancer sur leurs propres projets.

De son côté, l'Europe (l'UE plus précisément) a justement avancé, même si le projet suscite quelques réserves, à la fois du côté des utilisateurs et des banques commerciales, qui seront chargées de le distribuer.

Un projet contesté par les banques

Les banques commerciales se posent en effet des questions sur le projet parce qu'il pourrait remettre en cause leur modèle économique. Pourquoi ? Parce que les banques commerciales vivent en partie grâce aux dépôts de leurs clients, alors que l'euro numérique serait contrôlé par la… BCE. Autrement dit, les dépôts risqueraient de leur échapper 😅.

Pour rassurer les banques, la BCE a déjà fait savoir que les dépôts seraient plafonnés dans un premier temps à quelques milliers d'euros sur une base annuelle.

👉 Au printemps, Fabio Panetta, qui va redevenir gouverneur de la Banque d'Italie, avait évoqué la limite de 3.000 euros.

Ce déséquilibre monétaire entre les banques commerciales et la BCE "ne poserait pas forcément de problème pour la conception de l'euro numérique, mais plus au moment de son implémentation", explique Xavier Lavayssière, expert indépendant en finance numérique.

"La collaboration au Brésil et en Inde entre les autorités monétaires et le secteur privé pour lancer leurs réseaux de paiement instantané qui fonctionnent très bien sont apparus dès le départ plus évidentes qu'en Europe", précise-t-il.

"L'euro numérique n'est pas là pour être disruptif mais complémentaire. Il n'a pas vocation à concurrencer les banques commerciales mais doit constituer un moyen de paiement universel à l'échelle européenne", explique Alexandre Stervinou, directeur des études et de la surveillance des paiements à la Banque de France. En ce sens notamment, les comptes bancaires de l'euro numérique évolueraient dans l'écosystème des banques commerciales.

Un complément au cash

Du côté de l'utilisateur, l'un des principaux points d'inquiétude concerne une éventuelle suppression du cash (pièces et billets) à long terme, aujourd'hui le moyen le plus sûr pour assurer la confidentialité des transactions.

La présidente de la BCE, Christine Lagarde, est régulièrement interrogée sur ce point et assure en retour que l'euro numérique est destiné à être un moyen de paiement "supplémentaire", autrement dit qui n'a pas vocation à remplacer le cash. D'ailleurs, il ne sera pas possible pour les distributeurs de proposer une quelconque rémunération liée à l'euro numérique.

Le 26 septembre dernier, elle avait créé la polémique en déclarant que l'euro numérique "ne serait pas entièrement anonyme" puisque l'argent numérique "laisse une trace sur la blockchain". Pourtant, à ce stade, l'euro numérique pour les particuliers a peu de chances d'être distribué via la blockchain, les autorités européennes penchant davantage pour un système de paiement instantané.

Dans une consultation publique sur l'euro numérique, produite par la Banque centrale européenne, les répondants avaient placé la vie privée en point le plus important, loin devant la sécurité.

L'un des objectifs des autorités européennes est d'obliger les États membres à garantir un meilleur accès au cash alors que le nombre de points d'accès ne cesse de diminuer depuis 2016. En 7 ans, ils sont passés d'à peu près 420.000 à un peu moins de 358.000 en Europe.

La menace des acteurs privés

"Si nous n'innovons pas, les utilisateurs se tourneront forcément vers d'autres moyens de paiement plus pratiques, ce qui pourrait nuire à terme à l'attractivité de l'euro," confie un responsable européen sans explicitement nommer les cryptoactifs. Dernièrement, de nombreux acteurs crypto comme Circle se sont positionnés pour pouvoir proposer un système de paiement à grande échelle en Europe.

Les autorités européennes craignent une "fragmentation des solutions de paiement privées". En conséquence, elles veulent offrir aux citoyens européens un moyen de paiement public "rassurant puisqu'ils auraient accès directement à la monnaie de la banque centrale sous forme numérique", précise Erick Lacourrège, directeur général des moyens de paiement à la Banque de France.

Dans cette logique, la BCE souhaite que l'euro numérique puisse être échangeable même sans connexion internet et sans implication de carte bancaire, dans un premier temps. Les utilisateurs devront également pouvoir payer directement en peer to peer sans frais.

"L'idée du lancement de cet euro numérique pour les particuliers est évidemment de fournir un moyen de se passer d'acteurs du paiement comme MasterCard ou Visa", explique un proche du dossier.

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